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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

Texte Libre

Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

16 février 2008 6 16 /02 /février /2008 12:29

                                Vie de famille
A Rimbeundefined

Vendredi, 8 juillet 2005

 

“ Heureux Oh ! bienheureux ceux qui n’ont point d’enfants ”

Ecrivait la Mother à Arthur le plus fou

Des jeunes poètes dont les ailes voyelles

Détalaient dans la tête au loin fichaient le camp

Lui qui des secrets de Ménélik connaît tout

Des pantins portant fusils tire les ficelles

Fusils de mots frappant au cœur fidèlement

Jeunes filles jeunes garçons que la rue tient

Dont père ni mère ne prennent des nouvelles

Saltimbanques enfants incendiés de bitume

Comme Arthur se sauvant d’un destin sans histoire

 

Heureux Oh ! bienheureux sans familles querelles

Les enfants voyageant au gré des équipages

Corsaires épinglant les albatros en vol

A leurs pieds des sébiles des sous et des chiens

Qui gardent leurs talons où sont planquées des ailes

Des ailes qui voyelles sur de frais chemins

Plus rien ne les retient libellules au sol

Cueillant le sel en bouquets d’argent et de brume

Qu’ils raclent d’un coup d’ongle et qu’ils jettent sans gloire

Aux usuriers guettant Arthur adolescent

Déjà vendant la peau de ses souliers aux fols

Prêts à tout comme lui qui n’ont pas de parents

De lits où on crève des édredons de plumes

Qu’on envoie sur la ville audacieuse auréole

 

Heureux Oh ! bienheureux les enfants solitaires

Qui n’ont de Charleville pas de terre aux pieds

Au pied des escaliers sous le manteau de chiens

Ils dorment rassemblés Ce sont des fils d’Indiens

Morts Que ne renieront plus ni pères ni mères

Ils ont vécu comme eux fiers de leur liberté

Ce sont tribus veillant sur leurs ailes voyelles

Et leurs rêves voyous corsaires qui jamais

A Ménélik n’iront joyeux vendre des armes

Ils ont vécu des germinations insensées

De mots d’amour bravant tous les signaux d’alarme

Où ils iront jeunes garçons nul ne le sait

Et jeunes filles les pantins sont enchantés

De voir leurs ficelles coupées et les fusils

Par le bitume mangé épinglant les pères

Et les mères pendant que voyelles les ailes

Des mots s’appellent heureux oiseaux de nuit.
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15 février 2008 5 15 /02 /février /2008 13:03

                                Salon du Magreb des Livres 2008

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Salon du Maghreb des Livres les 23 et 24 février 2008
Mairie du 13ème Place d'Italie
Ouverture des portes à 9H30 samedi matin
qu'on se le dise !

On y sera avec nos Cahiers des Diables bleus, format papier si vous avez envie de les découvrir depuis leur premier numéro Les sans-papiers paru en février 2006, et tous les autres, ça commence à faire une jolie collection pour ceux qui aiment les textes en images ! 
Y a aussi nos deux contes modernes illustrés Sinbad le taggeur d'oiseaux paru en juin 2006 et cet hiver notre dernier Cahier Neige sur le printemps des orangers de Biskra qui vous attend au Salon.

On y sera également avec notre amie Marie Virolle et son édition Marsa des deux rives de la Méditerranée qui a plusieurs nouveaux bouquins à vous proposer en plus de sa revue Algérie Littérature/Action qui fête sa dixième année d'existence.
Un livre qui vient de paraître que vous aurez grand plaisir à découvrir : 
Antigone à Alger de Sophie Amrouche qui est la nièce de Taos Amrouche pour celles et ceux qui connaissent la littérature et création algérienne. 


Et un autre où j'ai eu le bonheur de travailler sur les archives que m'a laissées mon ami l'écrivain algérien Jean Pélégri que vous connaissez déjà si vous fréquentez notre blog.
J'ai réuni des textes, poèmes, correspondances et images inédites échangés par Jean Pélégri l'homme de la Mitidja et du coeur de la terre d'Algérie "sa mère", et le peintre de la Kasbah d'Alger Louis Bénisti dans un petit livre de 88 pages dont voici la couverture pour vous donner envie.
undefinedCe livre est ponctué de photos d'enfance qu'a eu la gentillesse de me confier Juliette Pélégri la femme de Jean et de fac similés des lettres de Louis Bénisti copiées par son fils Jean-Pierre Bénisti.
Pour celles et ceux qui passent voir notre blog et qui aiment les livres, sûr qu'ils sont nombreux, c'est important de rappeler l'existence de ce Salon consacré aux créateurs du Maghreb dans notre pays joyeux voué à l'exclusion ces temps-ci, c'est précieux la fraternité et la curiosité de ce que font les autres !
Nous on y sera bien entendu comme chaque année depuis dix ans de déambulations au coeur de la ville... Petit historique pour ceux qui nous suivent depuis ces années d'une mairie à l'autre ! 
Y'a dix ans on se trouvait dans la Mairie du 20ème Place Gambetta, notre arrondissement à nous autres les enfants métisses, puis quatre ans après nous avons eu l'honneur des salons féeriques et grandioses de l'Hôtel de Ville de Paris comme vous avez pu le voir sur les reportages que nous avons réalisé à chaque salon. 
Puis nous voici dans la Mairie du 13ème pour quelques temps depuis l'année dernière et grâce à Marie qui a bien lutté car il n'existe pas dans ces locaux trop exigus de Salon des Revues comme il y en a toujours eu un à cette occasion, nous avons une place dans notre petit couloir entre la librairie et la salle de conférence, alors cherchez nous ! On vous attend !
Vous y retrouverez sur notre stand durant ces deux journées une autre amie écrivaine d'Algérie et des deux rives qui vit à Marseille Rania Aouadène qui a emporté avec elle pour ce Salon son CD de poèmes mis en musique par Denis Chauvet Allgérie Andalousie Marseille.

Alors rejoignez-nous et vous découvrirez un monde tendre fou passionné et passionnant, celui de notre âme du Sud qui a toujours fait partie de notre histoire !

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( de Gauche à droite ) Nacéra Tolba Rania Aouadène Denis Chauvet 
Marie Virolle et moi
au Salon de la Création méditerranéenne de Vallauris en 2007
Photo de Jacques Du Mont

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14 février 2008 4 14 /02 /février /2008 15:42
                          De la part du chien indigène suite...

undefinedAssise au pied du Block trois l’Afrique Morgane entend les pattes de la nuit courir sur elle comme une bête qui cherche inquiète son terrier. Des lueurs fauves bondissent un peu partout sans que rien ne les arrête. Jungle… chantonne Morgane tout bas… jungle où des pieds dessinent des sentiers d’inconnu… Jungle où des corps de femmes et d’hommes esclaves indifférents frôlent le sien. Alors déjà la grand-mère Morgane avait un corps esclave… Un corps que le père n’approchait pas tout en le gardant captif vu qu’il lui était étrangement étranger. Un corps au sexe de terre rouge… Un corps ouvert qui se faufile lentement entre les reins des dunes… En quête de son soleil… Poisson pourri…

 

Ecoute… écoute…

- Eh Lakhdar !… je veux que mes chaises soient plus brillantes que le soleil… il a dit mon père. Plus que le soleil !… Je… vous montrerai comment on construit un pays.

Je ? Qu’est-ce qu’il a dit ? Il n’y a jamais eu d’homme à l’Hôtel-de-l’Europe qui puisse dire Je…

Face à moi il s’adresse à Lakhdar l’Arabe en riant avec le ton protecteur qui veut ton bien. A travers lui je sais que c'est de moi qu'il se moque. Moi Morgane… la djinia des Nuits qui s’en va chercher l’eau transparente des histoires parmi les formes des burnous couchés dans le ventre du sable de l’oasis. Un frisson d’air violet baigne leurs pieds de sang séché en dessous comme un baiser de marguerites. Des marguerites folles s’élancent parmi les troncs des palmiers semblables à un cheich blanc. Parmi les formes des burnous couchés les personnages des Nuits s’avancent un à un vers la scène du théâtre colonial de l’Hôtel-de-l’Europe-de-l’oasis-de-Biskra…

- Eh Lakhdar !… il a dit mon père… toi aussi tu vas faire le peintre maintenant. Tu vois c’est facile… Des chaises comme ça y’en a nulle part ailleurs dans ce foutu pays. Et c’est pas fini… Eh Lakhdar !… tu vas voir ça va être un joli pays à force…

Goutte à goutte la sueur marquait la place où il s’était arrêté.

 

Esclave noire fille de ma tribu. Je ne comprends pas pourquoi tu danses devant eux au milieu des sauterelles. Seule Djeda Fatima les écarte de moi de ses petits doigts courts. Elle tient la lampe qu’elle élève dans le crissement des ombres.

Vieilles accroupies sur leur nombril cicatrisé. Béante leur bouche en dessous. Au milieu d’elles je serai esclave à mon tour si je me laisse prendre au piège de la tribu… Djeda Fatima… ma vieille… Je suis Morgane la djinia… une fille de la terre. Simplement. De la terre et des eaux. Esclave noire tes mains m’ouvriront le chemin. Le chien indigène lèche doucement mes pieds de sang. Mes pieds qui ont marché sur cette terre-là comme sur tout autre…

 

Goutte à goutte la sueur tombait dans l’assiette de spaghettis rouges de mon père. Il mangeait lentement et on aurait dit qu'il mâchait le sable. Goutte à goutte le chien indigène couché à quelques pas de lui le regardait grave en baillant entre ses paupières. 

Lakhdar le serviteur il a peint jaunes les chaises pendant que les Arabes ils gardaient le silence. Il ne fallait surtout pas qu’il se taille lui aussi comme la lumière de la lampe. Y avait que lui dans les jarres de la planque au trésor. Sous les bijoux des femmes qu’on vend il y avait le silence des Arabes. Compatissant le chien indigène tirait la langue au soleil.

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Ecoute… écoute…

Quand on est arrivés j'ai été chercher les pinceaux à l’intérieur du coffre de tôle boulonné à l'arrière de la camionnette à plateau. Chauffée à blanc. Appuyé mon père buvait à même le jerricane. Il lapait. Grave le chien indigène le regardait. Moi j’avais honte pour lui. Achouma… Honte parce qu’il n’était pas un homme juste. Honte parce qu’il n’était pas un homme.

Un à un j'ai brisé les pinceaux et ils se sont répandus sur le sable. Comme les gouttes de sueur de mon père. Lakhdar a eu un geste qui venait de ses reins. Une danse rompue. Un craquement de branche. Ses yeux étaient tristes pareils à ceux du chien indigène lorsqu’il a su que les chaises jaunes resteraient vides. Tristes et aussi résignés.

Alors il a dit :

- Ma fille... les murs à nouveaux ils sont blancs comme avant… Avec toi Sinbad tu l’emportes et tous les autres… Ma fille tu nous habites…

On savait très bien Lakhdar l’Arabe et moi que juste après mon départ il le forcerait à repeindre les murs de la maison de Touggourt… Il le forcerait parce qu’il était le malem…

- C’est pas vrai… quel foutu… Fatima viens voir un peu…

 C’est la melma ma grand-mère qui palpe millimètre par millimètre les couches superposées de tissus comme les ailes du papillon qui arrondissent encore le ventre de la vieille femme. Fatima la servante se tape en chantonnant et mâchouillant je ne sais quoi - tout le temps elle mâchouille encore de la nourriture qui disparaît - le travail des épluchures. Elle supporte aussi l’odeur de la sueur insecticide de la melma qui la palpe chaque jour avant qu'elle quitte l'Hôtel-de-l'Europe pour retourner chez elle à Touggourt.

- Même les mouches il faut qu’elles nous volent quelque chose ici alors… Mais Fatima rigole en soulevant ses bras qui tintinnabulent. Poignets qui rient.

- Y’a rien melma… tu vois bien…

Tatouages demain. Mise à feu de la mèche planquée sous le frigidaire. Tatouage signe des tribus tu crois ? Mais demain Fatima djeda… ma vieille… femme de ma tribu à qui je peignais l’histoire d’un palais de poudre. Ton histoire. Ton palais. Fatima ma vieille… tu posais un doigt sur tes lèvres. Tu me regardais. Demain l'esclave noire te prendra la main pour que tu la conduises vers la terrasse en haut de ta maison. C'est toi qui lui ôteras ses chaînes.

- Ma fille tu es la djinia de l’oasis…

Fatima djeda… ma vieille… Tu m’attrapais au bout de tes petits doigts rouges de henné et nous dansions la ronde des femmes tatouées. Sur la peau du cœur.

- Qu’est-ce que tu as encore volé vieille folle… qu’elle crie la melma. Tu crois que je ne vois pas comment ton ventre a doublé de volume quand tu repars d’ici… Y a de quoi nourrir toute ta tribu…  ta famille de… Qu’est-ce qu’elle a dit ?

- La melma elle crie tout le temps… y’a rien melma… y’a rien… tu vois bien…

Le chien indigène regarde les deux femmes comme les toupies rouges qui tournent l’une autour de l’autre. Djeda Fatima devient lentement le papillon géant qui se superpose au voile du soleil. Rouge son voile qui se couche sur les formes blanches allongées dans le sable de l’oasis. Il disparaît sous le souffle du sable. Ouvert son voile. Qu’est-ce que tu as volé ?

Et nous… Nous on a volé le silence des Arabes. Les jarres de silence et d’huile répandues sur la couche de poussière et de sel. Sésame… ouvre-toi… Fille de ma tribu. Aucun mot de passe n’ouvrira ce chemin vers mon centre. Mon sexe de terre rouge. Je resterai fermée au chant des consonnes qui scandent leurs marches militaires. Ils n’apprendront rien de moi et de mes Nuits interminables à l’intérieur des palais de nacre. Rien… Je ne parlerai que par conteries et brûlures qu’ils ne pourront retenir sur leur langue. Mes mots se coucheront sous la peau de l’huile et du silence. undefined
A suivre...

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12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 23:13

 

Camille “ l’entoilée ”

21 avril-24 décembre 1999
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Une fem
me

Anne Delbée, Presses de la Renaissance, 1982

Extrait “ La chair et l’esprit ”

“ Ce livre est un pas de plus vers elle, là-bas enfermée qui appelle, une autre serrure que l’on ouvre. La voilà qui fait signe, qui sourit de ses deux belles mains terreuses,

la voici, celle qui enfantait des formes uniques, le sculpteur Femmelle,

le labyrinthe qui mène à elle, je le prends, quitte à me tromper de temps en temps.

Elle est là-bas, elle attend, il n’y a plus un instant à perdre, ce visage là-bas qui crie dans la nuit, à moitié scellé,

Une Femme ”

  

Voici des bribes de ce que je voudrais leur dire…

J’ai été peintre. Je suis écrivaine.

Comment exprimer d’une manière claire ce qui domine et enveloppe toute ma vie qui est l’acte de créer ?

Camille… Cam… comment leur dire… toi qui a payé de 40 années d’asile pour savoir… “ … Je les ai reçus clopin-clopant, avec un vieux manteau râpé, un vieux chapeau de la Samaritaine qui me descendait jusqu’au nez. Enfin c’était moi. Ils se souviendront de leur vieille tante aliénée. Voilà comment j’apparaîtrai dans leurs souvenirs – dans le siècle à venir…”

Créer quand on est une femme. Rien absolument rien à voir avec ce que ça peut signifier pour un homme… Camille… “ … la Pierre dressée, comme le vieux mâle qui sent la mort s’avançant, ne la quitte pas des yeux. Elle est contre lui, son nez contre les naseaux de la Bête, elle s’appuie contre lui et le caresse lentement, patiemment, longuement… ”

La vie. Présente en nous à chaque jour de ce cycle… Dont ils ignorent tout. Biologiquement… vaginalement présente… On en sait quelque chose. Comment on pourrait l’oublier ? Camille… Cam… l’envie de crier moi aussi que parce que nous sommes autres nous créons avec ça !… la pensée du corps ça existe sacrément !… “ Elle se met à crier, l’envie de crier sans fin, d’expulser un désir incommensurable, l’envie d’être sans retenue, indécente… ”

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 “ A A côté d’elle, Camille regarde : les sculptures recouvertes

de linge mouillé… Elle revoit les cocons, le magnifique livre

que son oncle lui avait offert pour ses dix ans. Papillons multicolores

qui dissimulaient jusqu’à la naissance leurs rêves coloriés.

Ces grosses masses blanches, tourneboulées, toutes semblables…

Camille compare les sculptures à des poupées emmaillotées.

Elle rêve un instant aux destins multiples des hommes… ”

Anne Delbée, Une Femme 
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La joueuse de flûte 1904 Bronze Coll part. 

La vie c’est de l’ordre du féminin pour sûr… Créer à partir du corps ça nous appartient à nous seules… C’est un pouvoir fabuleux ça il semble au départ… Celui des grandes déesses archaïques de la terre nos mères cosmiques… Le pouvoir d’offrir la vie ou de la refuser gicle en nous comme une lumière qui fait signe. Qui fait sens. Incarner… Nourrir de chair… Pétrir à l’intérieur de mon ventre avec des doigts de sculptrice une boule de lune… Un être nuage… Un crissement vif de soie…

Boule de chair que je modèle en me pliant et en me déployant. C’est tout mon corps femme qui sculpte une petite forme dansante… Du bout de mes doigts de pied à l’extrémité de mes mains ouvertes j’imagine l’enfant-renard et pluie… L’enfant-poussière d’ambre qui me nage dedans et dont les nageoires écartent doucement les parois de mon ventre… Qui s’écoule de couleurs. Qui s’écoule de mots.

La motte de terre est devant moi. Mouillée… fendue comme la grenade qui me regarde quand j’entre un doigt timide dans sa plaie tout au fond pour connaître… Connaître la rondeur des grains qui crépitent. Le rouge printemps de sa chair. Grenade-moi… Je tête mon sexe dans sa gorge… Enfant pétri dans le mystère des chevelures et des algues… Pas un remous au cœur du jardin… Une déferlante de mousses… Je touche sa profondeur. Grenade libère-moi de moi qui n’ai d’image de moi que passante… Volage… Ouvre-moi à ma moiteur crépitante. Les pépins de grenade glissent entre mes ongles comme des grains de temps enfilés. Chacun de ses petits grains rouges est un nombril…

J’enfonce mon doigt dans la motte de terre en ayant juste écarté le linge pour tracer la fente. Aujourd’hui je sais que je n’irai pas plus loin. Il m’a fallu deux mille ans ( ou bien plus qu’importe… ) pour inventer ce geste. Grenade… ma mère juteuse… tu sors soleil de mes ténèbres de soie. Petite… ronde et juste à la taille de ma main refermée sur tes écailles… Petite sœur grenade… tu m’armes de la volupté d’exploser mes silences en cristaux de cris. Je te dégoupille juste pour rire… Afin de ne pas oublier. Tout ça c’est tellement nouveau pour moi… Quel monde nous allons imaginer… nous femmes à partir de notre corps ? Ses courbes… ses creux… ses silences… ses ouragans… Comme c’est compliqué de tout reprendre avant… Avant le temps de la culpabilité retrouver l’herbe où les petits dieux païens dansaient et les déesses cosmiques s’asseyaient sur les pierres dressées pour nous enfanter…

              “ Ce soir aussi la maison est loin mais elle est soulagée.

Par moments, elle voudrait les fuir définitivement.

De là-haut, elle les verra petits, petits, plus petits encore :

petite place à côté de la petite maison collée à la petite église

qui domine petitement le carré du cimetière…

Petites tombes. La mort. ”

Anne Delbée, Une Femme
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La Valse 1895 Deuxième version Bronze Musée Rodin

Camille… Cam… Avec ton corps d’enfant tu es comme la grande déesse de pierre… tu es immense et tu vas donner naissance à un peuple de petites femmes d’onyx et de marbre qui nous entraînent dans leur ronde… Demain. Une fois que j’aurai mis un peu de distance avec la fente qui me fixe… j’éloignerai le paquet de chiffons qui tient la glaise captive… Demain… et je dessinerai le cercle du ventre et je planterai une graine de grenade dans son nombril. Camille…

Alors… je lui donnerai son nom. FEMME…

FEMME… à partir de là il faudra commencer… Sans point de repère sinon ce signe inscrit sur le ventre d’un fruit… Sur le ventre de la terre… Ce signe que j’ai voulu reconnaître comme mien. Comme nôtre. Signe-tatouage de notre ressemblance. De notre gémellité. De notre nouvelle outrecuidance.

“ Le Géyin de pierre se réveille monstrueusement. A ses pieds,

un avorton de petite fille le surveille. Ses deux yeux bien ouverts.

Elle a attendu patiemment. Le temps qu’il termine son lourd sommeil.

Maintenant elle peut l’attaquer.

Elle a les mains nues.

Seule. ”

Anne Delbée, Une Femme

 

Notre naissance femme a déjà été esquissée… acharnement bourré de passion… de beauté… de générosité et de lucidité par une femme qui y a entre autre laissé sa peau. Tout senti… tout dénudé… tout pensé et tout mis en actes et en formes… de notre rêve de miroir. Elle a conçu sa vie là-dedans comme un soleil-opale. Alors… nous n’avons pas d’excuses… Camille Claudel… Cam… “ …De rage, elle donne un grand coup dans la terre détrempée qui éclate en mille gouttelettes noires. Elle reprend sa marche, violente… ” Camille Claudel femme sculpteur à laquelle une société archaïque a fait payer le prix de son désir…

Camille… Cam… “ Les galoches s’enfoncent, lourdes dans la terre collante, humide… Un désir soudain de saisir à pleins doigts la boue… ” Ne pas céder… Ne pas rentrer dans le rang… C’est une question de dignité ! Après ce qu’ “ ils ” bourgeois… bourgeoises… bigotes… vieux schnocks au narcissisme bandé et défenseurs du “ bon ordre des choses ”… après ce qu’ils lui ont fait… comment ne pas comprendre que c’est à nous les rebelles… les contrebandières du sens unique… les filles clowns du grand cirque où les mâles attendus ont toujours le premier rôle… à nous toutes qu’ils l’ont fait.

J’ai grand besoin d’argent pour payer mon loyer d’octobre,

sans cela je vais encore être réveillée un de ces matins

par l’aimable Adonis Pruneaux, mon huissier ordinaire,

qui viendra me saisir avec sa délicatesse ordinaire.

Anne Delbée, Une femmeundefined
Sakountala 1888 Bronze, fonte posthume Coll part.

A suivre...

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11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 17:28

                                          Mai 68 suite...
                       de l'entretien avec Marie Virolle 
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Marie lisant Neige sur le printems des orangers de Biskra
publié par Les Cahiers des Diables bleus
en Nov. 2007
à la Librairie Résistances
. Photo de Jacques Du Mont
 
J'ai oublié de préciser que Marie avant ou en même temps que d'être la responsable de la revue Algérie Littérature Action et des Ed. Marsa qui publient de nombreux créateurs d'Algérie depuis dix ans est chercheuse au CNRS et anthropologue

Des châteaux de pavés en Espagne…

 

Donc Mai 68 c’est aussi des courses dans les rues avec des CRS armés de matraques  qui te faisaient peur et qui t’épargnaient pas parce qu’ils te coursaient même si tu étais tout seul jusqu’à ce que leur matraque te touche de toute façon… Une fois j’ai été poursuivie depuis la rue Mouffetard jusqu’au Châtelet… Je courais comme une dératée à l’époque… j’avais du souffle et des jambes… Et la seule solution qui m’est apparue parce que la matraque du flic m’avait déjà bien frôlé les fesses à plusieurs reprises c’était de m’engouffrer dans la bouche de métro et manque de pot je crois que c’est ce qu’il voulait… c’était une vraie souricière la bouche de métro elle était pleine de lacrymos… elle était pleine de flics d’ailleurs aussi et là j’étais entre le marteau et l’enclume…

Et ça c’est soldé par une espèce de… voilà… j’y voyais plus rien… je savais plus où j’étais parce que les lacrymos c’est terrible… à forte dose c’est vraiment terrible !… et on s’est retrouvé poussés vers l’extérieur par une bande de CRS et là à nouveau je me souviens qu’on a couru comme des fous mais on y voyait plus rien… on avait des larmes qui nous coulaient jusqu’aux pieds… c’était des petites choses comme ça Mai 68 aussi…

Et puis quand on était dans une manif avec les slogans : “ CRS SS ! ” et “ Ce n’est qu’un début… continuons le combat ! ” ou bien “ Libérez nos camarades ! ” tout ça se terminait souvent en barricades… J’étais aux barricades de la rue Soufflot… c’était super beau parce que ça embrasait jusqu’au deuxième étage des immeubles… c’était des barricades faites de bric et de broc… avec si ma mémoire est bonne beaucoup de pavés… C’est pour ça qu’ils les ont enlevés depuis parce que les pavés ça va avec le peuple et le peuple en colère ça peut faire des constructions comme ça… Ça bâtit des châteaux de pavés en Espagne… Donc ils les ont supprimés et je pense qu’ils ont supprimé comme ça en effet une des façons de pouvoir faire des actions de rue…

Donc Mai 68 c’était aussi ça des actions violentes parce que je crois qu’on était arrivé à un point ultime d’un état de société et que la jeunesse, parce que c’était principalement la jeunesse il faut bien le dire, était portée vers d’autres horizons à tout prix, voulait faire exploser des carcans… Alors c’est parti de choses comme la contestation de l’autorité c’est vrai, mais après quand jonction se faisait avec la classe ouvrière ça devenait du plus sérieux et je pense que c’est là que les tenants du pouvoir De Gaulle ses ministres et les militaires dont il était bien proche ont pris peur… Quand De Gaulle est parti en Allemagne on s’est tous demandé ce qu’il nous préparait, on a pensé à quelque chose comme l’état d’urgence ou le couvre-feu… On était très inquiets et sans doute qu’on en rajoutait pour que le scénario catastrophe donne raison à notre exaltation.

Tout ça montait crescendo dans nos esprits, dans nos paroles et dans la projection qu’on faisait sur le futur… Je crois qu’on était vraiment dans la vérité de la grande tradition révolutionnaire française. On avait d’ailleurs cette culture en nous. On la mobilisait pour l’occasion. Bien sûr il y avait des slogans nouveaux : “ Sous les pavés la plage. ” est un des plus beaux sans doute. Il y avait cette dimensions revendication d’une liberté totale : “ Il est interdit d’interdire. ” Le CRS étant le parangon de ce qu’était l’interdiction absolue justement et la répression… On était en lutte avec les CRS qui représentaient tout ça et c’était des combats presque au corps à corps dans les rues du Quartier Latin.
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Je pense que Mai 68 a été une belle fête un peu tragique pour certains, à Flain je me souviens… aussi des blessés et des gens qui en ont vraiment pâti… Moi je n’en ai pas pâti j’en ai bénéficié complètement. C’est la porte qui s’est ouverte vers la décennie qui a suivi, cette décennie des années 70 qui a été la remise en question de toutes les normes, de toutes les formes de hiérarchies, de toutes les contraintes de famille, les relations d’autorité, de l’éducation des enfants, de la relation homme-femme… de tout ça !

Y avait des mouvements de libération qui prenaient la suite de celui pour le VietNam car moi je m’étais politisée par la lutte contre la guerre du VietNam et c’est pour ça que j’étais proche des communistes parce que j’avais participé à l’opération “ Un bateau pour le VietNam ”, et là on faisait des guerres de libération anti-sociale quelque part… Mouvement de libération de la femme, de l’école, de la sexualité etc… C’est le mouvement de Mai 68 qui a remis en question tout ce qui était une partie des valeurs fondatrices de la société d’avant et ça a fait très peur à nos parents !

Mes parents sont montés me chercher à Paris en voiture et ils ne m’ont pas trouvée là où j’habitais… Ils pensaient que j’étais morte ou en prison ou je ne sais quoi et quand ils m’ont vue arriver le soir ils m’ont engueulée ! Ils m’ont dit : “ On te ramène tout de suite ! ” j’ai dit : “ Pas question ! ” Et ils ne m’ont pas ramenée parce que le désir de participer à ce grand mouvement était plus fort que tout… Ils n’auraient jamais pu me faire rentrer chez moi à la maison en province…

 

Et après Mai ?

 

De Mai 68 je crois qu’il reste pas mal de choses… D’abord elle fait partie de l’histoire de la gauche… de l’extrême gauche… de l’histoire du peuple français… Elle a remis en question des absurdités autour de respecter absolument le plus fort, l’autorité, le père… Maintenant on y regarde à deux fois avant de se soumettre comme ça… Il y a encore des courants plus ou moins avoués héritiers de Mai 68 qui existent, des courants libertaires, écologistes… Je pense aussi qu’il y a des habitudes de relations humaines qui ont été prises vers plus de franchise et d’égalité, même si… même si les choses se sont pas mal refermées ces dernières années… Et je pense qu’il faut tenir bien au chaud dans son cœur et dans ses actes ce qu’on a appris en Mai 68 pour ne pas se laisser bouffer par quelque chose d’ambiant qui est très conformiste… quelque chose d’ambiant qui est très révisionniste… quelque chose d’ambiant qui est très anti-populaire… quelque chose d’ambiant qui est très pour le tout économique alors que nous en Mai 68 l’économique on s’en foutait comme de notre première chemise !…

C’était pas du tout là-dessus que portaient ni nos espoirs ni nos attentes ni nos analyses… bien sûr on était marxistes plus ou moins mais c’était global… c’était pas pour favoriser le tout économique… c’était pour faire que cette économie de marché qui à l’époque n’était pas du tout ce qu’elle est devenue soit mise à bas et que ce soit à chacun selon ses capacités… son travail… Il est resté de ça dans l’esprit des gens des jeunes… actuellement ça s’entend dans la musique, dans certaines tendances du Rock du Rapp… ce Protest Song… Mais bientôt me semble-t-il ça sera un vieux souvenir… Enfin gardons haut le flambeau de Mai 68 !

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9 février 2008 6 09 /02 /février /2008 12:41

Collage de ce qui reste de la vie de Julien foutue en l’air par des monstres humains ordinaires 
Extraits de l’article de Libération 

Retour sur la vie de Julien, qui s'est pendu en prison à Meyzieu 
9 février 2008 

 undefinedOn dirait une chambre d’enfant.

Un lit bateau en bois

un poster de Charlot au mur

un singe en peluche près de l’oreiller.

Julien avait 16 ans.

Il s’est pendu

samedi 2 février

dans sa cellule de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Meyzieu

près de Lyon

Julien 16 ans 
depuis septembre

écope de deux mois de prison ferme 
le 28 novembre.

Un aménagement de peine est envisagé

 Mais le procureur en décide autrement.

Après un incident dans le centre de placement

 il l’envoie à Meyzieu.

Julien se démet l’épaule

au bout de quelques jours.

En essayant de se pendre

expliquait lundi la direction interrégionale de l’administration pénitentiaire.

 

Le père est prévenu par les médecins.

Il obtient un premier permis de visite

«Julien ne supportait pas d’être là-bas»,

dit-il.

 

Neuf jours plus tard,

Julien est toujours à Mezieu.

 

Il met le feu à ses vêtements

et sa cellule prend feu.

 

«Le vendredi qui a suivi, une éducatrice m’a téléphoné,

raconte le père.

 

Elle m’a expliqué que Julien était privé de parloir pour une semaine.»

 

Le lendemain,

un surveillant

a découvert

l’adolescent

à midi,

un drap serré

autour du cou.

 

Le père a passé son dimanche auprès de lui.

«Il semblait dormir. Son cœur battait encore, mais son cerveau était mort.»

 

Puis lundi,

le père a demandé aux médecins

de débrancher les appareils qui maintenaient leur fils en vie. 

 

Un texte qui ne s’appellera jamais poème parce que les poèmes ça parle de la vie… Un texte que je n’aurais jamais pu écrire moi… Un récit qui a été écrit par une société qui tue ses enfants… qui tue nos enfants…

 

A toi Julien ange solaire qui n’a rien su de leur démence haineuse

Plein de larmes qui ne servent à rien

Et quelques mots d’un poète

Qui aimait la vie les enfants le soleil…

 

 Au-dessus de l’île on voit des oiseaux

Tout autour de l’île il y a de l’eau

  Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

  C’est la meute des honnêtes gens

Qui fait la chasse à l’enfant

Pour chasser l’enfant pas besoin de permis

Tous les braves gens s’y sont mis

  Au-dessus de l’île on voit des oiseaux

Tout autour de l’île il y a de l’eau

  “ Chasse à l’enfant ” Jacques Prévert Paroles

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8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 23:37

                                                  La maison des autres
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      L'autobus des brousses le 154 le nôtre... vous vous souvenez ?...
 celui qui fait le trajet zig-zag depuis notre cité jusqu'à Saint-Denis l'autre bout là-bas très loin il faudra que je vous raconte... tam tam ratatatatam !... il passe chaque fois devant un vieux bistrot tout vidé tout ridé tout paumé qui s'appelle La Kabylie... enfin me semble... 
      A cet arrêt-là y'a plein de gens qui descendent et moi je regarde en l'air... Je regarde une toute petite maison au-dessus du boui-boui avec une terrasse qui voudrait bien se tirer comme moi direction ailleurs où les ciels sont du bleu indigo qui plonge sur la peau luisante blanche du sel et du sable des déserts trop fous... 
      Mais elle ne part pas la petite terrasse avec ses fenêtres ouvertes et des tapis de couleur dehors même l'hiver même s'il fait très froid elle ne part pas... comme moi... A chaque fois que je passe là en bas dans sa rue je la regarde et elle me donne la bienvenue... ouais à chaque fois... c'est comme ça chez nous... 
 
La maison des autres

C’est une maison pas comme les autres

Une maison ouverte sur l’extérieur

Un regard de fennec vert du désert

Ses carreaux dans le soleil midi se vautrent

Des bleus à sécher sur un fil de fer

Grande lessive au-dessus de la mer

Une terrasse et des géraniums en fleurs

 

Une vigne grignote le grillage

La porte qui bat d’une petite cage

Haut dans le ciel baille c’est gentil

Turquoise au large du tapis orange

Des verres à thé posés sur les losanges

Violets Un arrosoir au mur s’appuie

 

C’est une maison pas comme les autres

Une maison ouverte sur l’extérieur

Une femme sort son foulard bleu de mer

C’est une voile c’est un champ d’épeautre

Où règne un îlot d’hirondelles rieur

Une terrasse ciel une montgolfière

 

Cent petits soleils sa couronne de reine

Au fond des verres leur œil grand ouvert

Pendant qu’une courge a grimpé aux persiennes

Emeraude se noie dans leur regard vert

Une femme à la peau sucrée pain d’épices

Tranquille elle arrose des pois de senteur

Une odeur de menthe dans la rue se glisse

 

C’est une maison pas comme les autres

Une maison ouverte sur l’extérieur

Non ça n’est pas Alger ça n’est pas Marseille

C’est une rue de banlieue comme la nôtre

Où court bitume noir lézard sans soleil

En bas la porte poussée par les oiseaux

Regarde les passants qui n’entreront pas

 

Des yeux d’enfants derrière les roseaux

Qu’ils soient d’ici ou d’Alger c’est pareil

Marseille Saint-Denis Clichy-sous-Bois

Dans leur maison toujours ouverte s’effeuillent

Sur les lèvres d’une femme douceur de soie

Les mots d’une langue que nous ne parlons pas

Et qui fait à la nôtre en plein ciel sa demeure.




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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 12:46

                                         Entretien avec Mili suite...
undefinedEt l’Egypte, quelle place occupe-t-elle dans ta vie ?

 

Mili Presman : Ça c’est une belle histoire d’amour et d’amitié. Et on a construit beaucoup de choses ensemble avec mon ami. Lui il a un bateau et moi je l’ai peint… Il est très sociable aussi, on aime bien faire des choses avec les gens tous les deux. J’ai vécu à Louxor pendant un an et à ce moment-là j’ai peint là-bas. Mais maintenant quand j’y vais je fais des photos et puis je reviens et je peins ici. On s’est séparés par amour aussi. Moi je ne pouvais pas avoir d’enfants, et pour lui les enfants c’est essentiel. Et lui il sentait que ma peinture n’allait pas évoluer si je restais là… Donc il s’est marié et il a eu des enfants. Et comme en Egypte la polygamie existe, moi je suis la première et sa femme la deuxième. Et ça se passe très bien, on est tous en famille…

 

Et lorsque tu y vas ça ne pose pas de problèmes ?

 

M P :  Au début, j’ai hésité. Je lui ai dit : « Ce n’est pas dans ma culture » et il m’a répondu quelque chose de vrai qui m’a fait beaucoup rire : « Mais tu n’as pas de culture… » Et c’est bien parce que grâce au fait que je ne peux pas dire : ça c’est mon pays, ça c’est ma religion, je m’adapte partout. Moi quand on s’est rencontrés je n’étais pas trop au courant du problème entre l’Egypte et Israël et de la guerre du Sinaï. Alors quand il m’a demandé de quelle religion j’étais, j’ai répondu juive sans hésiter. Et ça a été une catastrophe ! Il m’a regardée et il m’a dit : « Je hais les Juifs… » Et il est parti. Ensuite c’est grâce à notre relation qu’il a complètement changé d’avis. Aujourd’hui il ne peut plus dire ça. Et ça a complètement bouleversé sa vie.

 

Et comment pourrais-tu parler de ton rapport à l’exil au milieu de toutes ces relations et de toutes ces histoires qui te relient avec des gens et des paysages si différents et pourtant si proches ?

 

M P : Quand tu t’en vas de quelque part tu n’es jamais plus chez toi nulle part. Au début je vivais ça comme un fardeau mais maintenant je le sens comme une richesse. En fait tu es toujours étrangère pour quelqu’un à cause de ton physique, de ta langue, ou ce que tu veux… Moi en Argentine on me traitait de Gringa parce que j’ai les yeux bleus et la peau claire. Et je me sens presque plus chez moi ici qu’en Argentine. Tu veux appartenir à quelque chose, et puis… Au début ça a été douloureux parce que je voulais être une vraie Argentine. Et ça n’est pas par hasard que j’ai toujours été avec des hommes de tradition très forte. Mohamed est un vrai Egyptien de l’époque des Pharaons. Et je suis fière d’appartenir à sa famille parce qu’ils ont une dignité familiale. A part ça ils n’ont rien, pas d’argent, pas de possessions, mais ils ont un nom de famille. Ils ont des traditions et ils te racontent des histoires sur la vie quotidienne… comment on fait si… comment on fait ça… Moi j’ai besoin de cette base-là.

 

 

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L’exil c’est la solitude aussi non ?

 

M P : Oui… c’est la solitude mais aujourd’hui je ne me sens pas seule, j’ai mes amis. On a créé une vraie chaîne d’amitiés très fortes, une vraie famille. Leur amour est là dans les bons et les mauvais moments. Mon problème d’avoir de gens que j’aime dans des lieux lointains est que j’aimerais bien que tout le monde soit là à la fois. Et il y a toujours quelqu’un qui manque…

 

Lorsqu’on s’est rencontrées pour la première fois lors de ton expo à L’écume du jour à Beauvais, tu m’as dit que tu aimais beaucoup la poésie et que tu avais un rapport important avec l’écriture ?

 

M P : J’aime beaucoup la poésie, mais je n’en écris pas. Je crois que ma peinture raconte des histoires, et les livres m’ont apporté des idées de peintures. J’aimerais bien travailler avec un écrivain pour mettre mon travail avec un texte qui l’accompagne. J’adore Christian Bobin par exemple, je me sens bien dans cet univers un peu comme le mien. Moi ce qui me plaît ce sont les sonorités des mots, même si je ne comprends pas tout. C’est musical, et moi j’aime le Jazz, et j’aime les phrases comme j’aime le Jazz. Les titres de mes toiles c’est mon ami Santiago Funes qui les a trouvés. Et la fille qui est en rouge dans cette toile, c’est  Nathalie Ouakratis qui m’a  aussi écrit beaucoup des petits textes qui accompagnent les photos.

 

Et Pessoa ?

 

M P : Quand je reviens du travail et que je pense à mes tableaux, je regarde aussi les gens qui marchent et je les vois comme Pessoa. Il y a des phrases de lui qui pourraient être de moi. Toutes ces sensations qu’il a dans la ville, je les ressens aussi. Il avait un côté très triste et très dur, mais c’est la beauté de ses mots que j’aime. Et ça me touche les écrivains qui ont le même regard que j’aurais pour faire un tableau.

 

                                                      Vous n’êtes aujourd’hui,

vous n’êtes moi que parce que je vous vois,

et je vous aime,

voyageur penché sur le bastingage,

comme un navire en mer croise un autre navire,

laissant sur son passage des regrets inconnus

 

Fernando Pessoa

 

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A suivre...
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4 février 2008 1 04 /02 /février /2008 23:12
                                                                        Lui c'est Ratkail...

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             Lui c’est Ratkail…

Il a eu 14 piges au trou avec ses potes les chauve-souris aux ailes noires qu’il mate le soir par l’rectangle grillagé direction le ciel quand ça démarre l’gros cafard que t’exhibes surtout pas sauf avec les rats aussi là tu peux… juste avant qu’il apportent leur bouffe infâme dans les gamelles septiques comme leurs gogues et comme leurs yeux pareil… Les chauve‑souris elles l’ont pas lâché et les comètes parfois oui parfois non ça dépend d’la brume… tout c’qu’il a eu là-d’dans c’était elles… 14 piges au début de c’t’année 2008 qu’a trop mal démarré avec les trois mois fermes qu’il s’est morflés…

Il a dégringolé à donf dans la section pour mineurs d’la zonzon les paluches poisseuses de caramels et juste des p’tits deals de rouquines fumantes à l’entrée du RER… Marlborough… Marlborough…

Trois fois rien pour s’faire un peu d’blé… d’la bonne graine qui pétille au fond d’tes poches et qu’tu refiles aux magasins d’fringues avec un grand frangin pour la débrouille…

Ouais… il a fêté ses 14 piges en bas vautré sur la planche métal qui t’caille jusqu’aux bouts des arpions roulé à l’intérieur d’la couverture bleu sahara pareil qu’l’uniforme des matons…

La couverture elle a pris l’odeur de pisse d’la cellule malgré l’rectangle d’air où y’a ses frangines les chauve-souris aux ailes noires qui dansent en s’arrosant d’étoiles plein feu au creux d’leurs mirettes c’est chouette !

Ses poteaux les guerriers féroces les killers aux guns aussi sûres qu’les flingues aux flammes courtes des maîtres de l’ombre ils l’ont laissé béton pourtant dans les tribus de la tess’ on est pareils qu’les renards d’la même nichée… Les trois mois au gnouf ils ont cramé l’souvenir des jours où ils traînaient ensemble à dealer du rêve et à tagger leur animal totem sur la peinture gris pourri des halls…

Lui c’t’un rat d’Papouasie qu’il a repéré à la téloche dans l’gourbi d’ses vieux avant la tôle… un géant d’rat total black sauf la tronche tatouée de feu le poil luisant hérissé vas-y faut voir la classe qu’il a c’rat !…

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Lui c’est Ratkail…

Il a 14 piges… mais avec la zonzon il a vécu bien plus vous comprenez ?… D’abord Ratkail c’est pas son blaze… Le nom qu’son daron a raturé en tirant la langue comme il faut sur les pages du registre qu’est maquillé des empreintes des doigts d’ouvriers où y’a des tas d’blaireux à binocles qui fouinent il sonne encore pire qu’Mohammed ou qu’Ismaël…

Son nom alors le vrai celui qu’son daron lui a refilé au milieu des blazes prestiges des keumés d’la tess’ c’est Jean-Noël !… Jean-Noël !… c’est trop la honte !…

Faut dire qu’son vieux il aimerait mieux n’pas l’connaître… ouais faut l’dire… Y’a pas un daron pire que l’sien dans toute la cité alors là il peut en causer… Le sien il fait l’vigile dans un super marché où y’a des produits que pas un rat s’nourrit avec même pas ceux des gogues d’la zonzon qu’ont l’poil doux et frais comme l’eau des ruisseaux !…

Du coup dans la tôle avec les chauve-souris aux ailes noires qui sifflaient des vraies folles d’l’autre côté des barreaux pendant qu’ils lui apportaient la gamelle où il avait dû neiger dedans vu qu’c’était toujours froid et l’goût y’en avait pas lerche son daron il s’est jamais pointé… C’était sa vieille qui lui ramenait un peu des choses comme elle pouvait alors chez lui maintenant qu’il est dehors il y va qu’pour dormir tout juste…

 

Lui c’est Ratkail… il a 14 piges et son blaze il l’a eu en zonzon d’la part d’un mec black aussi p’tit qu’un tabouret qu’était là depuis dix berges et qui connaissait l’histoire du rat géant d’Papouasie…une bestiole sacrée là-bas chez lui et qu’a jamais eu peur des hommes… Il doit pas en fréquenter souvent des hommes qu’il se dit Ratkail en filant un coup d’tatanes dans la barre métal de la rampe d’escalier ça fait du bien… Ouais et ben lui son nom maintenant il le garde c’est clair !…

Dans l’fond il entend les ailes noires froissées des chauve-souris à l’intérieur d’l’ascenseur en rade et comme il se tourne pour essayer d’les mater y a la porte du hall qui lui gicle de l’air verglacé sur les chevilles… Y’a quelqu’un qui s’pointe… ça fait un drôle de couinement… ric… ric… ric… il s’retrourne rapide en zonzon il a appris la méfiance terrible et les frôlements même pas des bruits il les entend tous…

Face de lui qui s’tient immobile pareille qu’une vieille idole rafistolée d’une tribu indienne y’a une grand-mère qui l’reluque en rigolant sur son dentier pourri et un gros chariot à roulettes avec sa caisse en osier tressé par-dessus… ça déborde de bazar pelures cochonneries les uns dans les autres… Elle a les tiffes qui lui pendent rouges comme celles des vieilles arabes et au bout des mèches elle a mis des grosses perles en terre vertes jaunes rouges avec le foulard palestinien autour du cou sur une veste et un pantalon en peau à franges… y lui manque plus qu’les plumes qu’il se marre Ratkail pour de bon…
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- Salut cousin !… elle dit en zézayant un peu sur le “ S ”… tu tombes bien…

- Ah non hein !… il crie Ratkail sans s’lever du milieu de la marche 4 en matant la vieille qui fixe sur lui ses yeux aussi rusés qu’ceux d’un renard… vous allez pas m’demander d’vous aider à monter votre saloperie d’chariot et tout c’fouttoir !… L’en n’est pas question allez zouh !…

- Eh cousin c’est toi qu’est sorti y’a une semaine de la zonzon c’est bien ça ?… Elle continue à l’reluquer les deux poings sur les hanches un vrai cinéma mais Ratkail faut pas lui causer com’ac !… C’t’un chef de tribu et il fait trisser un paquet d’clopes vide direction d’la tête de la grand-mère en criant :

- Dégagez d’là vous entendez !… Allez dégagez !… dégagez !…

La vieille esquive d’un geste habile le paquet d’clopes et elle hausse les épaules en faisant le tour d’sa carriole il distingue son visage dans la lueur blanche qui vient d’la porte… elle a pas d’rides elle est peut-être pas vieille au fond… c’t’un carnaval ou quoi ?…

- Tiens file-moi une clope ça m’arrangera j’ai pas fumé depuis c’matin que j’suis partie d’Sarcelles et j’ai pas déjeuné non plus…

- J’vous file rien du tout et vous m’touchez pas sinon j’vous remballe vous et votre chariot pourri d’l’autre côté d’la cité vite fait !… Ratkail en disant ça il hésite un peu quand même il pense à sa darone…

Au lieu d’s’en aller la vieille s’approche encore et devant les yeux ahuris de Ratkail elle s’assoit sur la marche 4 à côté d’lui en l’poussant même pour se faire d’la place… Allez vas-y passe moi une clope sinon Calamity Jane va s’servir frangin !… Tu sais ça m’fait pas peur j’en ai vu d’autres des costauds dans ton genre depuis que j’traîne ma carcasse dans les cités d’banlieue !… Même les keufs qui m’laissent tranquille alors tu vois…
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                               A suivre...

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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 23:41

                          Lettre à Leïla Sebbar suite...
undefined Dans presque tous tes livres dans Marguerite qui m’a touchée particulièrement tu parles des femmes des petites filles noires ou arabes des petites bonnes des servantes des nourrices des masseuses du hammam et aussi des jeunes filles des banlieues… quel que soit leur pays leur paysage la destinée des filles des femmes toujours elle est liée à leur corps à l’image qu’elles ont et qu’elles montrent ou qu’elles cachent de leur corps… la fascination exotique éeotique qu’elles exercent sur le regard des hommes d’ailleurs et l’attirance ou la haine du corps des autres femmes…

Sept filles le livre commence avec l’histoire de Mériéma “ la fille de la maison close ” “ …j’ai deviné la beauté et d’abord les yeux, d’un bleu violet comme les iris du jardin… ” L’Arabie des femmes c’est l’histoire des Mille et une nuits les harem les peintures de Dinet les jardins les maisons qu’on voit dans le film Le collier perdu de la colombe  de Nacer Khemir et aussi dans Les silences du palais de Moufida Tadtli… Toi tu redessines l’atmosphère de l’Algérie des peintres orientalistes ce qu’on sait de la période ottomane qui nourrit nos rêves d’Orient… “ Je ne décrirai pas le jardin, il est somptueux… ” “ Mes jeunes nègres en tunique et pantalon bouffant, soir ottomane vert pistache et jaune safran, turban rouge sang… ” les couleurs chaudes lumineuses des tissus les parfums doux et épicés des fleurs “ … jasmin, rose, fleur d’oranger, géranium… ” les raffinements de la volupté et du plaisir de l’amour mêlés aux mots des poèmes et aux rires des femmes, tous les rites de séduction de l’Orient fastueux mais aussi l’esclavage l’enfermement et les interdits liés encore toujours au corps des femmes…

La première histoire celle de Mériéma au corps sauvage qui rêve d’“ Isabelle-Si Mahmoud ”, qui se sauve de la maison pour rejoindre peut-être l’officier français son corps pris en photo exhibé dans les vitrines d’une ville d’Algérie c’est celle des filles rebelles qui refusent la destinée des femmes derrière les murs de la maison…

Les maisons arabes… combien elles ont fait courir notre imagination d’occidentaux… on en imagine de toutes sortes… des plus riches demeures où les fontaines ruissellent au milieu des mosaïques dans les cours intérieures pleines de bougainvillées de jasmins d’orangers et de citronniers aux simples maisons kabyles dont les murs chaulés sont décorés par les mains des femmes de motifs peints avec des terres ocres et vertes, celles des quartiers populaires de Marrakech de Djerba de la kasbah d’Alger et leurs terrasses si blanches accrochées aux ciels qui virent à l’indigo à force de lumière ou bien les habitations en argile rouge des ksour entourées de palmiers… ces maisons dont on ne sait plus si on doit en parler comme d’un lieu de refuge de douceur et de protection ou comme de subtiles prisons…

Le premier texte de ce livre, l’histoire de Mériéma se passe à Alger et ton écriture prend elle aussi des parfums des couleurs des sonorités de l’Arabie comme je l’ai ressenti dans Les femmes au bain Le rythme des phrases est plus lent, je dirais langoureux… des phrases longues qu’on lit avec le rythme des poèmes des mélopées accompagnées au mandole… tu mêles le récit à la poésie :

“ Sa salive, je l’ai goûtée,

C’est le sucre des raisins secs,

Ou le miel des abeilles… ”
undefinedLeïla Sebbar Jean Pélégri et moi à la Maison des Ecrivains Janvier 2001

Il y a une jouissance des mots, un plaisir sensuel gourmant des mots comme des fruits sucrés… “ Le brasero parfumé au gingembre, à la cannelle, au bois de santal ou à la myrrhe… ” “ Pas de sucreries dans les chambres, des sorbets légers lorsqu’il fait chaud, violette, orange, rose, abricot… ” “ Des yeux verts, le vert moiré du scarabée, une chevelure fauve bouclée jusqu’à la cuisse…”

Et puis à travers chacun des récits où le corps des filles des femmes s’écrit se dessine prend sa course s’image se photographie on arrive à la dernière histoire du livre celle de Nadia “ La fille en prison ” dans la ville de l’autre côté Paris Nadia est une fille des cités… le lien tissé avec ses couleurs ocres jaunes et ivoire comme sur les vieux métiers à tisser entre les femmes des maisons d’Orient et les filles des cités de banlieue… Nadia est en prison elle a volé un peu pas grand-chose ça n’est rien on va la racheter… “ dès qu’elle sort, ils quittent la cité, un cousin est passé, il l’attend, il lui pardonne, elle fera un beau mariage… ”

De la maison close d’Alger de la prison de Paris Mériéma et Nadia s’évadent s’échappent s’envolent en rêve d’abord et puis pour de bon on le croit on le sait dès les premiers mots de l’histoire comme dans Les femmes au bain la Bien-aimée est séquestrée dans la cellule d’une confrérie au désert et l’Etranger de sang enfermé dans sa cellule emprisonné coupable d’un amour fou comme celui de Majnoun Leïla ils s’évaderont ils se rejoindront c’est écrit dans l’histoire… c’est écrit dans les livres…

undefinedA suivre...
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