Goutte à goutte tu vis
Goutte à goutte tu meurs
Mais qu’ont-ils fait de ton cœur
Que tu leur as offert joli ?
C’est midi douceur café
Et un petit clown affolé
Sous un gros édredon planqué
C’est midi au bar de la gare
Un train qui vient un train qui part
C’est midi en train de se réveiller
Dans la chambre d’hôtel des fleurs papier
Rient
Dis qu’as-tu fait de ta vie ?
Sur les marches de bois pourri
Ont sauté bien des chaussures d’artistes
Qui ne tenaient ni haut ni pavé
C’est sous la rue que poussent les améthystes
Que tu n’as jamais cueillies
Ni à minuit ni à midi
C’est sur la rue de plumes paré
Qu’à midi tu t’aventures
Autour de ton cou dansent tes chaussures
Fils du coq blanc petit clown bien aimé
Des oreillers et des dunes sabliers
Y’a un rayon de soleil
Qui joue entre tes orteils
La piste a perdu tous ses pouvoirs
Fils du coq rouge ta sanguine parure
Te fait roi des fous faut pas lui en vouloir
Neigent à midi gouttes vermeilles
Dans ton ivresse café noir
Neigent à minuit gouttes de temps
Dans le cri de verre de ton regard
Gratteront la poussière coq rouge coq blanc
Pour délivrer les cailloux voie lactée
Qui remplissaient tes chaussures vérité
Pas de scrupules pas de soucis
Sitôt passée la consigne maligne
Au joueur d’orgue de barbarie
De perforer d’avance les tickets gris
Des instants tristes de la vie
Petit clown sur le trottoir avance nu
Parmi les herbes et la rosée
Et dans le ventre aux appels retenus
Tissé de laine bleue et de baisers
D’une femme se laisse emporter
Caniveau là caniveau ci
Mais non c’est un ruisseau pardi
Et des fougères plein leur lit
Miel et cardamome à midi
Juste la douceur café de l’été
Goutte à goutte tu vis
Petit clown grand voyageur
Pour pas déranger les spectateurs
Tes chaussures sur ton cœur
Que tu leur as offert joli
Du côté de l’escalier de service
Mijotent les feux d’artifice
Des pâquerettes et des narcisses
Que ceux qui se lèvent à midi
Font pousser dans les coulisses
Du cirque ambulant de la vie.