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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 17:28

                                          Mai 68 suite...
                       de l'entretien avec Marie Virolle 
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Marie lisant Neige sur le printems des orangers de Biskra
publié par Les Cahiers des Diables bleus
en Nov. 2007
à la Librairie Résistances
. Photo de Jacques Du Mont
 
J'ai oublié de préciser que Marie avant ou en même temps que d'être la responsable de la revue Algérie Littérature Action et des Ed. Marsa qui publient de nombreux créateurs d'Algérie depuis dix ans est chercheuse au CNRS et anthropologue

Des châteaux de pavés en Espagne…

 

Donc Mai 68 c’est aussi des courses dans les rues avec des CRS armés de matraques  qui te faisaient peur et qui t’épargnaient pas parce qu’ils te coursaient même si tu étais tout seul jusqu’à ce que leur matraque te touche de toute façon… Une fois j’ai été poursuivie depuis la rue Mouffetard jusqu’au Châtelet… Je courais comme une dératée à l’époque… j’avais du souffle et des jambes… Et la seule solution qui m’est apparue parce que la matraque du flic m’avait déjà bien frôlé les fesses à plusieurs reprises c’était de m’engouffrer dans la bouche de métro et manque de pot je crois que c’est ce qu’il voulait… c’était une vraie souricière la bouche de métro elle était pleine de lacrymos… elle était pleine de flics d’ailleurs aussi et là j’étais entre le marteau et l’enclume…

Et ça c’est soldé par une espèce de… voilà… j’y voyais plus rien… je savais plus où j’étais parce que les lacrymos c’est terrible… à forte dose c’est vraiment terrible !… et on s’est retrouvé poussés vers l’extérieur par une bande de CRS et là à nouveau je me souviens qu’on a couru comme des fous mais on y voyait plus rien… on avait des larmes qui nous coulaient jusqu’aux pieds… c’était des petites choses comme ça Mai 68 aussi…

Et puis quand on était dans une manif avec les slogans : “ CRS SS ! ” et “ Ce n’est qu’un début… continuons le combat ! ” ou bien “ Libérez nos camarades ! ” tout ça se terminait souvent en barricades… J’étais aux barricades de la rue Soufflot… c’était super beau parce que ça embrasait jusqu’au deuxième étage des immeubles… c’était des barricades faites de bric et de broc… avec si ma mémoire est bonne beaucoup de pavés… C’est pour ça qu’ils les ont enlevés depuis parce que les pavés ça va avec le peuple et le peuple en colère ça peut faire des constructions comme ça… Ça bâtit des châteaux de pavés en Espagne… Donc ils les ont supprimés et je pense qu’ils ont supprimé comme ça en effet une des façons de pouvoir faire des actions de rue…

Donc Mai 68 c’était aussi ça des actions violentes parce que je crois qu’on était arrivé à un point ultime d’un état de société et que la jeunesse, parce que c’était principalement la jeunesse il faut bien le dire, était portée vers d’autres horizons à tout prix, voulait faire exploser des carcans… Alors c’est parti de choses comme la contestation de l’autorité c’est vrai, mais après quand jonction se faisait avec la classe ouvrière ça devenait du plus sérieux et je pense que c’est là que les tenants du pouvoir De Gaulle ses ministres et les militaires dont il était bien proche ont pris peur… Quand De Gaulle est parti en Allemagne on s’est tous demandé ce qu’il nous préparait, on a pensé à quelque chose comme l’état d’urgence ou le couvre-feu… On était très inquiets et sans doute qu’on en rajoutait pour que le scénario catastrophe donne raison à notre exaltation.

Tout ça montait crescendo dans nos esprits, dans nos paroles et dans la projection qu’on faisait sur le futur… Je crois qu’on était vraiment dans la vérité de la grande tradition révolutionnaire française. On avait d’ailleurs cette culture en nous. On la mobilisait pour l’occasion. Bien sûr il y avait des slogans nouveaux : “ Sous les pavés la plage. ” est un des plus beaux sans doute. Il y avait cette dimensions revendication d’une liberté totale : “ Il est interdit d’interdire. ” Le CRS étant le parangon de ce qu’était l’interdiction absolue justement et la répression… On était en lutte avec les CRS qui représentaient tout ça et c’était des combats presque au corps à corps dans les rues du Quartier Latin.
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Je pense que Mai 68 a été une belle fête un peu tragique pour certains, à Flain je me souviens… aussi des blessés et des gens qui en ont vraiment pâti… Moi je n’en ai pas pâti j’en ai bénéficié complètement. C’est la porte qui s’est ouverte vers la décennie qui a suivi, cette décennie des années 70 qui a été la remise en question de toutes les normes, de toutes les formes de hiérarchies, de toutes les contraintes de famille, les relations d’autorité, de l’éducation des enfants, de la relation homme-femme… de tout ça !

Y avait des mouvements de libération qui prenaient la suite de celui pour le VietNam car moi je m’étais politisée par la lutte contre la guerre du VietNam et c’est pour ça que j’étais proche des communistes parce que j’avais participé à l’opération “ Un bateau pour le VietNam ”, et là on faisait des guerres de libération anti-sociale quelque part… Mouvement de libération de la femme, de l’école, de la sexualité etc… C’est le mouvement de Mai 68 qui a remis en question tout ce qui était une partie des valeurs fondatrices de la société d’avant et ça a fait très peur à nos parents !

Mes parents sont montés me chercher à Paris en voiture et ils ne m’ont pas trouvée là où j’habitais… Ils pensaient que j’étais morte ou en prison ou je ne sais quoi et quand ils m’ont vue arriver le soir ils m’ont engueulée ! Ils m’ont dit : “ On te ramène tout de suite ! ” j’ai dit : “ Pas question ! ” Et ils ne m’ont pas ramenée parce que le désir de participer à ce grand mouvement était plus fort que tout… Ils n’auraient jamais pu me faire rentrer chez moi à la maison en province…

 

Et après Mai ?

 

De Mai 68 je crois qu’il reste pas mal de choses… D’abord elle fait partie de l’histoire de la gauche… de l’extrême gauche… de l’histoire du peuple français… Elle a remis en question des absurdités autour de respecter absolument le plus fort, l’autorité, le père… Maintenant on y regarde à deux fois avant de se soumettre comme ça… Il y a encore des courants plus ou moins avoués héritiers de Mai 68 qui existent, des courants libertaires, écologistes… Je pense aussi qu’il y a des habitudes de relations humaines qui ont été prises vers plus de franchise et d’égalité, même si… même si les choses se sont pas mal refermées ces dernières années… Et je pense qu’il faut tenir bien au chaud dans son cœur et dans ses actes ce qu’on a appris en Mai 68 pour ne pas se laisser bouffer par quelque chose d’ambiant qui est très conformiste… quelque chose d’ambiant qui est très révisionniste… quelque chose d’ambiant qui est très anti-populaire… quelque chose d’ambiant qui est très pour le tout économique alors que nous en Mai 68 l’économique on s’en foutait comme de notre première chemise !…

C’était pas du tout là-dessus que portaient ni nos espoirs ni nos attentes ni nos analyses… bien sûr on était marxistes plus ou moins mais c’était global… c’était pas pour favoriser le tout économique… c’était pour faire que cette économie de marché qui à l’époque n’était pas du tout ce qu’elle est devenue soit mise à bas et que ce soit à chacun selon ses capacités… son travail… Il est resté de ça dans l’esprit des gens des jeunes… actuellement ça s’entend dans la musique, dans certaines tendances du Rock du Rapp… ce Protest Song… Mais bientôt me semble-t-il ça sera un vieux souvenir… Enfin gardons haut le flambeau de Mai 68 !

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