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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 22:54

      Y a des mois de ça avant que je m'éclate l'épaule droite et que ça dure je vous avais fait la surprise d'une Petite chronique au sujet de Monsieur Céline et ceux qui lisent notre blog régulier savent que Céline c'est pour mézigue bien plus qu'un écrivain... Sur le coup de la grande jubilation de cette écriture vu que quand on cause de Céline forcé on entre dans un délire qui n's'arrête plus j'ai décidé d'en faire un bouquin de ma tribulation célinienne et puis après avoir bien entamé l'affaire j'ai laissé de côté parc'que Céline tout le monde écrit dessus n'importe quoi alors à quoi bon...

      Et pis voilà qu'avec la patte cassée le fantôme du géant oiseau black splendide de Meudon est venu tourner au-dessus de mézigue un de ces jours où y avait plus personne et plus rien et c'est encore lui sa silhouette familière comme quand on est allés au cimetière de Meudon l'ami Louis et moi lui faire un signe qui m'a redonné l'envie des mots et la force de l'émotion qu'il faut continuer y aller écrire aboyer Ouaouf ! Ouaouf ! Alors voilà des fragments de ces chroniques du chien du monde... des brouillons bien sûr hein ? Et pour le bouquin on verra... Céline c'est un vrai poteau y'a pas à dire !

Le chien du monde celine-louis-petit.jpg

Epinay, samedi, 14 février 2009

          “ Ces gens-là même que je regardais par la fenêtre et qui n’avaient l’air de rien, à marcher comme ça dans la rue, ils m’y faisaient penser, à bavarder au coin des portes, à se frotter les uns contre les autres. Je savais moi, ce qu’ils cherchaient, ce qu’ils cachaient avec leurs airs de rien les gens. C’est tuer et se tuer qu’ils voulaient, pas d’un seul coup bien sûr, mais petit à petit comme Robinson avec tout ce qu’ils trouvaient, des vieux chagrins, des nouvelles misères, des haines encore sans nom quand ça n’est pas la guerre toute crue et que ça se passe alors plus vite encore que d’habitude. ”

Voyage au bout de la nuit Louis-Ferdinand Céline Ed. La Pléiade, 1981

         Ouaouf ! Ouaouf ! Le revoilà ce chien du monde encore ! Ce sacré bon sang de clébard qui tient à la ramener chaque fois qu’on cherche à la lui faire fermer et qu’il y a péril pour sa peau pour ses poils pour sa tronche de vieux baroudeur d’utopies qui cavale d’un bout de cette carcasse de terre l’autre depuis quarante balais et le reste… Et pourquoi sa gueulerie vous me direz hein ? 

Ouais d’accord il se mêle ! il se mêle !… mais vous n’croyez pas qu’y’a lieu après tous ceux qu’on a vu crever ces derniers temps dans des guerres qui n’sont là que pour le rapport et la finance et bien endormir le populo comme toutes les guerres de toujours Hein ? Ceux qu’on a dégommés pantins du joli jeu de massacre… Paf ! Pif ! Paf ! pour le plaisir… et les autres les fabricants d’armement qui se repassent les jumelles et qu’applaudissent. Et la haine des larbins de la fricaille les chasseurs de négros et de basanés toute catégorie bien établis en ce monde-ci direction des gens du Sud… y’a pas de quoi se mêler des fois ? Et la cervelle en putréfaction des véreux politicards et rentiers gras qui mène la troupe des bigorneaux prolétaires et autres bouffons à se laisser estourbir au formol et sa morbide odeur qu’ils reniflent ravis… y’a pas de quoi ? 

Ouaouf ! Ouaouf ! La question qu’il se pose le chien qu’a la manie des interrogations dans son for intérieur vu que dehors les causeries des autres les humains intelligents il se mêle pas… il a pas lu assez il peut pas hein ? La question… ouais c’est ça… ce qu’il en aurait écrit Céline de la mort crépuscule d’aujourd’hui… la mort des p’tits loupiots n’importe où au fond du sas d’Arabie d’Afrique qu’on les surveille grouiller vermine emportée par le souffle puant de notre chaos moderne avec cette passion qu’ils ont dans leur bande de vieillards mafieux à faire du néant de ce qui veut à toute force s’entourlouper de la vie…

S’il y songeait déjà Céline à la cafardeuse manie de l’humain de malmener sa tribu et ses petits qu’aucune bête aurait l’idée… Dans son discours sur Zola à Médan en 1933 cité par François Gibault ( Céline 1932-1944 Délires et persécutions, Ed. Mercure de France, 1985 p. 59 ) ( Texte intégral in Cahiers Céline, n°1,  Ed. Gallimard, 1976 pp. 78‑93 ) il leur prédisait aux comiques que ça serait de pire en pire leur manière d’abominer le monde et c’est triste comme il avait raison alors !

“ Mais le goût des guerres et des massacres ne saurait avoir pour origine essentielle l’appétit de conquête, de pouvoir et de bénéfices des classes dirigeantes. ( … ) Le sadisme unanime actuel procède avant tout d’un désir de néant profondément installé dans l’homme et surtout dans la masse des hommes, une sorte d’impatience amoureuse, à peu près irrésistible, unanime, pour la mort. ( … ) Quand nous serons devenus normaux tout à fait au sens où nos civilisations l’entendent et le désirent et bientôt l’exigeront, je crois que nous finirons par éclater tout à fait aussi de méchanceté. On ne nous aura laissé pour nous distraire que l’instinct de destruction. C’est lui qu’on cultive dès l’école et qu’on entretient tout au long de ce qu’on intitule encore La vie. ” 

Céline ouais !… oh là là ! faut pas causer hein ?… Je vous ai effleuré déjà ce que le pas imaginable Docteur Destouches m’avait refilé… parc’que Céline excusez dans ma tronche d’ex môme de la banlieue zone d’indicible c’est d’abord toujours le “ Docteur Destouches ” … excusez ou excusez pas mais de l’époque d’après la première tuerie grandiose comme de celle d’aujourd’hui choisir la banlieue de n’importe quelle grande Babylone pourrie de peur effarement misère et compagnie pour marner dans la médecine c’est pas donné à tout l’monde… Et ceux qui n’ont souvent même pas assez de tunes pour aller se faire soigner les ratiches… excusez mais ils sont au parfum de c’qu’un toubib qu’est pas venu là par hasard ou parce qu’il a pas eu le choix mais à cause de son envie de filer la paluche aux gens des faubourgs c’est précieux ça ouais !

Le chien et moi on a pas cessé depuis notre vagabondage à Meudon d’essayer d’entrer en communication avec ce type trop incroyable qui soignait les pires lascars et qui en connaissait un bout sur l’âme des gens alors !… Ouaouf ! Ouaouf ! Mort Céline en 1961 dans la grande fournaise du juillet qui démarre et pose son couvercle de marmite banlieue sur la Seine aux brumes d’herbes folles… Vous y croyez vous ? Eh bien nous autres pour sûr qu’on y croit pas une seconde et qu’à chaque fois on la sent sa présence là au creux du fouillis des plantes en sauvagerie des bords de Seine comme il aimait aller s’y frotter avec Agar le grand chien terrible ! Pas dire qu’on les voit en chair et en poils non… et pourtant hein ?… des fois qu’on se pointe dans la Nightd’automne quand les ciseaux des rives taillent au creux des tissus des brumes des fantômes légers qui dansent entre les silhouettes noires des saules et des plantes d’eau géantes…celine-affiche.jpg

Mort Céline lui qu’a fait que s’empoigner avec la chienne d’existence qui lui tenait si fort à l’âme et à la peau qu’il s’est battu brandissant les armes en papier du chevalier Don Quichotte pas qu’on le traîne au gibet et Lucette et Bébert itou tant qu’il a pu ? Et même bien avant d’avoir entrepris de passer sa médecine et de boucler sa thèse sur le médecin accoucheur hongrois Semmelweis alors qu’il en revient juste de la grande tuerie déjà il s’intéressait à donner des tuyaux aux gens pas qu’ils soient dévorés crus par les maladies de la misère qui fréquente partout dans les milieux ouvriers. Oh ! c’était des choses simples… des conseils sur l’hygiène et des petites façons de se soigner comme on en a bien besoin dans les maisons des familles semblables à la mienne ainsi que le raconte Frédéric Vitoux dans son histoire de La vie de Céline, ( Ed. Gallimard, collection Folio 2004, p. 219 ) :

“ La paix pour lui ne changeait donc rien. La mort demeurait au programme, à l’horizon. Il fallait continuer d’engager contre elle une guerre de chaque instant. Appelons‑là la croisade contre la tuberculose, mettons. Il fallait s’épuiser à dresser une parole vigilante, consolatrice – comme autant de conseils inutiles au fond, inutiles autant qu’indispensables. Face à la mort donc, la dernière triomphatrice contre laquelle on n’en finit pas de lutter, avant de rendre les armes. ”

“  Elle est alors elle‑même aux prises avec les paparazzi et les journaleux de la presse à sensation. Mais, si quelque chose ne lui a jamais manqué, c’est la répartie, le quolibet comme elle dit elle‑même. Elle sait, très vite, et pour quelques secondes, abandonner cette aristocratie naturelle qui tient si bien les autres à distance et proclamer avec calme : ‘ Je ne trouve ces feuilles‑là qu’aux chiottes, et mon cul ne sait pas lire. ” ( Ferdinand furieux, Pierre Monnier Avec 313 lettres de Louis‑Ferdinand Céline à Pierre Monnier, Ed. L’âge d’homme, 2009, p. 37 )

Arletty aussi on aurait pu la croiser sa dégaine de grand oiseau nocturne au plumage luxueux blanc des chouettes effraies qu’on entend du côté de Meudon et des péniches du chemin de hallage les grosses bien ventrues bien épaisses avec leurs pontons d’amarrage aux couleurs pastel rouillées rose vif… bleu turquoise… vert pomme… leurs boîtes aux lettres branlantes pourries qui pendouillent à des poteaux où on a peint des noms tous plus croquignoles qui seraient sortis  des films de Carné ou de Renoir qu’ça aurait pas d’étonnement… Ce qu’on en a fait du chemin là… nous autres à renifler les relents qui viennent direct des berges de la vase mélangée touillée avec les plantes d’eau leurs lacets bleuâtres qui grimpent gigotent aux pieds des pontons qu’on voit profond malgré les remous bruns terre et ocre et les bandes de canards bavardeux… ils ont la gouaille des faubourgs eux aussi… qui piétinent à fleur de flotte autour des barques en bois dont la peinture verte rouge cerise ou chocolat s’arrache des flancs pour dériver en reflets touillés à ceux de leurs énormes frangines…courbevoie  

Sûr qu’elle les avait à la bonne pareillement les rives à cet endroit de la Seine qui se frotte sa pelure un peu rouquine contre les ruines béton gris de L’île Seguin Arletty et qu’elle y a bourlingué des fois au bas Meudon avec Céline évident avant qu’ils remontent direction la Routedes Gardes… leurs deux formes noires silhouettes longues fantômes presque déjà d’un temps révolu… Les bords de la Seine à Meudon ça ne pouvait que l’enchanter même si ça n’a pas le côté heureux et insouciant que la bande des peintres impressionnistes ont donné pour toujours aux guinguettes des bords de Marne et leurs taches mauves roses blanches… elle qui avait posé pour Marie Laurencin et Van Dongen dans sa jeunesse… Et puis justement à cet endroit‑là Meudon vers Billancourt c’était encore du petit peuple et de la débine des prolos qu’on pouvait trouver… Enfin c’est ce qu’il en restait et Céline à son retour d’exil il n’a pas pu faire autrement que d’y aller attiré par cette population où il avait démarré y’avait une cinquantaine d’année de ça à Courbevoie pareillement… Arletty ça n’la gênait pas la langue de Céline… ses ricochets… ses balbutiements toujours à la limite extrême du retour à l’animalité… aux grognements et aux aboiements…

“ Une amie m’invite à prendre le café et me réserve une surprise. Dans un coin du salon, debout, un très bel homme aux yeux gris – Présentations : ‑ Céline. – Arletty. Ensemble : ‘ Courbevoie ’. Longue embrassade. Début d’une amitié que rien n’a pu troubler. ”  ( La Défense, Arletty, Ed. La Table ronde, 1971, pp. 140 et 141 ) La-vie-de-Celine-F-Vitoux.jpg

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