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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

17 août 2014 7 17 /08 /août /2014 15:19

Hobos du sensGhat

       “ Les mots sont comme des œufs. A peine éclos, ils donnent des ailes. Si tu ne le sais pas, ta langue se détachera. ”

Gianni Guadalupi, Préface de Sahara regards sur l’immortalité, 2009

 

c’est en tombant au hasard des dunes d’As‑Sahara sur la phrase jumelle qui me colle parfait aux paluches et en écrivant gribouillant les notes fragments pour le Cahier Céline l’exemple de ma façon de marcher sur les œufs des mots de rebondir d’un texte article poème bout de chronique ou de récit l’autre et de n’en pas finir surtout jamais que je me suis dit que les Carnets de Route vont témoigner obligé des pistes d’écriture des cairns qu’on m’a mis aux croisements sans pitié et des erreurs d’errance que connaissent les voyageurs aussi bien que des tentatives abandonnées des va‑et‑vient entre les parois lisses d’inconnu des petites combures qu’on allume à la night quand il est pas question d’aller se pieuter parce que j’appartiens pour sûr au peuple braillard des oiseaux de nuit.

parce qu’il y a bien une cause première primaire une goutte d’eau originelle qui a alimenté nourri la soif fabuleuse celle qui ne s’est ni tarie ni atténuée à la naissance constante presque de ces pages de traces ces bouts de toiles de bois de carton ces morceaux de terre marqués gardés précieux comme une carte qu’on dessine chaque jour d’un territoire qui sitôt découvert s’épuise alors jetés abandonnés et que c’est peut‑être juste la quête de cette soif‑là qui fait continuer

parce que prendre note sur les carnets toujours à portée ces ostraka de papier quadrillé que les gaziers qui croient avoir été missionnés scribes d’un monde rompu un sac à miettes qui se cause pas qui s’écrit pas accumulent et dispersent je ne le fais pas en raison de mille raisons qui s’étirent du découragement jusqu’au dégoût de témoigner du pire et au tourment d’y faire entrer l’épopée et la grandeur mais sans elles les mots sont des charges de plomb et des pierres d’âge

pourtant si c’est pas comme ça que ceux qui sont des météores ordinaires avec la conscience du spectacle qui les guette aux mirettes sur le Carnet de Route quotidien de la marche solitaire des peuples là où ils sont et là où ils vont se débrouillent à faire exister l’histoire et la destinée des hommes simples qui ont leur trace mêlée à celle des autres et aussi ailleurs dans le grand lointain ?Tam 62

et ce qu’on en peut nous autres abreuvés au lait de force des nourrices songhaï les filles des déesses du premier océan ? ce qu’on en peut nous animés de la conscience des présages d’Ogo le jumeau d’ombre et sa face solaire Yurugu le renard pâle nous les passeurs de paroles de Nommo le génie silure porteur de la soif qui ne tarit pas et de l’eau demeure fertile sinon noter ce qu’y a à voir au fond du chaos des mondes perdus que nous sommes au milieu des foules démentes réclamant à leur heure leur offrande de sang frais pour l’interminable ordalie d’images de ruts imbéciles et d’orgies vulgaires

quand on a commencé à se frotter aux mateurs de miroirs que les toubabs ressortent pour la nouvelle mystification astiqués et techniquement modernes eux qui croient qu’ils causent au nom des peuples qui ne savent ni lire ni écrire les langues des maîtres et de leurs bouffons littéraires mais la parole des Jeli en toutes oralités d’Afrique leur est familière on a emprunté la piste d’exil qui fait le tri et qui sépare. ce qu’on voulait nous autres pour sûr se relier à la part d’histoire authentique la part commune des peuples dominés humiliés désenchantés dépossédés d’eux‑mêmes

nous les lascars des classes sociales aliénées on a été si peu nombreux avec notre démarche liminaire à ne pas prétendre au trône des grands diseurs de l’idéal de mort qui se sont glissés habiles costumes scintillants de défenseurs des vérités essentielles celles qui échappent aux gueux toujours dont ils sont les héros sortis des coulisses du théâtre au moment où les gourous politiques ont fini de refourguer les richesses de l’histoire africaine aux fabricants d’aventures et les richesses du sol d’Afrique aux pompes à fric

si peu nombreux à refuser la toquarde la magouille sournoise d’une langue factice et ses ficelles l’engrossée de ses imageries spectaculaires menteuses qui flattent l’ignorance du grand trimard de la marche des Jeli et des territoires de rêves sauvages traversés de sens cosmique efts-adrar tamentitnsemencés par leur patience gourmande qui dévergonde. si peu nombreux à réclamer le droit coutumier des peuples de choisir leurs griots dehors des chemins des écoles des bagnes à culture des gourbis d’alphabêtes qu’il faut pas qu’on s’étonne de se retrouver largués solitaires virés poussés en bas par les lézards les fileuses les poucaveurs qui l’un après l’autre ont pas pu rebecqueter la liberté du renard pâle et l’ont renvoyé sur la route de la Babylone heureuse la mère de tous les ghettos

si peu nombreux à décider d’être des hobos du sens et de ses lignes de mire qui se défaussent d’horizon des voyageurs de la soif des guetteurs d’eau inaltérables alors la durée et la nature de nos transhumances et de nos quêtes on en cause dans le vent sachant qu’y a pas de raisons qu’on nous reconnaisse qu’on nous nomme laboureurs d’errance tailleurs d’arbres à paroles éphémères vu qu’on a l’enthousiasme et la jubilation aux paluches et la totote farcie d’expérimentations d’art brut et de poésie buissonnière

et tous ces Cahiers ces feuillets à barbouille que j’entassais les pelures grasses tâchées bourrées raclées les expériences des vernis trop cuits pas assez les résines collantes à perpette ou qui ont fait vitres de couleur les glacis d’émail louches aux outremer des brumes aux vermillon rancis boursoufles et crevasses des obscurs les heures marquées rouges au petit trait des gribouilles de plume si je sais aujourd’hui ce qu’y faut faire avec et je déchire lambeaux pour les coller dedans les pages des Cahiers de Route comme ça ils m’encombrent plus alors ! je sais qu’ils manquent ah c’est vrai ! un manque physique pareil que le parfum des roses du premier jardin rien de plus rien de moins rien d’autre qu’un moment de la vie

sans doute des fragments du réel comme les Cahiers de prison de Céline c’est une question de survie quoi ! vrai pas sûr que la situation d’aujourd’hui qu’éclaire du coin de l’œil du hibou un monde qui nous débecte et une condition humaine avide de chaos soit en train de fricoter avec la folie qui le faisait écrire des bafouilles terribles on a des traces de la méchanceté de ceux qui pensent bien. noter les pensées désenchantées du hobo que la route rassure et retient sur ses gardes aux battantes du sommeil des gueux c’est ma façon pour pas me perdre et refiler aux fils d’Ura s’ils veulent reluquer par là un fourniment de traces dont on ne voit pas le bout au‑dehors des murailles où ils sont verrouillés et retenus sacrément abrutis

pour moi ça a commencé à 12 piges l’enfermement dans le bobinard à sauterelles noires trifouilleuses d’obscène qui ne s’en prennent pas qu’à la peau le Stalag Notre‑Dame des AngeYassan-Deco-par-des-femmes.jpgs pensionnat religieux à 400 kilomètres du gourbi c’est là qu’on m’a mis gentil sur la route de l’infernale solitude d’enfance. pour une scène initiatique à la soif d’écriture c’est la bonne on peut pas rêver se faire carotte de l’insouciance par ses vieux d’une façon plus reptile y a personne qui se doute aux alentours et la peau d’abandon quand on la perd après elle emporte les traces ce qui reste au fond c’est le goût salé de l’exil qui remonte et qui donne le désir d’art brut dont on se passe facile à cet âge

en fait on pige assez vite que ça ne commence pas vu que l’exil c’est pas du vidage de rapport aux autres ça se passe à l’intérieur de la viande c’est comme ça qu’on est ce qu’on y peut ? alors l’écriture rapplique brutal art brut de la séparation comme un diabolo qui fait ressort dehors de l’enfance où on ne pourra pas jamais retourner avec sa mémoire du spectacle tréteaux et planches où la family life déballe ses promesses d’attache mais y a rien autre que baratin la leçon cruelle qu’on se carre on oublie pas dans le même sac la tribu le clan la patrie l’état sans eux !

Cahiers de prison notes d’exil et de voyage dedans pareil que dehors l’écriture des hobos de la vie c’est l’expérimentation pas ordinaire du monde et c’est juste ça que les commerçants leurs larbins leurs banquiers ne calculent pas pour ça qu’il faut tracer la route là où ils sont pas se lever leur laisLapin-dans-l-oreille-copie-1.jpgser aucun pouvoir d’interdire de piller de désenchanter ! y a pas un temps plus dur de griffer à mains nue que celui qui s’est pointé pour saboter la cérémonie du sacré commun les troupeaux de financiers l’ont sapée costumée banale vulgaire retirée ses rituels ses griots ses passeurs outrepasser leur race à rapine rejouer l’épopée qui fulgure au creux de nos jours !

les ouvriers maçons d’Afrika qui ont posé dans l’esgourde géante de pierre de Mandela un petit lapin rigolard sont mes frangins de sang camarades de route hobos croisés là où il en reste pas lerche de notre histoire griots muets ils ont filé aux peuples en désarroi un arçon à reconnaissance fanal pour rire dire qu’on appartient nous autres au monde facétieux qui fait pas révérence pas prêt d’être récupéré et personne qui les en empêchera

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