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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 17:40

        Cette fois-ci et parce qu'il s'agit d'un très grand poète alors il faut une écriture connaisseuse et poétique à la fois... 
      Quelques extraits d'un texte en hommage à Aimé Césaire écrit par Christiane Chaulet Achour une grande amie spétialiste de la littérature algérienne et des Antilles, entre autres... Pour la découvrir elle et ses multiples travaux et livres :
www.christianeachour.net              Pour Aimé Césaire
Christiane Chaulet Achour, 17 avril 2008
(Université de Cergy-Pontoise, Centre de Recherche Textes et Francophonies et Département des Lettres modernes)

“ Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir ”
Cahier d’un retour au pays natal )


Aimé Césaire est né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe en Martinique. Il aurait, cette année, 95 ans… Sony Labou Tansi lui rendant hommage en 1989, écrivait : “ Césaire poète aura mis le feu de l’âme à la paille des arbitraires et des insoutenables ( … ) L’art du poète est aussi l’art d’apprivoiser la foudre. ”

Il fait ses études primaires et secondaires dans l’île puis part à Paris en 1932, après son baccalauréat, au Lycée Louis le grand et à l’ENS. C’est alors qu’il découvre Rimbaud et le marxisme. Il collabore à la revue Légitime défense. Mais surtout, en 1934, il fonde avec Senghor et Damas, la revue L’Etudiant noir qui entend mener un combat culturel. C’est dans ce groupe qu’émerge le mot “ Négritude ” qui prend sa charge poétique dans Cahier d’un retour au pays natal :

“ Ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité
ruée contre la clameur du jour
ma négritude n’est pas une taie d’eau morte
sur l’œil mort de la terre
ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale
elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l’accablement opaque de sa droite patience. ”

      Césaire a toujours insisté sur le fait que, pour lui, sa conception de la négritude n’était pas biologique mais culturelle et historique : il s’agit d’approfondir la conscience d’appartenir à la race noire et d’avoir la volonté de revaloriser la culture africaine.
      Dès 1935, il se met à la rédaction du Cahier d’un retour au pays natal dont une première version paraît dans la revue Volontés. Juste avant la déclaration de guerre, Il rentre en Martinique avec son épouse Suzanne. Ils sont tous deux professeurs au lycée de Fort-de-France. Au cours de sa carrière d’enseignant, Césaire a eu de nombreux Martiniquais devenus célèbres. Parmi ses élèves, il aura ainsi Joby, le frère aîné de Frantz Fanon qui passe à Frantz les cours de Césaire lorsque celui-ci prépare seul et à l’avance son baccalauréat.
      Entre 40 et 44, il crée la revue Tropiques avec René Ménil. Suzanne y est très active. C’est en 1941 qu’André Breton, de passage en Martinique, découvre Tropiques, Césaire et le Cahier d’un retour au pays natal. Il est enthousiasmé et le texte qu’il écrit alors, “ Un grand poète noir ”, deviendra la préface de l’édition du Cahier en 1947. ( … )
      Cette année 1946, il publie chez Gallimard Les Armes miraculeuses, poèmes et tragédie. La tragédie a pour titre, Et les chiens se taisaient ; avec elle, Césaire inaugure sa création théâtrale illustrée plus tard par d’autres pièces. De cette tragédie, je veux retenir ce cri du Rebelle qui a tant marqué la littérature ensuite :


“  Mon nom : offensé ; mon prénom : humilié ;
mon état : révolté ; mon âge : l’âge de pierre.
( … )
Ma race : la race tombée. Ma religion…
mais ce n’est pas vous qui la préparerez avec votre désarmement…
c’est moi avec ma révolte et mes pauvres poings serrés et ma tête hirsute

Très calme

Je me souviens d’un jour de novembre ; il n’avait pas six mois et le maître est entré dans la case fuligineuse comme une lune rousse, et il tâtait ses petits membres musclés, c’était un très bon maître, il promenait d’une caresse ses doigts gros sur son petit visage plein de fossettes. Ses yeux bleus riaient et sa bouche le taquinait de choses sucrées : ce sera une bonne pièce, dit-il en me regardant, et il disait d’autres choses aimables mon maître, qu’il fallait s’y prendre très tôt, que ce n’était pas trop de vingt ans pour faire un bon chrétien et un bon esclave, bon sujet et bien dévoué, un bon garde-chiourme de commandeur, œil vif et le bras ferme. Et cet homme spéculait sur le berceau de mon fils un berceau de garde-chiourme.
( … )

Tué… Je l’ai tué de mes propres mains…
Oui : de mort féconde et plantureuse ( … )
J’ai choisi d’ouvrir sur un autre soleil les yeux de mon fils ( … )
Il n’y a pas dans le monde un pauvre type lynché, un pauvre homme torturé, en qui je ne sois assassiné et humilié  ”. ( … )

      En 1948, il publie un nouveau recueil, Soleil cou coupé chez Gallimard et, en 1949, Corps perdu avec des gravures de Picasso, aux éd. Fragrance.
      C’est en 1950 que paraît un texte qui n’a pas fini d’éclairer le phénomène historique du colonialisme, Discours sur le colonialisme, aux éd. Réclame ( il ne sera réédité par Présence Africaine qu’en 1955 ). Comme l’écrit en 1989, Sony Labou Tansi :
    
      “ J’ai relu plus d’une cinquantaine de fois le Discours sur le colonialisme, je n’y ai trouvé aucun germe de haine, aucun transport de rancune ou d’amertume. Je n’y ai rencontré qu’un humanisme sans complaisance, qui ne fait de cadeau à personne ( … ) Malgré l’ampleur du problème et la nature passionnée de la question coloniale Césaire y met tellement d’humanité qu’il arrive à présenter devant nos consciences la double misère du bourreau et de la victime, la déshumanisation du maître et de l’esclave, le double piège qui mène au triple triomphe de la médiocrité sur la raison, sur l’intelligence et sur l’esprit ”. ( … )

      En 1956, Il participe au Premier Congrès des écrivains et artistes noirs à la Sorbonne. C’est l’année où il quitte le PCF ( “ Lettre à Maurice Thorez ” ) et fonde le PPM, Parti Progressiste Martiniquais, dont l’objectif est l’autonomie martiniquaise et non l’indépendance. Il publie une version définitive du Cahier à Présence Africaine.
      1960 et 1961 sont marquées par la publication de deux recueils, au Seuil, Ferrements et Cadastre. Du premier, retenons :

 
“ Blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen
N’y eût-il dans le désert
Qu’une seule goutte d’eau qui rêve tout bas,
Dans le désert n’y eût-il
Qu’une graine volante qui rêve tout haut,
C’est assez,
Rouillure des armes, fissure des pierres, vrac des ténèbres
Désert, désert, j’endure ton défi
Blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen. ”

      En 1962, c’est une étude historique sur Haïti qu’il fait paraître à Présence Africaine, Toussaint Louverture – Etude historique sur la révolution et le problème colonial. Sur la lancée, en quelque sorte, de cette présence de Haïti, si vive dans son parcours, il écrit, en 1963, La Tragédie du roi Christophe ; en 1965, Une Saison au Congo : ces deux pièces réfléchissent au pouvoir et au chemin difficile des libérations et des indépendances. Sa dernière pièce sera un “ dialogue ” intertextuel avec Shakespeare dont il adapte la pièce, sous le titre Une Tempête – La Tempête de Shakespeare pour un théâtre nègre. ( … )
      En 1976, les éditions Desormeaux à Fort-de-France éditent Aimé Césaire, œuvres complètes, en 3 volumes. ( … )
      En 1982, il édite, toujours au Seuil, Moi, laminaire.
      L’année suivante, en 1983, c’est le 25ème anniversaire du PPM.
     En 1986, Césaire donne l’édition critique définitive du Cahier ( Présence Africaine ).








“ Pour un cinquantenaire
A Lilyan Kesteloot
Excède exsude exulte Elan
Il nous faut Présence construire ton évidence
En contreforts de pachira
En obélisque
En cratère pour menfenil
En rayon de soleil
En parfum de copahu
Peu importe
En poupe de caravelle
En flotille d’almadies
En favelles
En citadelles
En rempart d’andésite
En emmêlement de pitons
Il n’importe
Le vent novice de la mémoire des méandres
S’offense
A vif que par mon souffle
De mon souffle il suffise
Pour à tous signifier
Présent et à venir
Qu’un homme était là
Et qu’il a crié
En flambeau au cœur des nuits
En oriflamme au cœur du jour
En étendard
En simple main tendue
Une blessure inoubliable. ”
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