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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 01:12

Ah ben ! en vla une bien bonne qui nous arrive dCeline04.jpgirect du côté des bouffons alors... que notre Céline et son poteau Bardamu il n'seront pas mis à la   te cette année pour les 50 ans de leur passage du côté des neigeurs de lune hein ?

 

Ben heureusement encore ! Qu'y nous manquerait plus que ça qu'ils nous  bousillent Céline l'anarchiste en lui récupérant sa tronche de magicien et tout le pataquès des mots fées qu'il a turbinés des heures de damné à nous expédier au tarbouif ! Ouais manquerait plus !

 

C'est nous autres qu'allons lui faire une bamboula du tonnerre des diables à Céline vous allez voir ça tiens ! Et qu'on n'va pas attendre le premier juillet pour s'y coller et d'abord voici la suite du premier épisode du chien du monde tout chaud et tout frétillant d'la queue Ouaouf !

 

Et du coup je vais m'y remettre à vous l'écrire ce chien fatiguez pas va... vous l'aurez et il sera aussi fou que c'est possible ! Allez Zouh !

 

 

 

 

 

 

 

Le chien du monde 2


Ce qu’elle a dû entendre quand elle était môme à Courbevoie du côté de son père qu’était employé au dépôt des tramways et de sa mère lingère ça l’avait formée d’avance à la glossolalie des faubourgs qu’elle met comme Céline dans la bouche de ses personnages tous plus ou moins sortis des bas fonds et des quartiers de pauvreté qui traînent leurs loques de costumes le long du fleuve Arletty… La Seine… le fleuve ou bien les goulées étroites du Canal Saint‑Martin quand les écluses à l’intérieur de la ville lui serrent le kiki… ses ponts tournants aux mécaniques qui grincent et aux passerelles qui ont servi à tous les mômes de tremplin pour se faire du danger à deux ronds quand elles s’ouvrent qu’elles se ferment et qu’on sautait par‑dessus les rambardes vert pomme… La Seine… le fleuve… les gamins d’la banlieue on s’y retrouvait comme attirés par ses remous troubles et ses noyés pas toujours ceux qu’on voudrait les héros malheureux d’une histoire d’amour qui ressemble à celle qu’on voit dans Hôtel du Nord… 

Non pas toujours… plutôt des noyés pareils aux immigrés du bidonville d’Aubervilliers… les Algériens du chemin du halage… y avait encore des cabanes moitié ruines de tôles et de planches de récup toutes les couleurs avec autour des terrains de boue et comme des jardins friches grignotés par des bouquets de ronces énormes où on s’écrasait dans la bouche des fournées de mûres quand on était p’tits. Ouais c’est ça… les Algériens eux aussi ils avaient posé leurs baraques au rebords du fleuve… ils étaient attirés pareillement aimantés comme nous autres quand on courait dès qu’on entendait le bruit qu’on reconnaissait de loin le ploup‑ploup‑ploup… des péniches… On se disait qu’un jour on monterait là‑d’dans on quitterait pour toujours les rues de suie on s’en irait… Mais les Algériens eux qui étaient venus d’un pays sans eau peut‑être qu’ils regardaient couler là devant eux toute la peine qu’ils avaient accumulée quand ils avaient quitté les déserts du Sud et leur frénésie et leur grandeur malgré la misère… Après que le bidonville ait été rasé définitif les vieux hommes et les vielles femmes immigrés c’est au foyer de La Briche qu’ils se sont entassés pour finir à nouveau près du fleuve comme si c’était écrit… c’était leur destin en quelque sorte… 

Ouais faut le dire que dans les banlieues… les faubourgs comme on les appelait à l’époque d’Arletty et de Céline y a les villes qui ont leur fleuve avec ses ruminations et ses brouillards à embarquer l’imaginaire qui les traverse et puis y a les autres… c’est ça qui fait la différence… la classe quoi ! Arletty elle l’avait dans la gorge la rumeur rauque des quais leurs brumes et leurs fumées qui raclent et sa lecture de Voyage avec Michel Simon que j’avais entendue peu après celle de Céline lui-même elle m’a doceline-et-arletty.jpgnnée à moi aussi envie de lire ce texte à haute voix ce que j’ai fait au moins pour la moitié du bouquin.

Et c’est comme ça que la langue de Ferdine moi aussi je l’ai aboyée… grognée… chuintée… gueulée…

Et c’est là que le chien du monde et moi on a commencé à être de bons camarades et à renifler la trace des langues des rues qui font la retape et qui nous prennent avec du sentiment et de l’atmosphère…

Ouaouf ! Ouaouf !…

Ouais c’est ça… Ouaouf ! Ouaouf  pas mort Céline!

Vivant dans sa langue à vif et dans les milliers de bafouilles qu’il a écrites aux poteaux de Montmartre aux critiques aux journaleux baveux aux régleurs de comptes de tous les comités d’épuration et aux autres ! 

Partout où il les charmait pourfendait de sa botte favorite l’humour ultralucide y a plus que la durée de la vie d’un homme… Y a du temps cosmique explosé en millions de myriades de comètes de rires et d’émotions qui en finiront jamais d’époustoufler ceux qui le liront et de les convaincre à faire de leur existence le plus énervant et bohème des feux d’artifices. S’il le flaire bien et s’il a la truffe chiennement fine aussi F. Vitoux quand il débobine le fil qui a existé du départ pour Ferdinand Destouches‑Louis Céline ses deux personnages reliés d’un trait rouge de la médecine à l’écriture… son dédale rien qu’à lui…

“ Et Destouches‑Céline allait bientôt, lui aussi, plonger dans la nuit, forcer son rêve dans les plus convulsives promiscuités que la littérature aurait pour charge de traduire. Comme Semmelweis, Céline allait être un accoucheur, un inventeur romanesque de formes et de personnages, il allait donner en quelque sorte la vie pour mieux en épier ensuite l’atroce et bref sursis, pour assister, romancier démuni et rageur, médecin du dérisoire, à tous les râles et sursauts de la mort. ” La vie de Céline, Frédéric Vitoux, p. 242 )

Drôle quand même qu’un type qui ne pouvait pas blairer les agitations cornichones les envoûtements à la parlote ni les visiteurs casse bonbons des tas… il nous ait tous un peu enchantés par le fait… Enfin ce qu’on peut dire le chien et moi c’est que s’il y’a bien une chose qu’on sent du Docteur Destouches quand on zone le long des rives aux péniches de plus en plus pourries… une chose qui nous remonte de tout ce pourrissement des mondes et des êtres c’est sa gentillesse ouais… Oh ! pas une gentillesse innocente non… et c’est ça qui est fortiche…  Ferdinand s’il est furieux c’est vrai il garde pourtant une gentillesse qui sait… pour les gens ordinaires des pareils à nous autres qu’il allait soigner le soir du côté de la Seine justement sa vieille malade cancéreuse elle l’attendait… Et lui par Le sentier des bœufs il descendait… le sentier qu’existe encore de nos jours et que c’est si étroit que pour sûr le bœufs ils allaient boire à la queue leu leu au géant abreuvoir et puis ils remontaient tranquilles et braves dans le soir aussi…

Et Céline probable qu’il les avait en lui ces images-là d’une bienveillance animale comme il aimait et que ça lui faisait bien plaisir… Alors ces notes dans ses Cahiers de prison ça ne peut que nous toucher forcément…louis-ferdinand-celine-a-meudon.jpg

“ [ Folio 4 I°  ] – 

Le lendemain visite Courbevoie – à Marie – A Arletty – Lucette est née là tout près – rue St Louis‑en‑l’île – Bébert à la Samaritaine – On est < nés > tous les trois bien nés sur les au murmure des berges < par le fait > ‑ on va nous s’arracher de là ‑ < cela compte peut-être pour nous avoir donné bien de la gentillesse à tous les trois > ‑ C’est toujours aux rives à ces rives que je reviens – c’est là entre les ponts que je sens bien ma

[ Folio 4 V° ] vie passer‑ ( … ) ”  

( Henri Godard, Un autre Céline Deux cahiers de prison Suivi de Lettres à Lucienne Delforge, Ed. textuel, 2008 Cahier 4 p. 55 )

A suivre...

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