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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 15:18

Dans mon pays... Anouar Benmalek

Après vous avoir parlé des poèmes d'un grand ami Patrick Navaï voici un autre grand ami et dont j'aime mieux vous tchatcher quelques mots des écritures poétiques que de ses romans aujourd'hui... Les romans sont à venir pour dans un jour ou deux... Et de toute façon l'écriture d'Anouar est un désir de poèmes donc... à suivre...

Ma planète me monte à la tête, Historiettes à hue et à dia pour briser le cœur humain, Anouar Benmalek, Ed. Fayard, 2005.

 Quelques mots pour l’ami Anouar...


 
“ Dans mon pays
les oranges sont citrons
et les citrons sont oranges
les labyrinthes sont simples
et les fruits font beaucoup de bruit en naissant ”

      Quelques vers d’un poème d’Anouar Benmalek, intitulé “ dans mon pays ” ça peut paraître étrange à celles et ceux qui ne connaissent ni Anouar qui nous surprend toujours avec les thèmes de ses romans lui qui né en Algérie prend pour espace de ses livre des territoires toujours lointains et différents à la façon des voyageurs vrais de l’obscur d’écrire ni son goût d’une écriture poétique qui d’un coup se tire de l’ours à peine commencé pour faire un recueil de poèmes et voilà !
      On peut être en exil à l’intérieur de sa cité parmi l’exil de ceux avec lesquels on vit chaque jour comme le p’tit renard sur sa planète étrange lui qui ne manque pas les roses mais heureusement qu’y a les couchers de soleil ! Exil des habitants ouvrières et ouvriers renards de la cité d’urgence qu’ils ne cessent de raconter et qui devient de plus en plus mythique à mesure que le pays d’origine s’éloigne mais qui nourrit le présent de rêves et d’une sensualité faite de parfums de couleurs et de sonorités qui sont aussi les nôtres…
      Et on peut faire sa maison de cette étrangeté venue à nous comme une offrande d’ailleurs que tant de peintres de poètes et de simples voyageurs ont été chercher dans ces lointains lumineux. Nos paysages de banlieues et de périphéries sont oranges et citrons offerts par les mains de l’étranger l’ami étranger venues de ces contrées chères à Rimbaud qui est allé y chercher une autre maison que celle des mots…
      Embarqué pour Gênes et Alexandrie surveillant d’une carrière au désert dans l’île de Chypre puis surveillant au palais du Mont-Troodos le dieu Rimbe cherche du travail dans tous les ports de la Mer rouge… Djeddah… Souakim… Massaouah… Hodeidah… avant d’arriver en Abyssinie qui est l’Ethiopie magnifique d’aujourd’hui et de prendre le premier bateau ivre direction l’Arabie heureuse et Aden pour finir… ce “ roc affreux, sans un seul brin d’herbe ni une goutte d’eau bonne… ”
         Rimbaud et son éternelle fuite vers le désir d’étrangeté et d’inconnu qui le mène à Harar vendre le café les peaux l’ivoire et puis… Combien sont-ils ceux qui parmi les jeunes garçons et filles des cités les fils de la troisième génération d’immigrés songent peut-être à une destinée aussi incroyable vers l’Arabie lointaine de leur histoire extraordinaire mais qui pris au piège ne savent plus où se joue leur destinée… Voyageurs immobiles il ne leur reste plus sans doute à l’inverse de ce qu’avait décidé Rimbaud qu’à inventer leur histoire en la taggant sur les murs qui sont leur unique carnet de bord tel un Journal de voyage imaginaire…

      Celles et ceux qui connaissent ont entendu l’ami Anouar au moins une fois raconter des histoires avec pour prétexte de parler de ses livres savent qu’il est avant tout un sacré conteur et un manieur de mots pour qui les premiers textes écrits ont été des poèmes. Mais Anouar ayant décidé qu’on écrit sagement de la poésie publie avec modestie un recueil de ses “ historiettes ” tous les dix ans. Après Cortèges d’impatience paru aux Ed. Naaman Quebeck en 1984 voici publié en 2005 des petites histoires “ pour briser le cœur humain ” sortes de contes de légendes de… poèmes qui commencent bien sûr par : “ Cela s’est passé/il y a longtemps/il y a tellement longtemps… ” et qui nous parlent de la vie tout simplement.
      Parler d’un poème c’est naviguer à contre-sens de la poésie. Un poème ça se lit et puis c’est tout. Et pourtant… Comment ne pas dire l’histoire du “ chien abandonné ” qui “ chemine tristement dans la rue ” et répond à l’enquêteur sur la peine de mort “ Ah oui wouah wouah…afin d’éviter “ tous les désordres ” et pour finir se fait embarquer “ quelques minutes plus tard ” par un camion de la “ Fourrière municipale ”… Et nous voilà parmi les animaux, chats qui “ en été/sèchent ” et “ reverdissent/quand ils boivent/de l’eau ” “ hirondelle qui tousse ” “ Moula-moula/petit oiseau noir et blanc/du Tassili ” “ pinson éperdu ” “ un petit amour chaud dans un océan polaireou bien encore “ le vieil oiseau ” “ aux plumes dépareillées/lavées à l’eau de Javel du temps ”. 
      Et puis ce sont et pourquoi pas “ ver de pomme ” insectes “ cheval cassé ” “ hareng et héron ” venus culbuter contre des créatures humaines cette fois éparpillées telles les plumes du vieil oiseau au gré de “ notre planète ” qui “ a la nausée ” “ surtout les soirs de pleine lune ”. C’est “ une femme à Dehli ” un “ petit soldat courageux ”d’Iran ou d’Irak qui rêve à “ une aile de papillon ” “ une Chinoise à Singapour ” ” la petite catin brune/du quartier réservé de Constantine ” “ qui se voit déjà corde de cithare ” et un jeune garçon du camp de Sabra nommé Dallal. “ Et Dallal me raconta son pays ”
      Et puis après ce sont toutes ces choses de la vie qu’on croise sans trop s’y arrêter et qui elles nous regardent pourtant, comme “ la réalité se repose/à l’ombre du désir ”. Il y a du “ verre pilé ” où “ poser son cœur ” “ un bouquet de fleurs ” qui ne trouve pas les hommes beaux, et puis encore “ la pluie ”… “ Mon amie la pluie ” offerte dans une paume ouverte comme un “ clin d’œil à Jean suicidé ” “ Jean-poète ” “ trop frêle contre train ”…
      Et il y a “ la neige et le soleil ”… “ Tu ne fonds pas ? /Comment le pourrais-je répliqua la neige/puisque je brûle aussi ”… Il y a “ coco câline/douce opaline ” “ avec bouts d’obstination et escarbilles de cœur ” “ et cette odeur ” “ curieusement mêlée à des souvenirs de siestes chaudes/au goût sucré des oranges de Constantine ” et comme je l’imagine ce goût‑là aussi sucré que les mots qui lui ressemblent aussi sucrées les oranges de Constantine que la mémoire d’un désir perdu. Pendant que demeure dans son exil un jeune garçon du camp de Sabra nommé Dallal. “ Et Dallal me raconta son pays ”…
      Et enfin il y a l’amour car comment écrire des poèmes sans amour ? “ Le délicieux tam-tam d’un baiser ” qui répète répète à l’infini “ ne me mange pas/mon amour/je t’en prie ” “ goûte-moi/seulement ”… L’amour comme “ ce temps jamais calmé ” qui nous revient toujours, l’amour “ mauve ” “ plein rêve ”cet oiseau vert qui se moque de tout ” celui à qui seul on peut dire “ ma jarre d’eau nécessaireet qui rafraîchit l’herbe entre nos doigts. “ Le somptueux voyage d’ébèneoù “ nous faisons des gestes bien ordinairesavec au creux des paumes “ un fanal une ardoise un jour à Tanger ” et peut-être même Anouar pourrais-tu signer tes poèmes : “ Poisson ébloui ”.

“ Et Dallal me raconta son pays ”

Dans mon pays
les oiseaux se posent sur les têtes
ils mangent du soleil
qu’ils découpent en tranches
et te donnent en échange des miettes d’étoiles

Dans mon pays
ne t’étonne pas
si la lune verte
aux ruses de fennec
s’essayant à chaque montagne
chapeau pointu et hilare
ne t’étonne pas
si à l’improviste
elle te croque soudain le cœur
en battant les mains de joie

Dans mon pays
la mer n’est pas la mer
c’est une griffe
bleue ou violette c’est selon
qui se pavane sur ses vagues
et se tait parfois
dans une grotte
pour écouter le souffle des plantes qui respirent

Dans mon pays
les oranges sont citrons
et les citrons sont oranges
les labyrinthes sont simples
et les fruits font beaucoup de bruit en naissant

Dans mon pays
les pierres sont dures
les pierres t’écorchent
mais dans mon pays
les pierres ouvrent la main
et les musiciens rient toujours après la Mort

Et Dallal comme eux partit d’un grand éclat de rire
 

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