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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

19 janvier 2007 5 19 /01 /janvier /2007 01:24

                                  Morts pour rien          Pour une fois je renoue avec mon vieux plaisir qui a aussi été un job à part entière durant dix années de bricoler dans la critique littéraire, mais là ça sera sans la moindre organisation et avec un enthousiasme spontané qui laisse de côté ma façon habituelle de prendre mille notes en lisant pour vagabonder au fil de ces mots qui m'ont touchée parce qu'ils sont justes et humains pour une fois, même s'il ne s'agit pas là de l'univers poétique et imaginaire qui est le mien.

      Bien qu'il ne s'agisse pas directement ici de nos Cahiers des Diables dont vous avez maintenant l'habitude que nous parlions régulièrement dans ces articles, ce livre que j'ai déniché aujourd'hui est un de ceux que j'aurais bien aimé avoir sous la main y a un an quand on était en plein dans notre drôle de désarroi au milieu de nos banlieues en feu comme une savane trop sèche avec ses enfants guerriers fiers et blessés à qui nous autres on n'savait plus parler... et il a à voir avec nos diablotins car de cet hiver brûlant on a parlé bien entendu entre nos pages vous vous souvenez...

      Juste deux mots alors sur ce bouquin rouge et noir déjà ça n'laisse pas indifférent ces couleurs-là... rouge comme le feu le sang  les coquelicots de nos terrains vagues, noir comme la nuit le bitume de Macadam black l'encre de nos poèmes pour avoir moins peur... rouge et noir comme cet anarchosyndicalisme qui est notre utopie et notre façon de vivre encore... toujours... Rouge et noir ce bouquin avec du blanc aussi pour les titres vu qu'y en a deux : "L'affaire Clichy" "Morts pour rien". Blanc comme la neige les draps de nos lits d'incouciance le papier sur lequel on n'écrit plus...

      Ce qui touche juste dans ce bouquin c'est qu'il y est question de deux hommes qui parlent d'un monde dont ils ignorent tout d'abord, qui n'a jamais été le leur et où d'un seul coup pour défendre des gens complètement largués dans le fond de leur formidable souffrance, les familles de ces gamins morts comme ça pour rien dans la pire des cruautés et des barbaries modernes, ils entrent par la porte qu'on leur ouvre, la porte de nos banlieues... rouges... rouges et noires... rouges passion et noires désespoir...

      Deux hommes dont la parole est là au creux des pages, chaude et vivante, terrible et douce, farouche et vraie comme pour virer d'un coup de main léger la mort que d'autres ont machiné sans un regard pour ceux et celles dont c'était les mômes. Deux hommes : Jean-Pierre Mignard et Emmanuel Tordjman qui répondent aux question d'un troisième Edwy Plenel, parfois ensemble comme une présence amicale où la voix de l'un et de l'autre se sont rejointe, parfois successivement pour parler d'eux, de leur boulot d'avocat et puis derrière ça de leurs origines différentes, de leur histoire, de leur culture et de leur monde...

      JPM : "J'ai vingt neuf ans de barreau. J'ai plaidé sous toutes les latitudes. J'ai fait de nombreuses missions d'observation judiciaire dans plusieurs pays du monde. Je sais que la force des pouvoirs, de tous les pouvoirs doit sans cesse être contenue par la loi. Cela est vrai pour un manifestant, un chef d'entreprise, un syndicaliste, un dissident chinois - j'ai défendu les étudiants dissidents chinois de Tienanmen à Pékin - et aujourd'hui les jeunes des cités. La démocratie n'est pas un système immobile. C'est un mouvement perpétuel. Refuser le combat, c'est l'agonie dela démocratie. En grec, combat de dit agonia."

      ET : "Je suis juif. J'appartiens à une minorité. J'ai en moi une inquiétude, presque génétique à force d'être historique, vis-à-vis des pouvoirs car je sais qu'ils ne sont pas, loin de là, protecteurs naturels des minorités. Et la police est en général du côté des pouvoirs. Naturellement, je fais corps avec les minorités."

      JPM : " J'ai 53 ans, je suis docteur en droit et maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris. Je suis socialiste, laïque et, particularité, catholique, venu d'un département du centre rural de la France, la Nièvre..."

      ET : " J'ai 33 ans, ke suis un juif libéral, et revendiqué, quoique non-croyant. Mon père est séfarade, venu du Maroc, et ma mère ashkénaze, de Russie et Pologne..."

      JPM ET : " Mais nous savons, à notre manière et selon nos histoires, ce que le mélange, l'hybridation veulent dire. Il en est de même pour nos clients venus de Clichy-sous-Bois. Nous nous découvrons mutuellement. Et, soyons sincères, enchantés et ravis de cette découverte."

      Voilà, le ton badin et léger de ce début, ça n'est pas tout dans ce bouquin si grave vous vous en doutez, mais y a aussi plein de douce insouciance dans la façon de dire des choses pas douces pour un sou, dans les mots des deux hommes qui sont venus à la demande des jeunes garçons, les frères et les amis de Zied et de Bouna pour redonner respect humain et dignité à des êtres profondément blessés, intimement détruits par ce qui n'aurait jamais dû être.

      Un livre rouge et noir comme l'amour et la douleur de croire que dans nos banlieues y a une sacré solidarité qui se reconnaît au jour le jour et qui nous donne la force de nous rejoindre... alors peut-être que Zied et Bouna ne sont pas tout à fait "Morts pour rien"...

   A suivre...
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