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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 18:07

      Une enfance bohême d’écrivain ordinaire... suite...

 Epinay, dimanche, 8 juin 2008

      C’est un banc qu’est toujours vide… y a des oiseaux aussi juste à droite pas loin de la fontaine ça sent très bon des aubépines je crois… vous aimeriez…
      Si vous voulez je vous lis une ou deux pages juste pour l’impression hein ?
      D’accord… mais juste une ou deux pages hein…
      Parole de lézard ce TGV Paris-Montpellier c’est devenu par force son territoire elle passe là-dedans aussi long temps que des nomades du désert transporteurs de sel sauf qu’elle son temps il est enfermé sous la carapace du gros reptile qui la trimballe comme dans les contes de fées d’un morceau d’sa vie à l’autre… Sûr qu’sa vie c’est moitié iguane des gares quand elle débarque dans la night elle voit des dunes et ça lui va bien…
      En sautant Hop ! Hop ! du TGV de 5H23 qui coince les buttoirs à 9H30 et se cale en Gare de Montpellier elle croise le conducteur qui vient de larguer la motrice au museau de fennec orange et ils ont échangé un sourire connivence… Se sont jamais rencontrés évident mais avec tous les conducteurs les chauffeurs des p’tits durs ou des grands dans toutes les gares elle a des signes de reconnaissance ils sont pas famille mais z’ont la solitude des z’animaux sans horde qui dodelinent de la tête cherchent des points de repères quand ils arrivent… la tendresse farouche des voyageurs les pieds brûlés des marcheurs de sable…
      Elle a sauté Hop ! Hop ! et pas plus réveillée que ça malgré la quantité de p’tits noirs qu’elle s’est avalée depuis que le miaulement de greffier en chasse du portable l’a sortie d’un bon de sous la couette rouge style les vieux gros édredons c’est dans un Emmaüs d’la zone vraiment pas chère qu’elle l’a choppée dessous un tas de chiffons coussins crados oreillers moitié crevés ripous… elle avait encore transpiré le corps tout mouillé de la sueur pamplemousse de l’aube l’heure de son sommeil profond quand elle s’arrache à ses mirages miroboles ses dunes cuivrées ocre ses tapis trop volant au-dessus des Babylones aux coupoles mosaïques de ces bleus comme les anges en auront jamais où elle arrête pas de marcher à peine elle s’endort…
      Elle a sauté Hop ! Hop ! du TGV de 5H23 calé en gare de Montpellier à 9H30 la gare elle la connaît aussi depuis qu’elle vient des années elle a tracé dedans ses chemins familiers pareils ceux qui traversent les gares de la grande Babel toutes les villes où elle ira jamais flâner paumer sa race de crapauds qui croâ croâ ! autour de la même marre… ces villes ces horaires ces voix ces quais ces gens qui déboulent leurs valises bourrées des choses de leur vie les choses des cris et des poussières de leur vie…
      Ceux qui arrivent et ceux qui repartent aussi déjà y’a des années elle les regardait qu’on les poussait vers la sortie vite vite ! Ils avaient l’ai de ces gens que la zermi emballe au départ de leur naissance et zouh ! C’était une autre gare dans son existence de gamine des banlieues après la Gare du Nord une autre où grand-père Antonin allait voir son poteau Sergio un Espagnol qu’ils s’entendaient d’enfer ensemble vu qu’ils avaient deux choses en commun que personne n’a pu leur chouraver malgré les départs en trombe et les arrivées n’importe où…
      Deux choses ouais… d’abord le béret en laine noire enfoncé bas sur le front qui leur descendait aux oreilles et leur donnait l’allure de vieux guérilléros et puis le silence léger papillon de nuit qui avait squatté leur bouche définitif… Elle n’les a jamais entendu tchatcher plus de quatre mots et ça lui allait bien… on avait l’habitude dans le grognement des motrices le silence buté des ouvriers du rail les cheminots comme on disait… C’était les chevaliers modernes d’un Grall qui se tirait devant carapatait et qu’il atteindraient pas… la prochaine gare… la prochaine gare…

      Bon alors faut suivre ! La Gare d’Austerlitz je pourrais vous en faire visiter d’autres moi… toutes que je les connais sur la terre presque pas que j’exagère à cause d’Antonin qui m’a mis ça dedans et voilà… La Gare d’Austerlitz où Sergio l’Espagnol qui avait fui la dictature avec ses frangins anars de la Republica et de ses années de sang qui lui ont coupé le cou et qui s’étaient envoyés les chemins des Pyrénées sur leurs espadrilles et leurs pieds nus pour atterrir dans les campements on en causait pas… Sergio il conduisait les motrices de ce côté-ci des Pyrénées et c’est tout… il allait jamais plus loin c’était entendu…
      La Gare d’Austerlitz sa main dans celle d’Antonin ses pas qui essaient de suivre les siens ils traversaient le hall comme des oiseaux une volière fabuleuse pour rejoindre les salles de repos des chauffeurs de locos à une extrémité de cet espace maginaire décor de conte et terriblement pas terminable… arrivaient à la hauteur des voix où les durs qui remontaient du Sud roupillaient après avoir déchargé leur cargaison population installée pareille une tribu indienne parquée à l’intérieur de son campement provisoire pour sa première halte après dix plombes de voyage d’errance et Zouh ! direct l’exil… Un autre exil que celui de Sergio et pourtant c’était le même…
      A chaque fois qu’ils franchissaient l’ombre qui protégeait ce recoin de la gare y avait une sorte d’envoûtement qui la prenait elle serrait la main d’Antonin qui l’entraînait qu’il ralentisse obligé ! qu’il obéisse au rituel même s’il mettait toute sa mauvaise volonté elle le retenait arrêtait son élan pour finir elle se figeait devant le campement qui lui paraissait la chose la plus grave et la plus pas ordinaire du monde qui hantait sa mémoire d’enfant…
      C’était une masse d’êtres comme pris dans la cire qu’aurait refroidi d’un moment dramatique et ça en faisait des créatures pas réelles parmi les gens qui bougeaient couraient s’appelaient braillaient et qui n’les reluquaient pas… Pour les voir d’ailleurs fallait être aussi seul que sont les mômes et à la même hauteur que ces gens assis le dos rond les épaules un peu voûtées la tête des femmes on la devinait à cause des foulards blacks les jeunes aussi qui dépassait presque pas des amoncellements grotesques de paquets des collines rigolotes et tristes on aurait dit que tout ça était à vendre un jour de marché…
      Le visage rond et brun des marmots effarés qui fixaient de leurs deux trous de quinquets noirs et vides ce qu’y avait entre eux et elle qui existait pas et qui était aussi peu franchissable qu’un vitre gelée où leurs doigts tentaient de gratter la neige…
      Ce qui lui retirait son insouciance c’est qu’elle savait que même si elle arrivait à s’approcher assez pour voir leurs mains qui serraient des manteaux beaucoup plus moches et plus vieux que son duffle-coat bleu-marine et quelques ours en tissus qui pendouillaient crasseux et miteux entre leurs jambes la distance entre eux et elle resterait la même et aucun signal de reconnaissance ne casserait la limite pourtant pas visible du campement…
 
A suivre...

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