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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 22:19

L498xH370_jpg_PremierMai2009-4-78903.jpg Photo de Chris Marker

Ces articles ont été publiés sur le site : http://bellaciao.org/fr/

Discours de Jean Rostand

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Patrice Faubert

Jeudi 26 avril 2012

          Extrait idiosyncrasique d’un discours de feu Jean Rostand ( 1894-1977 ) qui fut prononcé le 15 novembre 1968 à la Mutualité à Paris. Des extraits en furent lus à Europe 1 par feu Georges Brassens ( 1921-1981 ), qui en recommanda la lecture. Feu Jean Rostand fut l’un des plus grands savants français, et en autres choses diverses, fut aussi le poète des crapauds et des grenouilles, comme feu J.H. Fabre ( 1823-1915 ) fut le poète des insectes, et n’oublions pas qu’il y a 200 millions d’insectes par individu, et j’ai donc eu la chance de correspondre avec feu Jean Rostand lorsque j’étais jeune, à une époque où je m’ intéressais grandement à l’erpétologie.

 Long extrait d’un discours de feu Jean Rostand

 “ Chers amis

Comment peut-on être Persan ? s’écriait-on au siècle de Montesquieu. Moi, je dirais volontiers aujourd’hui : Comment peut-on ne pas être citoyen du monde ?

Quand on voit les atrocités, les injustices, les exactions commises au nom de l’idole patrie ; quand on voit à quelles sanglantes impasses conduisent tous les nationalismes ; quand on voit comment, pour un peu de pétrole, de cobalt, ou d’uranium, les sentiments les plus élémentaires d’humanité se trouvent bafoués ; quand on voit comment les exigences de l’égoïsme sacré font bon marché de la vie et de la dignité humaine, s’il s’agit d’assurer la possession d’une matière première ou d’une zone d’ influence, quand on voit les sommes fabuleuses gaspillées pour des armements qui ne serviront jamais, ou qui, si par malheur ils servaient, mettraient en péril l’espèce entière, autrement dit, quand on voit les peuples se ruiner, ou pour rien, ou pour leur suicide : quand on songe qu’avec ces dépenses militaires on pourrait créer partout l’abondance annoncée par Jacques Duboin, résoudre tous les problèmes économiques et sociaux - à cause desquels le monde est divisé en blocs antagonistes ; quand on songe à tout ce que la science, la médecine, la culture, la démocratie pourraient gagner à une pacification du monde qui libérerait tant de puissance et d’énergie , absorbées jusqu’ici par l’oeuvre de mort ; comment ne pas rêver , tout au moins, d’une humanité sans frontières et capable enfin de se consacrer à des tâches non plus mesquinement nationales, mais planétaires.

Le spectacle que donne présentement le monde n’est pas fait pour rassurer les amis de la paix. Jamais, il n’a paru plus désuni et plus éloigné de l’union. Partout flambent les nationalismes, les chauvinismes, les racismes, les fanatismes. Partout règnent en maître l’esprit de rivalité, la volonté de domination, la sauvagerie des soi-disant civilisés. Armer l’esprit de l’enfant pour que sa main n’ait plus à être armée : voilà une belle formule.

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Oui, débarrasser, purger les manuels scolaires de tout ce qui peut nourrir les funestes séparatismes ; épargner aux collégiens le sinistre récit des batailles ; se garder de leur détailler les beautés de la stratégie napoléonienne, leur faire comprendre qu’un boucher sur un trône n’en est pas moins un boucher et que les arcs de triomphe et les colonnes Vendôme ne sont que des reliques d’une proche barbarie : les initier aux découvertes scientifiques et aux progrès de la justice, plus qu’aux prouesses meurtrières ; les pénétrer de cette notion qu’aucune guerre n’est belle, qu’aucune victoire n’est glorieuse - puisque les te Deum se chantent sur les charniers, leur enseigner dès le plus jeune âge qu’aucun peuple ne vaut plus qu’un autre, qu’aucune race n’ est supérieure à une autre, qu’aucune patrie ne s’est au cours des temps noblement conduite plus qu’une autre ; leur montrer qu’il n’est pas d’histoire nationale qui ne soit un tissu de férocités et de félonies ; bannir des programmes tout ce qui peut contribuer à mettre dans l’esprit des jeunes un sentiment de primauté nationale, en quelques domaine que ce soit ; matériel, spirituel, moral.

Un de mes amis, professeur d’histoire, me citait naguère , le mot d’un écolier, qui venait de recevoir son livre d’histoire ; “ J’ai reçu mon livre de guerre ”. Et bien, nous ne voulons plus que les livres d’histoire soient des livres de guerre.

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 Pour moi, être pacifiste, ce n’est pas forcément être prêt à tout sacrifier à la paix, mais c’est quand même être capable de lui sacrifier beaucoup de choses et à quoi l’on tient. C’est voir obstinément en toute guerre la gigantesque erreur judiciaire que fait la somme des peines capitales infligées à tant d’innocents ; c’est ne pas consentir aux grossières simplifications et falsifications que diffusent les propagandes pour attiser les haines ; c’est refuser d’égrener le chapelet des slogans de commande et des calomnies de consigne ; c’est ne pas clamer qu’on veut la paix quand on fait le jeu des fanatismes qui la rendent impossible ; c’est dénoncer sans relâche l’atrocité, l’ignominie de la guerre, mais se garder d’imputer à l’un des belligérants des atrocités hors série ; c’est s’interdire de dénoncer d’un côté ce qui se fait ou se ferait aussi du côté adverse ; c’est condamner, dans tous les camps ; les jusqu’au-boutismes et les intransigeances ; c’est s’affliger quand, pour quelque cause que ce soit, on voit un fusil entre les mains d’un enfant ; c’est être obsédé par les fantômes de tous ceux qui sont morts pour rien ; c’est préférer que les réconciliations devancent les charniers ; c’est n’être jamais sûr d’avoir tout à fait raison quand on souscrit à la mort des autres...

Un monde uni ne pourra être bâti que par des hommes et des femmes ayant au coeur ce pacifisme-là. ” Jean Rostand ( 1968 )

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Quelles sont les origines du 1er mai ?

Un article publié dans le journal polonais “ Sprawa Robotnicza ”

Rosa Luxemburg

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 L’heureuse idée d’utiliser la célébration d’une journée de repos prolétarienne comme un moyen d’obtenir la journée de travail de 8 heures [1], est née tout d’abord en Australie. Les travailleurs y décidèrent en 1856 d’organiser une journée d’arrêt total du travail, avec des réunions et des distractions, afin de manifester pour la journée de 8 heures. La date de cette manifestation devait être le 21 avril. Au début, les travailleurs australiens avaient prévu cela uniquement pour l’année 1856. Mais cette première manifestation eut une telle répercussion sur les masses prolétariennes d’Australie, les stimulant et les amenant à de nouvelles campagnes, qu’il fut décidé de renouveler cette manifestation tous les ans.

De fait, qu’est-ce qui pourrait donner aux travailleurs plus de courage et plus de confiance dans leurs propres forces qu’un blocage du travail massif qu’ils ont décidé eux‑mêmes ? Qu’est-ce qui pourrait donner plus de courage aux esclaves éternels des usines et des ateliers que le rassemblement de leurs propres troupes ? Donc, l’idée d’une fête prolétarienne fût rapidement acceptée et, d’Australie, commença à se répandre à d’autres pays jusqu’à conquérir l’ensemble du prolétariat du monde.

Les premiers à suivre l’exemple des australiens furent les états-uniens. En 1886 ils décidèrent que le 1er mai serait une journée universelle d’arrêt du travail. Ce jour-là, 200.000 d’entre eux quittèrent leur travail et revendiquèrent la journée de 8 heures. Plus tard, la police et le harcèlement légal empêchèrent pendant des années les travailleurs de renouveler des manifestations de cette ampleur. Cependant, en 1888 ils renouvelèrent leur décision en prévoyant que la prochaine manifestation serait le 1er mai 1890.

Entre temps, le mouvement ouvrier en Europe s’était renforcé et animé. La plus forte expression de ce mouvement intervint au Congrès de l’Internationale Ouvrière en 1889 [2]. A ce Congrès, constitué de 400 délégués, il fût décidé que la journée de 8 heures devait être la première revendication. Sur ce, le délégué des syndicats français, le travailleur Lavigne [3] de Bordeaux, proposa que cette revendication s’exprime dans tous les pays par un arrêt de travail universel. Le délégué des travailleurs américains attira l’attention sur la décision de ses camarades de faire grève le 1er mai 1890, et le Congrès arrêta pour cette date la fête prolétarienne universelle.

A cette occasion, comme trente ans plus tôt en Australie, les travailleurs pensaient véritablement à une seule manifestation. Le Congrès décida que les travailleurs de tous les pays manifesteraient ensemble pour la journée de 8 heures le 1er mai 1890. Personne ne parla de la répétition de la journée sans travail pour les années suivantes. Naturellement, personne ne pouvait prévoir le succès brillant que cette idée allait remporter et la vitesse à laquelle elle serait adoptée par les classes laborieuses. Cependant, ce fût suffisant de manifester le 1er mai une seule fois pour que tout le monde comprenne que le 1er mai devait être une institution annuelle et pérenne.

Le 1er mai revendiquait l’instauration de la journée de 8 heures. Mais même après que ce but fût atteint, le 1er mai ne fût pas abandonné. Aussi longtemps que la lutte des travailleurs contre la bourgeoisie et les classes dominantes continuera, aussi longtemps que toutes les revendications ne seront pas satisfaites, le 1er mai sera l’expression annuelle de ces revendications. Et, quand des jours meilleurs se lèveront, quand la classe ouvrière du monde aura gagné sa délivrance, alors aussi l’humanité fêtera probablement le 1er mai, en l’honneur des luttes acharnées et des nombreuses souffrances du passé.

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Notes

[1] L’usage était alors une journée de travail d’au moins 10 à 12 heures par jour.

[2] Il s’agit du premier congrès de la II° internationale.

[3] Raymond Lavigne ( 1851- ? ), militant politique et syndicaliste.

Et un bon 1er mai rebelle à tous !

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