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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

Texte Libre

Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 00:00

      Il y a un moment de ça quand Mouamar Kadhafi a été assassiné j'ai commencé à écrire une longue litanie sur la mort des pays d'Afrique et la passion que j'avais de leur histoire la plus ancienne... la première histoire du monde...

      A l'époque tout le monde ou presque s'est réjouit de la destruction de la Libye et de celui qui aurait pu mener l'Afrique hors du chaos avec l'appui d'autres grands Africains et des peuples réunis...

      Je n'ai pas arrêté d'écrire ces récits et je continue d'y apporter des coups de plume avec ce qu'on voit désormais de ce qui était en jeu à l'époque : mettre l'Afrique à la merci de ceux qui finiront de la piller avant de l'aider à se détruire de l'intérieur...

      Je continue d'écrire les récits-poèmes d'Ifriqiya dont je ne mettrai ici ni les titres exacts ni les sous-titres pour les raisons qu'on sait...

      A suivre en fragments comme l'est désormais ce continent premier Asafuk!Asafuk! Jour du soleil...

gaddafi

Il a fallu partir...

Akakus 01

 

Ah ! Yurugu… parmi les hommes des peuples d’Ifriqiya qui peut conter l’histoire de l’Empire Songhay et de l’Empire de Gao ? Qui peut réciter l'ascension au pouvoir de Sunjata Keita le fondateur de l’Empire mandingue du Mali ? Chaque homme de la terre d’Afrique a oublié le sens du chant et des paroles du grand tambour tabalé des jeli en haut de la dune rose de Gao qui bat qui bat sans répit : Ir ma koï ma ! Ir ma koï ma ! Venez et écoutez… Chaque homme épuisé de la Hamada al‑Hamra jusqu’au tassili de l’Akakus… de l’erg du Tanezzouft à l’erg Titersine cherche la trace des siens que seul le renard Yurugu le divinateur peut retrouver. Un homme est en train de perdre le royaume d’Ifriqiya et chaque homme du royaume est un voyageur perdu qui ne peut plus vivre et marcher sur sa terre. Qui pour retenir les litanies désenchantées de son errance et de sa dépossession ? Qui sinon un scribe nomade pour prendre en note le récit de l’épopée des derniers guetteurs d’eau d’As‑Sahara ?

LybieItalienne

Il a fallu partir. Ça n’était pas possible de faire autrement. Comment rester à l’intérieur de la petite maison ouvrière du Nord bouclée au‑dedans par la tribu des femmes ? Y a des années que mère tantes grand‑mère se relaient pour l’empêcher d’ouvrir la barrière en bois repeinte bleu lavande du jardin par grand‑père Antonin le conducteur des vieilles locos vapeur. Des hommes du clan qui avaient tous vécu sur les riches terres du Nord où ils étaient paysans ouvriers journaliers aux champs et aux usines il ne lui restait qu’Antonin arrivé un jour on ne savait pas d’où. Il n’avait rien dit mais cinquante années après on le considérait encore comme un étranger un cheminot un de ces marcheurs d’absence que les mangeurs de terre appellent avec le menton les voyageurs. Antonin toujours dressé à l’avant des motrices voyageur du rail affaroucheur d’horizon jusqu’à ce que sa mort les traverse toutes Raouf ! comme un missile rutilant au milieu des touffes de marguerites aux pétales picorés d’écume ensanglantée.

Les femmes elles sont les gardiennes vestales des lieux et surtout de la cuisine qu’elles ont surnommée l’office parce qu’on y fait tout sauf se remplir la panse. C’est la seule pièce où y a pas d’interdit d’avoir chaud l’hiver et d’user l’électricité vu qu’elles sont toutes couturières à domicile et qu’elles y marnent muettes et affairées entourées de petits nuages de poussière rousse. Le clic‑clic‑clic rongeur obstiné de la machine à pédale a remplacé dans ses supplices d’enfance le tic‑tac de l’horloge familière qu’on entend même la nuit. Dans le tissage de ses rêves voyous il ne s’arrête pas. Y en a toujours une au cœur de la tribu des besogneuses assoiffées de tâches à misère pour prendre la place de celle qui va porter les kilomètres de manches des costumes de pâtissiers piquées et cousues entassées à l’intérieur du sac de jute bleu déteint dans la charrette à bras à la fabrique au bord du fleuve. Au retour ça monte un peu et si elle traîne renifler l’air rempli de bleuets les regards des autres troupes de corbacs enchaînées au tic‑tic‑tic métronome lui piquent dessus voraces.itinerant-men-aka-hoboes-waiting-w-their-bindles-to-illegal

C’est ça… alors il a fallu partir. De son départ à Antonin elle se souvient comme du silence brut des locos dessous leur costume de deuil luisant de suie et de sueur qui la renseignait bien assez sur le sort qu’on lui mitonnait au‑dedans de la maison des femmes. Antonin probable qu’il lui a passé la passion des nomades du voyage de tout temps les seuls êtres humains à se mesurer avec la grandeur froide des étoiles. L’histoire des aventuriers des chemins de fer creusant leur sillon gris luisant au cul de la charrue d’acier bonne grosse jument et ses flancs gras poisseux au cambouis et au poussier il la connaissait mieux que les recoins du petit jardin où il avait planté les rosiers de Perse et d’Afghanistan vitraillés de couleurs qu’on imagine pas. Les plus rares leur déferlaient dessus avec leurs grosses fleurs café­‑crème et mandarine qui apportaient les parfums sucrés à l’extase douloureuse des jardins de l’ancienne Babylone. Y avait toujours quelqu’un pour dire qu’il y était allé Antonin à bord du Bagdadbahn à la recherche des rosiers rares de Mésopotamie et ça faisait pousser des cris aux tantes qui caquetaient fort que c’était des pays hors de leurs fréquentations.

 

A suivre...

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