Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
  • Contact

Saïd et Diana

Said-et-Diana-2.jpg

Recherche

Texte Libre

Texte Libre

Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

1 mai 2009 5 01 /05 /mai /2009 23:13

Atlantide…

Epinay, jeudi, 30 avril 2009

 

      “ Je devais apprendre plus tard qu’il n’y a qu’une expérience valable pour chacun de nous, celle que nous avons sentie dans nos propres nerfs et dans nos propres os. ( … ) Comprendre, imaginer, deviner, c’est associer selon des modalités inépuisablement diverses des sensations acquises par l’expérience, et acquises seulement par l’expérience… Toute la mécanique de notre érudition ressemble aux notes écrites d’une partition musicale, et notre expérience d’être humain, c’est la gamme sonore sans laquelle la partition restera morte. Combien y a‑t‑il d’historiens, de psychologues, d’ethnologues ‑ les spécialistes de l’homme ‑ qui, lorsqu’ils assemblent leurs fiches, ressemblent à un sourd de naissance copiant les dièses et les bémols d’une sonate ? ”

Fragments d’une vie, Germaine Tillion, Ed. du Seuil, 2009 in Le Monde Diplomatique Avril 2009 p. 3

 

       Ouaouf ! Ouaouf !

      J’pense que ça n’vous surprendra pas de retrouver la voix de cézigue le clébard dans une histoire chienne… Toute façon va falloir vous y faire vu que maintenant on ne se causera plus que par jappements et compagnie… Savez pourquoi que la langue des autres c’est pas la nôtre… celle de notre culture populaire… des contes qu’on dit et des histoires qu’on se repasse avec les mots qui viennent… 

Donc nous voici en train de rapatrier notre langue qu’a tellement d’atmosphères différentes d’images et de petites musiques aussi là où on la cause et c’est très bien et c’est pas trop tôt ! Une langue chiennement inclassable vu qu’elle s’écrit au moment où elle s’entend et après Hop ! elle bondit ailleurs… Elle ne sera jamais emprisonnée dedans son costume de papier… Ouarf !

 

      Vous n’me croirez pas mais en lisant ce texte quasi‑inédit de Germaine Tillion je suis tombée sur le cul… Un cul de chien vous me direz… y’a pas grand effort à faire… Germaine Tillion je la connais de son travail sur l’Algérie et voilà qu’elle explique comment son expérience terrible des camps lui a ouvert la compréhension de ses observations d’ethnologue qui ont duré pas moins de quatre années parmi les peuples berbères d’Algérie…

      Son texte qui tient deux grandes pages du Monde Diplo je pourrais le recopier intégral tellement il me colle à la peau des pattes comme si j’avais pu l’écrire avec d’autres mots… les miens mais c’est de la même chose qu’on causerait… Le chien et moi forcé qu’on en revienne pas qu’une personne comme ça qui a bien été servie pour c’qu’y est des études et des diplômes écrive à la finale et dans les dernières époques de son existence ce que mézigue le clébard qu’a jamais fait d’études de rien ça se saurait même si j’ai fourré ma truffe dans toutes les sortes de bouquins qui parlent de l’humain… ce qui m’est venu à coup de grosses colères par la tripe direct au bout des doigts… que l’histoire des gens c’est de l’intérieur qu’on se la prend pardi !… Ouaouf ! Ouaouf !

      Combien de fois j’ai ressenti ça en lisant les textes des intellos de toutes les catégories possibles du “ grand savoir ” et encore plus quand ils se mêlent de causer de quelque chose qui touche la réalité de la vie des “ classes populaires ” enfin de nous autres quoi… Fichtre ! que je me disais à chaque fois… ces gens‑là n’ont jamais trempé leurs godasses dans du fumier de chèvre bien bouseux et bien odorant et encore moins ils ont été remplir des bidons de plastique à un petit ruisseau bien glacé pour remonter ça à bout de doigts gelés en pleine bise d’hiver cévenol en haut du hameau c’est probable… 

      Ça c’était du temps où je vivais cette expérience paysanne qui m’a servi de scène primordiale donc c’est à ça que mézigue le clébar se réfère pour tout le reste vous pigez ?…

      Ce qu’ils racontaient au long de pages et de pages c’était sûrement très intéressant et drôlement documenté pas de doute… ils les avaient étudiées les théories piochées ci ou là dans les écrits ou les paroles de ceux qui avaient fait un p’tit tour par les communautés ou les villages communautaires comme le nôtre entre les années 1970 et 1980… Ils en avaient potassé des bouquins qui étalaient des théories libertaires… situationnistes… les histoires de la vie des Indiens d’Amérique… des tribus Papoues et des habitants des plus sauvages petits bleds d’Afrique… Ils avaient peut‑être bouquiné des bibliothèques entières qui parlent des révoltes des jeunes et de leurs désirs de changer le monde que tiennent systématique à leur refiler leurs vieux mais jamais jamais ils ont vécu une simple expérience humaine qui met tout leur être toute leur peau tout leur passé et leur histoire perso d’un seul coup en jeu… qui les met en danger terrible de s’y perdre et d’aller au bout tout au bout de leur night…

      Jamais ils n’ont connu l’Atlantide… Ça non jamais ils l’ont pas connue et ce qu’ils bavouillent c’est juste des mots mais c’est pas la vie…

      Sûre je suis en la lisant Germaine Tillion que pas un qui a traversé l’épouvante de ces camps de mort qui est l’expérience du bout de la vie… ou d’autres territoires différents comme ceux de la marginalité de la rue qu’a connue Bukowski ou la déchirure des mondes colonisés quand on est pris entre ( sans cesse ) le rôle du maître et celui de l’esclave si on veut être de son côté et qu’on n’peut pas comme ça a été le cas pour Hélène Cixous et pour Jean Pélégri en Algérie… Non… aucun de ceux‑là ne nous aurait jugés comme ils l’ont fait les autres ces bouffons… 

      Les mêmes qui remplissent des rouleaux de papier des imprimeries de leurs discours de rassasiés sur ceux qui voulaient juste vivre autrement… Mes amis morts d’overdose… de dérapages incontrôlés sur une petite bécane trafiquée à Rungis… partis pour l’Afrique et jamais revenus… mes amis qui n’avez rien mis de côté pour l’hiver pour le retour improbable… vous y êtes allés au bout de la colère au boute de l’errance au bout de la vie…

      Non aucun de ceux‑là n’aurait raconté nos jeunesses extrêmes que nous sommes les seuls à connaître dans toutes les cicatrices qu’elles nous ont faites avec le mépris hautain pour l’authenticité de nos actes et la pureté joyeuse de nos utopies…

      Ce qu’ils en savent eux qui n’ont pas bougé de leur statut de maîtres des grandes écoles… de leurs chaires de leurs salles de conférences… de leurs appartements chauffés rue des Ecoles ou rue Saint‑Jacques… ce qu’ils en savent de ce que ça veut dire à 17 berges de quitter sa famille pour se retrouver dans un milieu différent… hostile… souvent étranger à tout ce qu’on connaît et sans la moindre sollicitude pour notre jeunesse… Ce qu’ils en savent de ce qu’a été à la fois notre désarroi et notre espoir de ce grand rêve commun qui n’en a pas fini aujourd’hui de faire charogne dans les banlieues où ils ne mettent jamais les pieds… hein ?

      Ce qu’ils en savent de l’Atlantide notre territoire reperdu englouti à nouveau tout au fond de nous de notre devenir barré par leurs milliers de bedaines alignées de notre mémoire braises dessous les collines de déchets morts de notre silence devant l’enfant couvert du sang rouge de nos foulards dénoués… l’enfant venu juste après… ce linceul de notre jeunesse posé sur lui…                     Photo tag Jacques Du Mont
A suivre...
   

Partager cet article
Repost0

commentaires