Ce que les gourmands disent
On a chaussé des bottes de sept lieues
Pour partir loin des ennuyeux
Des vieux grincheux des vieux baveux
Qui traînent l’hiver derrière eux
Dans des gros sacs plein de chaussettes
Trouées ça leur monte à la tête
Tiens ! Les escargots font la fête
A des salades en goguette
Pour accueillir les pâquerettes
Au bal musette où vont les gueux
On a chaussé des bottes de sept lieues
On a chaussé des bottes de sept lieues
Pour les laisser ronger entre eux
Les freins de leurs trains de fâcheux
Ça lâchera un jour tant mieux
Et à fond de train les charrettes
Aux roudoudous et aux sucettes
Dévaleront dans nos mirettes
Avec des chats faisant la quête
Pour que profitent les poètes
Les doux amants et tous les gueux
De gourmandise à qui mieux mieux
On a chaussé des bottes de sept lieues.
Les dieux d’or
Là comme deux grands iguanes bleus du désert
Leur épine hérissée d’émeraudes entières
Leur armure d’acier au reflet d’argent vert
Contemplant immobiles et royaux amants
Fiers la cité d’écarlate aux désirs de pierre
Taillés à même le ventre dur de la terre
Laves livrées aux rouges joyaux de l’enfer
Là comme deux grands iguanes bleus se chantant
Le chant fou d’amour des dieux d’or nés des torchères
Mais nus là sous l’illusion des écailles claires
Et s’ouvrant blessures tels d’amoureux cratères
Nous livrons au désert nos cris royaux vibrant
De jouissance épluchés par ton épée nos chairs
Que le jus généreux la pulpe chaude éclairent
Là debout seuls face au pipe‑line de verre
Nous dansons la danse d’amour des dieux du temps
Là comme deux grands iguanes nés du désert
Secouant leur côte d’émeraudes entières
Pour s’accoupler légers maîtres de la lumière
Petits dieux immortels ruisselant de rivières
Au loin des temples d’or notre plaisir s’étend.