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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 23:43

Mort à Meudon Hommage à Céline Suite...Celine04

 

Ouaouf !… C’est qu’à l’époque on rigolait encore beaucoup moins qu’aujourd’hui avec la santé des bonnes gens qu’étaient soupçonnés d’avoir trahi la cause l’unique celle de la patrie armée jusqu’aux dents pour se défendre de toutes les autres des patries et armées aussi… le pacifisme c’était la mitraille j’ai expérimenté la suite je vous en reparlerai… 

Céline lui à peine resurgi des bas‑fonds de sa prison de la Vestre Fængsel où il a manqué calencher dix fois alors qu’il crèche dans la petite cabane que leur prête à lui et à Lucette l’avocat Thorvald Mikkelsen à Klarskovsgaard sait tout à fait ce qu’on lui veut.  

 Le 13 ( octobre 48 )

Mikkelsen

KlarskovgaardKorsor

  Cher Ami,

  ( … ) Si j’ai des amis, tant mieux. J’ai tant de haines. Mais attention au pavé de l’ours ! j’ai toujours l’article 75 au cou. Pensez que mes ennemis vigilants ont grand soin de ne point me le faire ôter. Il me paralyse. ( … )

Entre moi et mes accusateurs, il y a un fossé infranchissable, une question d’espèce, presque de sexe. Mes accusateurs sont tous des employés – moi non – les employés changent de patron. Ils ont toujours un patron. Je n’ai jamais eu de patron. ( … )  ”

Bardamu l’anarchiste est bien là et de sa morgue ni de sa grandeur il n’a rien perdu le bougre ! Et deux ans plus tard après que Monnier ait réussi à faire republier plusieurs de ses ours on retrouve sa gouaille habituelle avec la façon qu’on les types comme lui d’être toujours un peu demain… “ 

                                                                                                                                                                                   Le 20 ( janv.50 )

Mon cher Ami,

  ( … ) Je crois qu’il faut à présent sonner les cloches. La province française me semble d’après les coupures, vache, rétive, coriace, comme à bannir ! Donc de grands canards !… Les canons à conneries ! pour et contre ces abrutis qui répèteront encore en l’an 2000 que La.va.val. et A.ba.betz. et Pe.pe.ta. et Ce… li…

Votre bien fidèle. 

  A la finale le Ferdinand furieux de Monnier et rien que le titre déjà il époustoufle comac !…  les déboires en délire de cet apprenti éditeur  qu’est au départ plutôt dessinateur à la Mahé et qui s’embrouille sacrément pour la cause de l’amitié c’est tout ce qui me fait croire aux bons plans pas prévisibles des apprentis de la mistoufle… Ouaouf !… Monnier celui qu’allait asticoter son dab de rédaction le sieur Paul Lévy l’amical le brave le fraternel Lévy… “ Encouragé, je décidai d’entamer un processus de réédition. Alors là, pardon ! Je n’étais pas au bout… ” Ouais eh bien c’est pas des noisettes ni du p’tit lait qu’il va déguster l’amateur ! Cézigue je peux vous l’assurer avec la connaissance et les causes !… Ouaouf !… Sans la ramener à l’exagération mézigue et la Bonnie la rebelle avec certificat de bonne volonté pour la débine on s’y est lancées derechef pareillement dans la baraque à édition… Fallait voir l’envie qu’on avait de relier les rares qui font pas de l’écriture leur fond de commerce à patates et le peuple qu’aimerait savoir de quoi il retourne mais peau de balle l’autorisation pas plus pas moins que les rancards on ne les lui refile jamais… Ouaouf !… Ouaouf !…

C’est que ça lui fournirait du rêve au peuple de visionner des histoires qui lui retirent une minute rien qu’une ses paluches épluchés à vif de sur la chaîne chez l’Oréal ou chez PSA vous comprenez ?… Mais tous les créateurs les vrais ceux qui ont rien à carrer de la “ tendance actuelle ” ou de “ l’effet de mode ” le savent un peu que le peuple le populot le petit trèpe on ne le rencontre jamais sauf si on va se les coltiner les chaînes des usines et les trimards d’abomination des pauvres et de ceux qu’on jamais rien entravé aux épouvantements des écoles hein ?… Ce qu’il annonce Céline c’est que c’est tout un savoir‑faire l’écriture un métier à remettre sans cesse au feu comme ceux qu’elle se farcit la canaille… un apprentissage dans la souffrance des doigts qui font mal et des épaules frissonnantes dans les heures du sacré labeur et ensuite faut se faire un peu cheminot pour apprendre le monde n’est‑ce pas ? “ Travailler pour rien, l’horreur ! Quelle honte. ( … ) ” “ … je suis un ouvrier, qui veut gagner sa vie, un artisan. ” et un peu plus loin encore “ Je ne suis pas un auteur pour les coups d’esbrouffe et les ventes au scandale ! ( qui durent un mois ), je ne travaille que dans le durable. Et le durable sauf exceptions, ne se travaille pas sur le pouce, 6, 4, 2 !… ”  27-ter-Route-des-Gardes-copie-1.jpg  

Je me suis souvent posé la question de savoir si le Docteur Destouches quand il embarque pour New York en février 1925 à bord du Minnetonka an service de la SDN pour aller enquêter sur place dans les usines au sujet de l’hygiène et de la médecine du travail n’était pas déjà en train de s’imprégner de tout un univers qui ne lui était pas très familier… celui des ateliers et des usines monuments géants du taylorisme avec leur crasse graisseuse et leurs ivresses pour oublier la mort qui guette au coin des heures de nuit… avec leurs déchéances physiques et morales avec leurs cuissages leurs tuberculoses leurs amputations et leurs truffe de vieillards à peine dix ans passés dans les lieux… Toute cette misère épaisse et grasse que les familles comme celle de cézigue ont engloutie et régurgité dans un langage borgne qui crachotait et buttait aux entournures des phrases pour se casser avant d’avoir dit ce que c’est que l’intime d’une existence ouvrière mais que Mémé quand elle racontait inventait à chaque mot qui passait par ses mains longues fines et décharnées de petite bobineuse des filatures du Nord à sept ans…

Donc Céline l’inventeur d’une langue populaire émaillée sertie coulée à feu clair en petites touches à l’intérieur des fils d’argent mat ne va pas cesser de Voyage à Féerie le premier de ses ours publiés par Gaston Gallimard et jusqu'à Rigodon de remettre sur l’ouvrage les mots de ceux qu’il a sentis touchés soignés aimés avec sa pudeur farouche et désordonnée et détesté avec volupté jusqu’à ce que tout un monde à jamais muet avant son passage se hurle se torde se jouisse se démembre et se gémisse à travers ses lignes… c’est une langue non pas nouvelle mais recueillie au fond des temps qu’il sait autant que celle de Villon sans doute immortelle… Voilà ce qu’il va écrire à ce sujet à Monnier peu de temps avant que Gallimard reprenne l’affaire en mains… “ Je pense que nous publierons ‘ Féerie ’ en diverses étapes, le tout serait trop long à attendre. Vous savez, c’est plutôt des vers que de la prose. Les gens quand ils en ont lu 40 pages, ils ont mal à la tête ! On pourrait alors publier une première tranche, quatre chapitres par exemple, cet été, ce sera prêt, ma femme mon écouteuse, a mal à la tête après 20 pages !  et dans la lettre suivante deux jours plus tard “ Oui, je crois ‘ Féerie ’, l’hiver, si j’y arrive à temps ! Mais vous savez, c’est une sacrée voltige ! Et je suis un bien vieux épuisé clown ! Ils me font marrer tous ces critiques, ils ne savent pas encore que le cinéma existe, que leurs romanciers préférés font à présent des scénarios pour films ‘ sans s’en douter ’ comme Prudhomme faisait de la prose. Que le roman vraiment est ailleurs, dans la transposition émotive, que pour le reste l’objectif, le cinéma s’en charge! Et mille fois lieux, l’herbe est depuis longtemps coupée sous leurs pieds, engrangée, c’est fini ! Moutons abrutis qui s’acharnent à paître dans des vallons chauves !   Chats---Meudon-d-tail.jpg

Sûr qu’on ne peut pas dire mieux et qu’il le savait exactement à la virgule près Céline ce qui la guettait la langue classique… Ouaouf ! … Mais en attendant qu’on en arrive dans quelques lustres improbables à une écriture qui sorte de ses beaux quartiers d’endormissement Monnier se rend compte que Céline est totalement impubliable par les moyens ordinaires qu’on croit être ceux qu’on nous vante dans les écoles quand on n’est pas encore parfumé de leurs façons et de leurs procédés… “ Quelques jours passent. Je commence à comprendre que les relations d’éditeur à auteur ne se fondent pas seulement sur la valeur littéraire du second. ” Trimbalé à la fois par Flammarion… Plon… la NRF… et pas que… Monnier alpague un micro éditeur susnommé Charles Frémanger qui ne sait pas non plus où il va se fourrer… Ouaouf !… “ Pour relancer Céline ( on est en 1949 hein ? ), pour remettre ses livres en vente dans les librairies ( … ) il fallait encore et surtout une gigantesque dose d’inconscience… 

Ouaouf !… Ouaouf !… des poteaux qui se moquent pas mal de la revanchardise à mort des dénonciateurs des tondeurs des foireux fouillant aux pots de chambre à cacas de mémoire ils en sont les deux loustics... Monnier d’abord et Mahé le marin d’eau douce de la péniche la Malamoa dont on va recauser plus tard à propos de la période de Montmartre… et m’étonnerait que vous en entendiez beaucoup jacter ailleurs… La suite on la sait et c’est bien la preuve que sans un et avec une âme solide et fière de marin abordant les rugissants on peut nous autres tracer la piste là où les baveux eux restent au terrier mais ce qu’on s’en tape alors !… La suite c’est la republication de Voyage par la maison Froissart invention de Monnier l’irréductible chevalier “ Mais si Voyage part lentement, Céline n’en est pas moins présent dans les librairies après cinq ans d’absence… ” Et Monnier ne va pas s’en arrêter là bien sûr ! Il crée “ Frédéric Chambriand ” “ Je crée une firme… sans un centime… Je propose d’éditer Céline sous ma responsabilité, sous mon nom… ” Monnier déniche un banquier un distributeur et Zouh… Hop là !… Ainsi vont être réédités coup sur coup Casse‑pipe Mort à crédit Scandale aux Abysses… ce qu’est quand même une prouesse redoutable tandis que Céline est en plein procès et que ça chauffe dur à ses basques… 

Pierre Monnier peur de rien conclut son récit par quelques mots qui disent tout des lascars dans son style et dans celui de Bardamu “  je m’engageais avec bien peu d’atout, sinon d’abord la confiance de Céline. ‘ C’est dit une fois pour toutes 

  “ Le 14 août ( 49 ).

Cher Ami,

 Je reçois à l’instant votre lettre très substantielle et réaliste, qui m’apprend qu’en somme tout va bien. Mais il faudrait que courant d’air ( Fromanger ) passe chez Daragnès avant le 22 courant, pour ce que vous savez, sinon, je ne serai pas content, et mes muses non plus, et il n’aura pas d’autres ouvrages ! oh ! faire cracher régulièrement ces loustics, quelle torture ! Il fera largement fortune avec moi, s’il est ouvrier, carré, ponctuel.

Foutre de ces histoires d’articles, Paraz France‑Amérique et patati, aucune importance ! C’est le boulot qui compte, le reste c’est tout de la merde ! Paraz s’est bien amicalement comporté en ma faveur, ça va, je ne lui parlerai de rien. Je suis archi‑saturé, blasé de tous les patati, pataques, charibouibouis de la ratatouille littéraire !

Qu’on me vende, que je touche et que personne aille en prison ! C’est tout. Le reste est affaire entre le boulot et moi. Strictement. ( … )

Bien votre ami.

L.‑F. CELINE ”

 

“ Le 30 ( août 49 )

Mon cher Monnier,

Je reçois votre lettre à l’instant, où vous me confirmez que courant d’air ne souffle plus du tout ! ( … )

Je connais cette ignoble cavalcade, qui consiste à payer les dettes précédentes en bouffant le blé en herbe ! Denoël en est mort ! Carambouille indéfiniment échelonnée !…La Vérole des maisons d’édition ! Une nouveauté ! une nouveauté ! canailles ! pas de nouveauté avant que tout ait été douillé. Il faut prévenir ces imbéciles rastaquouères contre leur propre dévergondage. En vérité l’édition est impossible. Sauf miché, ou état. Courant d’air est en train de découvrir cette inexorable vérité. Pas besoin de se gratter pour chercher un éditeur autre : N.R.F.‑Paulhan.

Quand on aura décidé de basculer courant d’air, j’écrirai un mot à Paulhan. ( … )

Votre ami, et toutes nos amitiés à nous deux.

La-Route-des-Gardes.jpgL.‑F. CELINE ”

Ah ! les lettres de Céline on peut pas arrêter quand on commence à se les tortorer c’est du plaisir buccal à l’état brut de la gourmandise sucrée salée tout à fait la bonne confiture de salidou des pâtisseries de Saint‑Malo… Ouaouf ! Et c’est pas la chienne Bonnie la goulue aux étalages qui me contredira ! Ça pique net direction des flots comme les petits sternes noirs et blancs dans l’élégance… ça coule au fond du lampion en douceur et ça rebondit à la vague le poisson argent au bec… ça effarouche les papilles et ça brûle piment d’outre‑mer avant de revenir piailler direction du large et du phare de Cézembre… Cap dessus ! Cap dessus !… Ah ! les malheureux lustucrus qui n’ont pas lu les milliers de bafouilles du correspondant le plus habile qui soit dans les papillons à paillassons… Ouaouf !…

Et voilà pour ce qui est de Monnier qui a été chroniqueur à la fois dans L’insurgé et dans Combat si ça peut vous mettre au parfum… ce qu’il en est des amis les vrais les frangins qui ne lambinent pas au portillon en astiquant par derrière leur queue de pie bien lustrée par cent mille millions de courbettes devant ces excellences et ces seigneuries et frottis frottas contre le pied des trônes de papier avec trouillomètre au zénith… Comment la bouillie et les glaires des petits valets qu’affirment et désaffirment qu’abondent et débondent qui chantent haut et fort et qui déchantent bas et mou pourrait‑elle avoir quelque chose à voir du côté des voyageurs nocturnes hiboux blanchis au miel des ruches lunaires…

 Quand je pense à cette époque où je gagnais petitement ma vie et celles de ma femme et de mon fils en vendant des dessins, je me dis que pour tenter cette aventure, dans laquelle d’ailleurs ne songeaient pas à se risquer ceux qui avaient la surface et les épaules suffisantes pour s’en sortir sans dégâtes, je me dis que j’étais vraiment bien peu réaliste. Et pourtant, je n’ai pas le souvenir d’un seul moment de découragement. ( … ) ”Ferdinand furieux

Quant à Henri Mahé le poteau en écriture si tellement proche parfois du style de Céline qu’on les sent tous les deux dans la résonance totale… dans l’écho quoi… et des engueulades ce qu’y en a alors !… Ouaouf !… ouais Mahé c’est le décorateur du Balajo du Moulin Rouge des cinémas Elysée‑Gaumont le Grand Rex et le Paramount bricoleur de fresques sur le paquebot Normandie et barbouilleurs des bordels de la rue Joubert ou du 31 Cité d’Antin night‑clubs et autres boîtes de la night… collaborateur en déco des films d’Abel Gance… enfin tout pour plaire quoi !… Ferdine va le rencontrer en 1929 au moment où il emménage au 98 rue Lepic en haut de Montmartre… Dans le Bulletin Célinien N°29 Germaine Constant qui a été de ces époques aux épopées inoubliables raconte “ Les dimanches de la Malamoa, c’était nos jeudis enfantins. On revenait aphones de Bougival, à force d’avoir chanté, dans l’autobus de Saint‑Germain. 

Eh bien ! vu que les éditeurs eux il y regardent pas à la déchéance et qu’ils croquent… cette non évocation de notre Bardamu et de ses cinquante balais aux fraises nous aura au moins permis de mettre la main sur La brinquebale avec Céline qu’était introuvable jusqu’ici et la suite que Mahé a rédigé avant de calencher du côte de New York La genèse avec Céline… Un bonheur pas négligeable par ces temps de raretés poétiques… Ouaouf !… Juste trois mots pour vous mettre la salive à la bouche de ce qu’écrivait Céline dans une lettre à Louis Delrieux à propos de Mahé…

“ J’aime Henri comme un frère, mais il a la crédulité du Breton… Il est léger. Je suis sérieux… Il vit dans la comédie‑Je vis dans la tragédie‑ ” Qu’on sache seulement que Céline n’a pas hésité à demander à Mahé de lui illustrer Voyage et il composera d’ailleurs une quinzaine de planches dans ce but en 1962 mais Ferdine n’était plus là pour s’époumoner et rugir c’était trop tard… On conviendra que cette période de la vie bohême du Docteur Destouches qui prend la suite de la galère des banlieues et des dispensaires alors qu’il n’a pas encore plongé dans le bouillon des écritures romanesques nous éloigne un peu de notre but précis à cette heure : faire découvrir à ceux qui ne sont pas trop effarouchés par le mal à la tête après 20 pages de lecture les incroyables dix dernières années de la chienne de vie de celui qui a blaqueboulé notre façon de nous attabler aux festins des histoires… Pourtant dans le bouquin de Mahé sa fameuse Brinquebale il y a deux notes qui font rebondir cézigue sur la suite de nos aboiements un peu dérisoires et un peu tristes aussi vu que Ferdine nous a bien lâchés la vache !… Ouaouf !…

Elles ne sont pas datées car ce qui caractérise Mahé c’est son côté nomade dans les notations au jour le jour… à vous de faire le boulot pour vous y retrouver et Hop !… D’après la chronologie de l’ensemble je dirais que c’est début 1935 quelque chose quoi… Céline est en train de “ fignoler ” Mort à crédit d’après les précisions vagues de Mahé…

 98, rue Lepic

le jeudi

( … ) Lorsque je l’allais voir à Saint‑Germain, nos conversations, durant les repas, hautes en couleur et en ton,effarouchaient grandement l’austère clientèle collet monté, fervente lectrice des auteurs fadasses et ces honnêtes gens ne manquaient pas de se plaindre amèrement à la Direction de cette outrageante promiscuité. Son départ fut considéeé par tout ce monde ‘ bien ’ comme un soulagement… Ce seront les mêmes cavés, les mêmes cavettes qui se taperont un rassis devant la plaque : ‘ C’est dans cet hôtel que L.F. Céline a écrit Mort à crédit ’, quand elle sera scellée sous le porche… 

Malheureusement et pour une fois Mahé n’était pas visionnaire car il n’y aura jamais aucune plaque de scellée sous aucun porche d’aucun immeuble ni d’aucun hôtel où a vécu et trimé le Docteur Destouches pas plus de Louis‑Ferdinand Céline d’ailleurs… Pas d’inscription non plus à l’entrée du cimetière des Longs‑Réages à Meudon et il y a à craindre que la Villa Maïtou sa dernière maison son refuge et sa tanière qui a vu mourir l’un après l’autre Bébert Bessie Toto et tous les autres animaux et leur patron bien‑aimé et qui a déjà été la victime propitiatoire d’un incendie gigantesque ne risque le bulldozer sitôt son ultime occupante actuelle Lucette Almanzor partie elle aussi du côté des démons et des anges… J’ai eu la chance en me baladant du côté de la rue Lepic un jour du joli mois de mai de trouver au bas du mur du 98 un tag qu’on poète de la mistoufle et de la tendresse de l’irrévérence et du refus avait apposé là comme un baiser rouge sur une toile blanche… On pouvait y lire : “ Ici s’aimèrent Louis‑Ferdinand Céline et Lucette Almanzor ” J’ai trouvé ce témoignage magique et affectueux tout à fait digne de figurer dans une bio de Ferdine en tant que titre de chapitre…

Et voici la seconde note de Mahé pas plus datée que la première… on imagine… 1935 encore…

“ Hôtel Frascati – Le Havre de Grâce

le 14 

‘ En vieillissant tu verras ce qui reste. Rien du tout. Hormis la violente passion de parfaire, cousine de la mort. ’

Beaucoup de grands artistes éprouvent avant la mort la violente passion de parfaire… Elle est même typique chez les peintres. Lautrec, malade, remonte mettre de l’ordre dans ses croquis… Degas, a demi aveugle, cerne les formes… Bonnard intensifie la couleur… Tant d’autres… 

‘ Cousine de la mort ’, ce désir de perfection ? ar elle, tu es ! Comme un peintre primitif… Mais tu l’attendras trente ans encore… Tout le temps de parfaire… 

Bateau-ivre-Meudon.jpgLa brinquebale avec Céline            

 Alors à demain! 

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commentaires

G
<br /> <br /> Oui je suis d'accord commémorons, commémorons, d'ailleurs j'ai remis mon nez dans ses oeuvres, et j'ai ressorti un petit conte intitulé" histoire du petit Mouck". Mais est ce bien Céline qui l'a<br /> écrit ? Et puis j'ai ressorti mes bd de Tardi illustrant les textes de Céline. Merci et bonne journée<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
<br /> <br /> Salut Guilène !<br /> <br /> <br /> Alors toi aussi la bretonne tu es une passionnée de Céline Destouches Bardamu etc... Ben tiens... Justement je pensais à toi en écrivant le premier article. Je me demandais si tu étais allée<br /> faire un tour aux Etonnants Voyageurs de Saint-Malo ?<br /> <br /> <br /> Oui c'est Céline qui a écrit l'histoire du petit Mouck... C'est un amateur en féeries et en contes et Tardi a illustré Casse-Pipe Voyage et Mort à crédit de façon pas croyable ! Tous les<br /> deux ils ont eu en horreur la guerre et personne ne pouvait rendre aussi fort cette géante boucherie...<br /> <br /> <br /> Bon week-end et à bientôt. Bises d'amitié. Dominique<br /> <br /> <br /> <br />