Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
  • Contact

Saïd et Diana

Said-et-Diana-2.jpg

Recherche

Texte Libre

Texte Libre

Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 12:16

A mains nues

 Mardi, 1er mai 2012

Mains-d-ouvrier-copie.jpg

             

      Aujourd’hui plus que tout autre jour plus que jamais je tiens à dédier ce poème “ A mains nues ”que j’ai écrit il y a longtemps déjà et jamais publié en entier sur notre blog mais qui est paru dans le seul recueil du genre que j’aie pu faire sortir en 2003 Blues Bunker aux ouvriers et aux ouvrières… anciens et toujours paysans et paysannes… immigrés “ en quête d’une vie meilleure ”… pauvres et fiers travailleuses et travailleurs du monde nos compagnons nos camarades nos amis sur la terre…

“ A mains nues ” je l’ai écrit pour Sylvain que vous connaissez bien désormais et pour mémé Sylvie sa fille mon arrière grand­‑mère qui a commencé à marner dans les filatures du Nord à 7 piges sans sécurité de quoi ou qu’est­‑ce sans maladie sans retraite et qui aurait terminé sa jolie vie dans un hospice misérable sans un sou si la famille ne l’avait pas protégée et accompagnée sa vieillesse durant jusqu’à ses 98 ans…

meme-petit.jpg 

Mémé ma rebelle ma petite ma grande qui me racontait la pauvreté sans honte et l’exploitation du peuple ouvrier paysan solidaire… Mémé c’est par elle et par tous ceux qui comme elle ont connu la terre la mine l’usine les hauts‑fourneaux les ateliers toute une vie de labeur et de peine et qui n’ont jamais baissé la tête ni les yeux devant les sonneurs de morts et les semeurs de mépris que j’ai appris qui sont les miens et qui je suis…

Merci... vous êtes notre grandeur et notre délivrance.

 femme-de-mineur-78.jpg

 

A mains nues

main-petit-copie.jpg

Mains d’ouvriers

Sentinelles des fonderies

Mains orgues de barbarie

Dépouillées de la danse des petits singes

Et des sous de cuivre

Qui roulent dans la poussière bleue

Par les rigoles de lave cerise

Ouvertes comme une plaie

A l’intérieur des paumes

 

Mains sillons de terre rose

Sylvain-et-Palmyre-copie.jpg

Mains crevasses langées d’oripeaux

De moissons et d’abeilles sauvages

Labours de doigts livrés

A la houle des crinières

Mains caresses qui roulent

Sur les hanches des meules

Et mettent en boule les mésanges

Mains charbonnières

Fabriquant des nids de paille rousse

Pour les hommes blessés

Et les chevaux qui marchent sous la terre

 

Mains de femmes penchées

Qui glanent des escarbilles de verre

Afin de nous garder de l’hiver

Et de l’ennui

Mains farandoles et rondes folles

Sur le tambour creux des ruches troncs

Reines aux poignets d’écume

Femmes-du-textile-NetB-petit-format-copie.jpg

Battant le sable comme le cœur vert des vagues

Au‑dessus de nous

 

Mains de terre ocre‑rouge et de grand feu

Amantes éphémères des genêts

Couchant les outres crues

Comme des ventres où le pain lève

Dans le brasier de nos désirs enfouis

 

Mains de rebelles

Cousant la toile des drapeaux

Aux bambous des cerfs‑volants

Sentinelles des printemps écervelés

Montant aux branches des cerisiers

Légères comme des rouges‑gorges

Mains cueillant les épis‑bayonettes

Et les bombes de peinture‑sang

Dans la même nuit claire

 

Mains de sorciers sur les deux grands tambours

Tournent la ronde des enfants

Qui n’iront plus en guerre

Mains-d-Elo-se--crivant.jpg

Les œillets sont coupés

Mains ouvertes comme les pages d’un livre

Ecrit pour nous

Doigts d’encre et de poudre mêlés

Comment pourrais‑je oublier ce mur de pierres

Où vous êtes scellés ?

 

Mains de gueux

Mains de poètes

Pas un instant les plombs n’ont cessé de cribler

Les linges blancs

Des signes de reconnaissance

Que vous nous repassiez

Comme des phares

Aujourd-hui-hier.jpg

Entre les barreaux des caves

Mains d’écriture et de conterie

Oiseaux‑labeur échappés

Des poches de l’oiseleur

Paumes rongées par l’eau‑forte et le sel

 

Mains veilleuses allumées dessous la terre

Où les taupes aveugles dépouillent

Les châteaux gravés à l’intérieur

Des douilles de cuivre

De leur manteau de brume verte

 

Mains d’ouvriers

Mains d’immigrés

Mains d’aubes brûlantes comme une plaie

A l’intérieur des paumes

Portrait-chasse-copie.jpg

Mains coupées négligemment

Par les fabriquants d’orgue de barbarie

Mains‑guitares s’abattant à un certain stade

De l’oubli

Qui ne s’appelle plus torture

Mais machine‑outil

C’est fou ce que ces gens‑là aiment la musique !

 

Doigts flocons de neige envolés un à un

Tournent les pages

Comment pourrais‑je oublier mes livres d’images

Où un sang d’encre clair

Tache le bout de mes ongles

De l’empreinte de vos cœurs scellés dans la pierre

A en crier.

 oliviers.jpg

Mercredi, 25 août 1999

Partager cet article
Repost0

commentaires