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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

Texte Libre

Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 12:46

                                         Entretien avec Mili suite...
undefinedEt l’Egypte, quelle place occupe-t-elle dans ta vie ?

 

Mili Presman : Ça c’est une belle histoire d’amour et d’amitié. Et on a construit beaucoup de choses ensemble avec mon ami. Lui il a un bateau et moi je l’ai peint… Il est très sociable aussi, on aime bien faire des choses avec les gens tous les deux. J’ai vécu à Louxor pendant un an et à ce moment-là j’ai peint là-bas. Mais maintenant quand j’y vais je fais des photos et puis je reviens et je peins ici. On s’est séparés par amour aussi. Moi je ne pouvais pas avoir d’enfants, et pour lui les enfants c’est essentiel. Et lui il sentait que ma peinture n’allait pas évoluer si je restais là… Donc il s’est marié et il a eu des enfants. Et comme en Egypte la polygamie existe, moi je suis la première et sa femme la deuxième. Et ça se passe très bien, on est tous en famille…

 

Et lorsque tu y vas ça ne pose pas de problèmes ?

 

M P :  Au début, j’ai hésité. Je lui ai dit : « Ce n’est pas dans ma culture » et il m’a répondu quelque chose de vrai qui m’a fait beaucoup rire : « Mais tu n’as pas de culture… » Et c’est bien parce que grâce au fait que je ne peux pas dire : ça c’est mon pays, ça c’est ma religion, je m’adapte partout. Moi quand on s’est rencontrés je n’étais pas trop au courant du problème entre l’Egypte et Israël et de la guerre du Sinaï. Alors quand il m’a demandé de quelle religion j’étais, j’ai répondu juive sans hésiter. Et ça a été une catastrophe ! Il m’a regardée et il m’a dit : « Je hais les Juifs… » Et il est parti. Ensuite c’est grâce à notre relation qu’il a complètement changé d’avis. Aujourd’hui il ne peut plus dire ça. Et ça a complètement bouleversé sa vie.

 

Et comment pourrais-tu parler de ton rapport à l’exil au milieu de toutes ces relations et de toutes ces histoires qui te relient avec des gens et des paysages si différents et pourtant si proches ?

 

M P : Quand tu t’en vas de quelque part tu n’es jamais plus chez toi nulle part. Au début je vivais ça comme un fardeau mais maintenant je le sens comme une richesse. En fait tu es toujours étrangère pour quelqu’un à cause de ton physique, de ta langue, ou ce que tu veux… Moi en Argentine on me traitait de Gringa parce que j’ai les yeux bleus et la peau claire. Et je me sens presque plus chez moi ici qu’en Argentine. Tu veux appartenir à quelque chose, et puis… Au début ça a été douloureux parce que je voulais être une vraie Argentine. Et ça n’est pas par hasard que j’ai toujours été avec des hommes de tradition très forte. Mohamed est un vrai Egyptien de l’époque des Pharaons. Et je suis fière d’appartenir à sa famille parce qu’ils ont une dignité familiale. A part ça ils n’ont rien, pas d’argent, pas de possessions, mais ils ont un nom de famille. Ils ont des traditions et ils te racontent des histoires sur la vie quotidienne… comment on fait si… comment on fait ça… Moi j’ai besoin de cette base-là.

 

 

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L’exil c’est la solitude aussi non ?

 

M P : Oui… c’est la solitude mais aujourd’hui je ne me sens pas seule, j’ai mes amis. On a créé une vraie chaîne d’amitiés très fortes, une vraie famille. Leur amour est là dans les bons et les mauvais moments. Mon problème d’avoir de gens que j’aime dans des lieux lointains est que j’aimerais bien que tout le monde soit là à la fois. Et il y a toujours quelqu’un qui manque…

 

Lorsqu’on s’est rencontrées pour la première fois lors de ton expo à L’écume du jour à Beauvais, tu m’as dit que tu aimais beaucoup la poésie et que tu avais un rapport important avec l’écriture ?

 

M P : J’aime beaucoup la poésie, mais je n’en écris pas. Je crois que ma peinture raconte des histoires, et les livres m’ont apporté des idées de peintures. J’aimerais bien travailler avec un écrivain pour mettre mon travail avec un texte qui l’accompagne. J’adore Christian Bobin par exemple, je me sens bien dans cet univers un peu comme le mien. Moi ce qui me plaît ce sont les sonorités des mots, même si je ne comprends pas tout. C’est musical, et moi j’aime le Jazz, et j’aime les phrases comme j’aime le Jazz. Les titres de mes toiles c’est mon ami Santiago Funes qui les a trouvés. Et la fille qui est en rouge dans cette toile, c’est  Nathalie Ouakratis qui m’a  aussi écrit beaucoup des petits textes qui accompagnent les photos.

 

Et Pessoa ?

 

M P : Quand je reviens du travail et que je pense à mes tableaux, je regarde aussi les gens qui marchent et je les vois comme Pessoa. Il y a des phrases de lui qui pourraient être de moi. Toutes ces sensations qu’il a dans la ville, je les ressens aussi. Il avait un côté très triste et très dur, mais c’est la beauté de ses mots que j’aime. Et ça me touche les écrivains qui ont le même regard que j’aurais pour faire un tableau.

 

                                                      Vous n’êtes aujourd’hui,

vous n’êtes moi que parce que je vous vois,

et je vous aime,

voyageur penché sur le bastingage,

comme un navire en mer croise un autre navire,

laissant sur son passage des regrets inconnus

 

Fernando Pessoa

 

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A suivre...
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commentaires

Q
Tu as raté l'Espagne, moi, j'ai raté le reste du monde.J'ai vécu deux ans à Barcelone... entre ma treizième et ma quinzième année. Je crois que j'ai laissé beaucoup là-bas en revenant en France. J'y suis retournée il y a très peu... j'ai découvert Madrid, et j'ai eu la chance d'être accompagnée par quelqu'un qui n'est pas réfractaire aux musées.J'étais heureuse de voir "pour de vrai" les toiles que j'avais appris à "déchiffrer" en cours d'histoire de l'art à la Sorbonne... en 72 ! Tu imagines ce que ça peut donner, cette sorte de pélérinage trente ans plus tard ?Je n'ai pas été déçue. Mais, je ne suis pas peintre, je ne suis pas écrivain, je ressens seulement des choses que je n'explique pas.Je suis retournée l'été dernier à Barcelone... Gaudi... bon, ce n'est pas mon préféré non plus. Peut-être qu'il y a trop de monde. Par contre, j'adore me promener à la nuit tombée, presque noire, dans le quartier gothique, voir les jeux d'ombre et de lumière... L'ombre... qui nous fait remonter le temps... On s'attend à apercevoir une femme, juste une ombre derrière une jalousie... et l'on se retourne brusquement, parce que, peut-être, le bruit qu'on entendait...Tu vois, tout peut arriver... Même, à peine plus loin, un monument illuminé.Pour moi, l'Espagne, c'est ça, l'ombre et la lumière... la musique, les peintres, ceux qui savent traduire à la fois une extrême douceur et la violence la plus intense. C'est comme si je ne pouvais pas imaginer une seconde une Espagne "tiède", tu comprends ?Tiens... Gaudi pou toi(J'aurais pu prendre plutôt une image du parc Güell. Ce sera pour la prochaine fois.)Même si tu n'aimes pas... ou si tu ne crois pas en Dieu, va voir la plus belle église de Barcelone... pas la Cathédrale. Il faut aller voir Santa Maria del Mar... Les Barcelonais te le diront. C'est celle qui est dans leur coeur.Tu vois, de l'Espagne, je ne connais pas grand chose... ce que j'ai lu dans les livres, ce que j'ai vu, et un tout petit espace de Barcelone et de sa banlieue, là où je vivais lorsque j'étais encore "petite"... Quelques musées, découverts, visités ces deniers temps... Bref, rien. Pourtant, je suis attachée à ce pays comme si j'y étais née. Ce qui n'est pas le cas.La prochaine fois que j'y vais, je voudrais aller visiter Tolède, je voudrais voir l'Andalousie... Beaucoup encore à découvrir. J'espère que j'en aurai le temps.... Désolée pour le retard.Je cours un peu après le temps en ce moment.Mais bien sûr ! On continue...
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Q
Nous avons des choses en commun je crois... même si tous nos tableaux ne correspondent pas.El Greco... j'avais quinze ans quand je l'ai découvert, et dix huit quand j'ai appris à le regarder autrement.Au musée du Prado,  à Madrid, il faisait partie de mes "incontournables", je voulais voir ses toiles, pour de vrai, pour savoir si j'épouverais la même émotion devant les originaux que devant certaines reproduction.... Tu veux que je te dise ? Je crois que j'aurais pu passer des heures devant elles, si j'avais été seule à ce moment-là.Il y a des moments que l'on ne peut pas partager vraiment avec ceux qui nous accompagnent.Une espèce de "communion" en dehors du temps.Tu parles de Rimbaud... nous avons en tête le même poème. Il n'est pas besoin de beaucoup de mots pour peindre un paysage, quelqu'un et seulement un dernier vers pour tout comprendre.La poésie n'existe que si elle peut susciter des émotions, c'est du moins ce que je pense. Si je reste de marbre devant un poème, je l'oublie. Il n'a pas existé... si je l'ai senti dans ma chair, dans mon coeur, s'il m'a fait vibrer comme certains morceaux de musique, je ne l'oublie plus. Il est là, comme gravé.C'est comme ça. Je ne l'explique pas.Comme le premier texte que tu as lu, dans la salle de conférence à Cergy. Un mélange de mots et de sonorités un souffle qui passait et qui soudain trouvait tout son sens.Merci.
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D
Bonsoir,C'est vrai que ces correspondances au sujet des goûts qu'on peut avoir en commun sont étranges et puis pas tant que ça... Si tu as ressenti sensuellement ou charnellement " la petite musique " que j'ai tenté de glisser dans les mots du texte de " Sinbad le taggeur d'oiseaux " que j'avais lu il y a dix ans à Cergy, alors ça me semble normal que d'autres rencontres se produisent comme ça d'autant plus que tu es proche des images au moins autant que des mots...El Greco tu l'as découvert très tôt et moi pas du tout... contrairement à Rimbaud mais là c'était de l'ordre de ces coïncidences poétiques qu'on vit sans le savoir... tu penses j'avais 6 ans et on me faisait cadeau de ça ! Ce poème c'est vrai qu'on ne peut pas dire ce qu'on ressent mais il nous travarese... Moi il m'a traversée à l'âge où on entre à peine dans la vie normalement... et on m'a demandé de dessiner ce que je  voulais là-dessus... Je revois mon dessin rouge et vert un vert-bleu comme si j'y étais...Donc la poésie à six piges ça s'associe ça fusionne avec des couleurs et des images voilà d'une : maintenant c'est pareil je n'écris pas de poésie si je ne vois pas quelque chose... C'est ça être " voyant " ? Va savoir...Et El Greco ? D'abord en tant que peintre espagnol comme je te disais je préférais Goya parce qu'il est engagé et ça me cause et parce qu'il est terrible et frafile en même temps et que sa présence au monde me fait penser à Rembrandt encore toujours... je te parlais de la gravure mais y a tant d'autres liens entre eux... Je dirais de l'authentique et du poétique à haute dose et une sorte de grande utopie... Ce que Deleuze appelle " une oeuvre d'art engagée "... qui engage l'être qui la crée. Donc El Greco c'est la rencontre du hasard à cause de cette fuite dans la perspective des personnages qui m'arrête aussitôt quand je tombe dessus en feuilletant un bouquin d'art. C'est une de ces "rencontres " essentielle et je pige bien sûr ce que tu as vécu au Prado, moi ça m'est arrivé au Rjicksmuséum d'Amsterdam avec Vincent et Rembrandt un bonheur cosmique insensé une fuite dans l'immense et le tout proche en même temps... Vrai que ça n'se communique pas même à des êtres qu'on aime on est seul face à ça... étrangers... Comment on entre dans une peinture et qu'on y voyage comme si on la peignait pour le coup c'est du mystère et ça marche ! Pourtant c'est drôle je n'ai aucune attirance mystique ou religieuse au contraire ça me hérisse les piquants ! Donc c'est très au-delà de ça... des vibrations intimes je crois tu as raison. Alors moi El Greco en Espagne je l'ai raté en raison de la présence à mes côtés d'une sorte de fou qui m'a empêchée d'aller au Prado et pire pour moi d'aller au Musée qui lui est consacré à Tolède où il est né... L'Espagne une autre souffrance à écrire... et l'Andalousie qui m'a fait rêver et écrire grâce à mes amis arabes et qui m'est apparue si... pauvre si... peu en face de mes rêves... Une calamité ce voyage-là ! Sauf la mosquée de Cordoue alors là y a pas de mots pour dire ça non plus... Je l'ai écrit j'ai essayé mais c'est tellement à côté de cet instant-là... J'ai pas mal parlé de ce rapport à la peinture dans un de mes bouquins "Squatt d'encre rouge " mais en causant avec toi ça me donne envie de m'y remettre... C'est tellement toute ma vie ça ! Ma dernière rencontre c'est Zao Wou Ki et l'être en lui-même est beau et vrai... quelqu'un que tu ne crois plus pouvoir trouver sur ton chemin aujourd'hui ! Il me semble que j'ai " manqué " l'Espagne qui t'es si proche on dirait... Maintenant j'irai bien en Catalogne voir les constructions délirantes de Gaudi à Barcelone ça c'est assez fantaisiste et fou pour me séduire... J'aurais voulu aimer l'Espagne comme j'aime l'Italie et comme j'ai été dans de la joie sans arrêt à Florence... Bon, on continue ? Dominique
Q
Je crois que lorsqu'on aime, un texte, un tableau, c'est parce que quelque part il exprime ce qu'on n'a pas réussi à dire..."Il aurait pu être de moi"... Combien de fois l'ai-je pensé en lisant un poème... Il aurait pu, parce que les mots étaient là qui disaient ce que je pensais au moment où je les lisais.Un poème ce n'est rien sans cette communion d'un seul instant... qui peut durer toute la vie ou être si fugace qu'on ne sait plus un peu plus tard pourquoi on l'a aimé.Je crois que l'art est là pour permettre à ceux qui "ne savent pas" de sortir de leur prison, d'en franchir, le temps d'une rencontre, les barreaux... et de s'envoler.
Répondre
D
Bonsoir,Je te réponds tardivement mais je ne gère pas notre blog des Cahiers aussi fidèlement que toi le tien... Moi c'est surtout la nuit que j'écris avec la liberté de ces heures où plus rien ne vient me prendre à la solitude de l'écriture et l'irréalité de ces moments-là est tellement précieuse...Je n'ai jamais réussi à deviner ce qui m'embarque dans la fascination pour une création ou une autre, cette sorte d'émotion irrésistible et en même temps y'a là deux pensées qui se répondent qui communiquent intimement... Mais pas cette pensée raisonnée non la pensée du coeur de la peau on est en résonance... Je le ressens depuis toujours avec des peintres particuliers alors que tous les peintres me sont proches mais pas tous avec cette sorte de familiarité humaine comme s'ils étaient des frangins nocturnes...Je peux même citer des toiles parmi les milliers qui me touchent sans lesquelles je ne peux pas vivre c'est impossible ! Par exemple La nuit étoilée de Vincent ou Jérémie se lamentant sur la destruction de Jérusalem de Rembrandt ou L'Annonciation peinte en 1597 par le Greco... Et bien plus proche de nous pour parler encore d'une femme qui m'accompagne il y a L'étreinte amoureuse de l'univers de Frida Khalo... Pour te répondre, je ne crois pas que j'aurais pu un jour peindre ces toiles-là car c'est le fait qu'elles soient en dehors de moi qui m'attire tant vers elles... Et en même temps elles ont un lien évident avec ce que je désire exprimer... C'est vrai avant tout pour La nuit étoilée, je crois qu'elle m'a donné aux pires périodes de doute la minuscule intuition que quand on crée on est dans le vrai dans le juste et qu'on ne peut pas laisser cet espoir-là... cette force-là se retirer de soi...J'ai besoin de ces toiles de ces oeuvres pour vivre ou plutôt pour ne pas crever... Avec elles à mes côtés je peux tenter vaguement de poursuivre quelque chose... c'est comme Le dormeur du val de Rimbe que j'ai découvert à 6 ans et que je n'ai jamais oublié... A chaque fois que j'écris un poème je pense à lui sinon je n'écrirais pas... A plus tard au fil des mots. Dominique