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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 20:07

Comme un espoir entre nos mains…

Samedi, 13 mars 2010 Mort de Jean Ferrat

 Cevennes-1.jpg

Ouaouf !… Trop dur !… Je n’peux pas entendre les premiers mots de “ Que la montagne est belle ” qui est pourtant pas du tout mon texte préféré de Jean Ferrat sans que les larmes elles se pointent avec leur écume salée qui pique y a rien à faire… Comme ça depuis que la news nous est tombée et au fond c’est bien parc’que ça remue la vieille bête poussive le canasson qu’arpentait bouillant des arpions les drailles de la Cévennes y a pas trente ans de ça et qui là maintenant que je vous cause bouffe son picotin aux hormones dedans son HLM… Ouis il y est retourné l’animal sur les lieux toujours aussi zone de son enfance la honte !… Et ma pote de chienne Bonie elle a pas suivi elle s’est envolée déjà 18 piges de ça vous maginez… Elle est restée milieu des herbes sauvages des rosiers batailleurs des pommiers et des saules de notre dernier jardin c’est une p’tite part de moi enterrée là‑bas dedans l’argile où je suis encore avec elle… Je vous le dis là en confidence vu que Bonie la clébarde anarchiste la terreur de l’Ouest et des histoires elle est bien vivante la bougresse hein ? Allez pas douter des fois vous me feriez de la peine… Ouaouf !

Ouais… revenons y un peu… donc pas moyen que je m’écoute cette montagne de l’ami Jeannot le camarade du meilleur de tout sans que ça me retourne les sangs et me fasse un mal de chien !… Ouaouf !… Faut vous dire pour que vous croyez pas que je suis dans l’émotion comme ça que la raison elle est simple aussi simple que l’histoire qui va avec… C’est que la période de ma life que je garde en moi comme un secret dont je vous cause par ci par là mais à peine celle de ma jeunesse dans un hameau abandonné des Cévennes où on a mis en route une communauté… ouais ce mot je sais vous connaissez mais est‑ce que vous avez-vous un jour vécu cette expérience‑là ?… où on est devenus à la fois bâtisseurs maçons charpentiers paysans éleveurs potiers fabricants de fromages jardiniers tisserands mécanos et tant d’autres choses encore… et où on a vécu reliés avec les autres communautés éparpillées à travers les vallées qui vont d’Alès à Saint‑Jean du Gard à Florac et à Mende… elle représente pour moi tout l’espoir du monde… Ouaouf !

Oh ! c’est pas longtemps que ça a duré mais chaque jour cette rengaine et surtout ses deux ou trois derniers vers on se la chantait… C’était notre choix à nous gamins d’la banlieue qu’elle auréolait de la beauté des mots… Elle nous donnait raison d’être des marginaux des Indiens aux yeux des autres bien casés bien rangés bien morts… Elle nous libérait de leur jugement et de leur façon de tout bousiller et d’être sûrs qu’il existe qu’on monde le leur… “ Il faut savoir ce que l’on aime Et rentrer dans son HLM Manger du poulet aux hormones… ”  Ouaouf !… Et parce que ce monde qu’on croyait inventautomne-cevennes.jpger un peu comme on écrit une histoire à chaque jour une page du cahier quadrillé… comme on s’en souvient à chaque soir un fragment un bout de mémoire quand on est un griot conteur… ce monde on l’a laissé filer se séparer de nous de notre jeunesse brûlante qui nous l’avait offert notre butin d’enfance notre réalité en devenir chaque matin… alors je ne peux plus l’écouter cette chanson sans avoir au creux des mains comme un espoir perdu qui en finit pas... Ouaouf ! Ouaouf !...

 

C’est drôle en écrivant les mots au‑dessus j’ai l’impression que je cause de quelque chose qui vient définitif de s’éteindre comme un petite lampe douce et bonne de lumière que quelqu’un a emportée avec lui… Ouais c’est ça… y a plus d’espoir entre nos mains d’aujourd’hui si on y regarde de près y en a plus du tout c’est l’ombre partout dans tout au bout de tout !… Mais si on se dit ça comme ça tout brutal et qu’on essaie pas encore de s’y coller à la petite loupiote… de s’y réchauffer nos paluches d’hiver et de prolos des mots de griffeurs de paplars d’atenteurs à la pudeur du silence de mort alors ça sera trop dur… Alors mézigue et le clébard de la bonne aventure on va tenter une autre fois de vous les enchanter vos cages à miel !… Ouaouf !

Et là ça va être de l’histoire populaire de la vraie de la vécue de l’origine de l’authentique mémoire de cézigue et Bonie la chienne anarchiste comme vous la fréquentez pas vu que ceux qui les racontent les histoires toujours on s’demande où donc qu’ils l’ont casée leur life comme s’ils étaient vautrés entre l’parquet en chêne et la moquette pure laine depuis qu’ils ont mis leur museau au portillon et que jamais ils posent leurs arpions dedans la vie hein ? Ouaouf ! Ouaouf !… Enfin pour nous autres c’est la pénibilité totale c’t’époque qu’on se farcit alors !… Oh ! pas tout l’temps que ça a été comme ça bien vrai et on a même eu la frime comme je vous disais de se fader nos 20 piges dans les années où y avait des p’tites camoufles allumées par tous les recoins de la Cévennes notre territoire à utopies… les miens c’était 1976 qu’on imagine ! Ouais les miens c’t’entendu vu que Bonie la bestiole d’épouvante la fouineuses à poubelles l’éventreuse de boîtes à conserves pourrissantes une horreur sur pattes qui schlingue du clapoir que c’est pas supportable… elle avait tout juste trois balais et c’était une semeuse de zone comac… Ouaouf !

Et mézigue qui est une bavacheuse sans retenue c’est exact je l’ai modéré l’enthousiasme de vous la dire notre histoire qui est pourtant de ces temps vautrés aplatis au fond dchevres-troupeau.jpge la niche avec collier d’interdits trois tours et muselière sur le tarbouif aussi peu probable que si on l’inventait que ça ferait un extraordinaire cinoche science‑fiction pour les marmots mais… Ouais mais le problème c’est que si je vous l’allume ma lampe à mirages j’vais en avoir bien du mal à continuer à faire limace ici milieu d’un monde qui est si tellement vieux que celui d’y a trente piges derrière à côté du coup il a l’air tout momignard “ comme un espoir mis en chantier… ” Ouais probable que c’est pour ça que j’me décide pas depuis que j’écris y a un bail… à en causer de notre transhumance qu’on avait tous mise en route les gamins des banlieues et des campagnes les enfants de prolos et de bourges touillés mic‑mac à la même marmite des désirs qui sont devenus sans qu’on sache comment notre réalité…

Ouaouf ! Ouaouf !… Me semble que c’est ça… tant que je l’écris pas notre espoir il y reste encore un peu accroché “ comme une étoile au firmament ” à la lumière qui pétillait de ses centaines de petites loupiotes des hameaux de la Cévennes sauvage… notre Commune perchée aux flancs de sa montagne de lauzes noires de la Vallée Longue à la Vallée Française au‑dessus de la ville d’Alès noire encore plus alors la cité des mineurs de charbon… Et qui sait… que je me dis vu qu’on a été des tas d’allumeurs de rêves le long de cette tranchée qui s’étire du Gardon aux Gorges du Tarn et qui s’enfonce encore plus encore plus jusqu’à Mende à l’autre bout du plateau sucé frotté ravagé des zephs les plus épouvantes et de tous les soleils d’insensé… y en a d’autres que mézigue à cette heure qui se souviennent et qui pourraient eux z’aussi la chanter la goualante des Indiens de la grande terre qu’avaient déjà y a 30 piges de ça je vous le confirme et c’est pas Bonie qui me contredira… Ouaouf ! Ouaouf !… qu’avaient déjà pigé qu’elle venait juste de commencer la transhumance des hommes sans terre et que la vraie histoire des peuples c’est qu’ils sont pour toujours des nomades…

Ouais c’est ça que j’aimerais ça me botterait de la raconter avec les poteaux qu’étaient tout pareil que nous autres des mômes de la zone qu’avaient décidé subandre1.jpgit que ça allait bien de crounir rancir ici à l’intérieur des Blocks béton de Macadam city blues et qu’ils s’en vont reprendre la route que leurs vieux ils ont arrêtée là dedans la tess’ y a des années de ça et Hop !… Nos vieux ils étaient racinés dedans ces cités et ils pouvaient pas retirer leurs arpions du bitume on aurait dit qu’y avait pas le monde tout autour qu’y avait pas au‑delà de l’océan l’Arabie et aussi l’Afrique et au‑delà du fleuve la petite campagne la terre de leurs ancêtres paysans ouvriers qu’y avait rien d’autre que les murailles de la Babylone ghetto d’où ils bougeront plus jamais !… Ouaouf !…

 

Ouaouf ! Alors quand on a choisi de se casser ils ont pas compris nos vieux… ils nous refilaient un présent avenir de béton bien solide bien lourd bien rassurant pour des siècles et on en voulait pas !… Nous ce qu’on guignait c’était la bonne aventure la piste qui s’en va là‑bas loin qu’on en voit pas le bout la croisée des chemins le Far Ouest l’Abyssinie l’Andalousie Cuba les Papous le TransSibérien…Bonie-petit.jpg tout c’qui bouge qui refuse de s’installer quelque part… Bon attention ! je vous raconte pas tout là franco de comment on y est arrivés à nos Cévennes communautaires parc’que sans ça on y passera des lustres et pis pas que j’exagère avec mézigue… suis pas du genre à étaler ma bio comme un greffe sa pelure de loustic lézard au soleil sauf pour écrire l’histoire des gens hein ? Et d’abord faut que je me remémore… que je me rafraîchisse… pas que j’embrouille et que je vous distille du frelaté de l’inexact du fermenté aux bloches !… Que la Bonie l’infernale la farfouilleuses elle me reprendra si je me goure en fourrant son tarbouif baveux entre mes paluches comme elle fait avec ses mirettes à l’inventaire des côtelettes et Zouh !… Ouaouf ! Ouaouf !…

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commentaires

F
<br /> J'aime beaucoup ce beau texte qui nous livre un petit bout de Toi. En plus j'ai ainsi fait la connaissance de Bonie/Sentinelle. Grand merci Dominique ! Et bien sûr bises diablotines.<br /> <br /> <br />
Répondre
<br /> Coucou Françoise,<br /> <br /> Et surtout un grand merci à toi pour ce commentaire car figure-toi que j'ai remarqué qu'à chaque fois que je parle sur notre blog de la période de ma vie dans les Cévennes la fréquentation diminue<br /> sensiblement... Et cette fois encore c'était le cas alors je me disais que finalement<br /> Non ! je n'écrirai pas cette histoire sur ces pages vu que tout le monde se fiche d'un moment essentiel de notre réalité commune d'il y a à peine 30 ans... Donc j'ai ma réponse : je l'écrirai pour<br /> toi et ça me va très bien ! <br /> Pour notre Bonie l'infernale tu l'as rencontrée déjà dans "La Hurle blanche" si tu te souviens... Et je peux t'assurer qu'elle a vraiment existé et qu'elle était... une terreur de l'Ouest ! Mais<br /> Sentinelle lui ressemble sacrément ! Bisous sucrés salés de Dominique <br /> <br /> <br />