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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 23:04

Le retour de Sinbad suite...

Bateau bleu

Tomy qu’a tout de suite pigé que Sinbad est plus solitaire que le vent et qu’a aussi remarqué la venue du cormoran noir d’une taille supérieure à celle des autres au-dessus de la petite cabane chaulée blanc qu’il en a fait son territoire il a été vite fait d’accord de le prendre  dans son équipe même si c’est un peu improvisé comme affaire forcément… Les mecs qui se pointent pour décharger les bateaux ils sont là quand ça leur chante et y’a pas de routiniers dedans leurs rangs ni de ceux qu’ont l’habitude de pointer pour entrer et pour sortir…

Les dockers c’était un monde marginal où bourlinguaient des poètes paumés milieu d’la nature qu’arrange bien leur besoin d’une nourrice végétale… des chercheurs d’étoiles ou de météorites… des éleveurs de papillons qu’ont fui pour l’été leurs grottes de verre… des acteurs de théâtre qui croient avoir changé de décor mais ils ont gardé leur costume faute de mieux qu’ils planquent dessous leur ciré trop grand et leurs sabots bottes taillés direct dans des vieux pneus… Tous ceux qui rappliquent du côté des ports à c’t’époque ils ont largué un monde que des vieillards aux fouilles bourrées de pièces d’or qui se traînent vautrent rampent dedans les ruelles de la Babylone ruinée ils poussent comme une grosse pierre en haut d’la colline des ordures et qui va leur redébouler sur la tronche Boum ! Boum ! Badaboum !…

Y avait encore un ou deux clochards qui dormaient sur le port après que les p’tits boulots qui leur assuraient y’a pas des lustres la tartine de brichton gris étalée aux sardoches et le litron de jaja bien vinaigre à estourbir poinçonner n’importe quel estomac d’ivrogne ils aient pris le large et pour qui c’était le bout de la route les lèvres gercées du sel aussi sûr que du pinard à faire danser la bourrée aux damnés revenants des troquets du port… Que des macchabs on en reniflait dessous les entassements de filets à renfiler qui desséchaient plein pavé des entrepôts à poiscaille béants éventrés baveux au matin c’est probable qu’y en avait mais personne s’intéressait à eux… Les plus allumés du coin c’était une bande de types paumés qu’avaient rapporté d’Inde d’Afghanistan ou d’ailleurs en plus de leurs colliers de perles de couleurs et de leurs cordelettes de tissus tressées l’accoutumance à la poudre de pollen et leur cuir tanné comme celui de vieux marins ressusciteurs de trois mats…

Bateau-1.jpg 

Tomy il a pigé vite fait que Sinbad était un garçon pas ordinaire à cause de tous les piafs en plus du cormoran noir qu’ont divagué rué envolé à sa rencontre dès le premier jour comme s’ils le connaissaient… Piaou !… Piaou !… Cri !… Cri !… Zaout !… C’était une fourmilière d’oiseaux une marée à tourbillons de plumes vertes rouges bleues un carnaval avec sa tambouille de chants et de cris qu’ébahissaient fort et ensuite ils l’ont accompagné toutes les nights dessus le chemin qu’attrape le port et qu’y faut suivre plus d’une plombe à pied même si la pluie mouille froid dans le dos avec les sabots bottes qui rendent la marche encore plus laborieuse que ça fait la troupe des pingouins vous imaginez ?

   Sinbad c’était un garçon pas ordinaire qui raconte colporte ressasse mais des fois c’est pas des mots juste des hululements les histoires de la Cité qu’il a larguée qu’elle est restée avec les basses eaux et celles de l’Arabie là-bas au loin et on n’savait pas d’où qu’il les tenait…. On aurait dit qu’il était chahuté… agité… trimballé entre un monde d’irréel une caravane qu’embouchait mirage la baie qu’est un désert à sa façon du côté où les marées elles remontent rien qu’une lunaison et encore… une caravane avec les plaques de sel comme des étendards d’argent figés momifiés aux flancs des chameaux qui s’étire lézard tordu sa queue jusqu’à l’horizon et celui où les bombes aérosol en postillons de gazes légers pareils que ceux qui frétillent jaune citron lilas caramel aux reins des filles des p’tites danseuses tutus et ballerines mousseuses crépons vert pomme et rubans écarlates qu’il se souvenait à l’intérieur de pages des bouquins chez Yvon il les trouvait girondes… les bombes d’aéro elles marquaient les murs de la tess’ de leurs tatouages frénésie. Tomy qu’avait pas mal connu de gens et de paysages et qu’était un peu plus vétéran que lui il avait l’impression que Sinbad était au parfum des choses très anciennes…

 

A la pause de deux heures du mat sur le port Sinbad et Tomy ils sont déjà devenus des poteaux même si pourtant chacun d’eux lâche pas la cruauté de la solitude dans la journée parc’que la vie c’est comme ça ! A l’intérieur des bistrots des bars à marins du port ouverts toute la night et qu’les frappes d’ailleurs fréquentent pas rien que des habitués des noctambules affûtés d’l’estomac on graille les casse-dalles aux sardines les assiettes de frites à submerger étouffer grassouiller les deux bassins entiers et des seaux de moules aussi noyés de bière quand y’a moyen la patronne une femme de marin elle lésine pas aux quantités les gars ils ont l’ardoise et à la fin du mois on s’arrange c’est comac ! Pour ceux qui ont jamais assez quand c’est la paie elle offre le plat du jour additionné aux autres dessus l’ardoise c’est l’entraide on cause pas ça va de soi !

Chacun normal il pioche le bar que fréquentent ses poteaux la crème des docks qui s’attroupe s’entasse aux meilleures tables “ Chez Marita ” le bocal à Geuze de la pure de la vénale extra du lambic juste fermenté à point trempé des fruits sucrés pas trop tous ils réclament la Kriek à la cerise un peu sûre et aussi la lambic à la framboise ou à l’abricot avec la mousse de devant qui neige aux orifices et tellement qu’elle a du fruit que les gars la lippent à même les goulots des boutenches ou au rebord des verres ça c’est la troupe des jeunots qui sirotent mais pas trop sinon ils finissenFigure-de-proue.jpgt pas le turbin et la night les rallonge au bout du banc alors Marita leur jette une couvrante dessus les guiboles et elle les laisse jusqu’à la fermeture c’est bon…

Les autres ils vont au “ P’tit Loeyick ” les plus sérieux qui réclament la Chimay aux tonneaux que le patron débouche à la cave et qu’est débarquée d’Anvers en rade y’a pas un mois… de la bleue de la triple de la rouge de la dorée et chez lui on peut s’emboucher aussi la faro qu’est des plus rares avec son suc candi qui fait péter les bouteilles… P’tiff ! Paf ! Ptiff !… que la fermentation elle s’arrête jamais c’est la meilleure celle des connaisseurs les vieux dockers de Rotterdam d’Anvers ou d’Helsinki… 

A la pause on traînasse pas chacun il a sa place quasi la même faut se magner vu que c’est vite fait englouti les moments d’répit et le service il s’organise pour que les gars retournent au taf ric‑rac alors sitôt à quai y a des groupes qui s’mettent en train on cause à peine on rejoint ceux d’son bord mais des fois les jeunes se mêlent aux dockers habitués le tarbouif dedans leurs moules frites mais pas les femmes… Les femmes elles entrent jamais dans les bars où y a les hommes comme si c’était deux sortes de tendresses qui s’refusaient…

Parc’que c’monde-là il est dur et ça arrive qu’on r’trouve un type poignardé sur le seuil d’un bistrot après une beuverie… ouais ça arrive… et ça s’peut que ça soit un type qu’a l’âge de Virgile… C’monde‑là il est pas fait pour les filles sauf certaines qui ramènent exprès… et c’est vrai qu’il renferme en lui d’la tendresse enfouie comme tous les ports et dont on n’cause pas…

 

Le bistrot où Sinbad il suit Tomy qu’est un habitué et que les vieux dockers ils acceptent sans moufter mais leur regard il se frotte à ses sabots bottes pour savoir il s’appelle “ Chez Barbara ”… Là‑dedans c’est la brume de la cafetière et de la cocotte à moules qui fricote avec la lumière rase des ampoules on se voit pas on s’devine ! La patronne est une femme portugaise comme on les imagine pas qui s’acharne faire croire à ceux qui passent et surtout aux touristes branquignoles que Prévert a écrit le poème qu’est devenu une rengaine pour finir à une des tables de son boui‑boui et qu’le port de Lorient vaut bien celui de Brest ! Christina est une grosse femme blonde drôlement maquillée qui n’porte jamais de fringues noires et on n’sait pas de quelle région du Portugal elle a pu s’échapper pour la ramener ici sur le port où on dirait qu’tout lui appartient comme si elle y était née…

Dans l’bistrot qu’elle commande pareil un capitaine son navire y a des photos de Prévert partout et même au plafond avec des images de trois mats antiques et glorieux… Au milieu de la night et à chacune des pauses les gars qui font pas l’arsouille dans les troquets à bière et qu’ont d’ardoise nulle part ils se retrouvent chez Christina qu’on a surnommée Bistrot.jpgaussi Barbara pour lui faire plaisir et parce qu’elle oublie volontiers d’compter les plats de ceux qui viennent s’embaucher à la nuitée… Christina n’leur fait banquer que la bière qu’ils avalent à grandes lampées comme des vrais marins pour se réchauffer et pour redonner aux muscles qui cognent qui craquent leurs cordages un peu de langueur… Ni Christina ni Jeff son julot qui gère les piaules de l’Hôtel du port aux tarifs affichés à l’allure du client n’sauraient dire pourquoi Lorient et pas Brest justement ou bien Anvers et même Rotterdam… Des bistrots comme c’ui-là on en trouve dans tous les ports justement !

A suivre...

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