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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

9 novembre 2007 5 09 /11 /novembre /2007 23:46

                        La belle étrangère

“ Lacépede ” et le bitume gris ras de la savane brûlée troué comme un terrier de gros tamanoirs qui ont pris l’habitude ici de s’alimenter à l’aide de ces monceaux de pellicule vinyle noir qui a un goût réglisse bien particulier… C’est ça réglisse… ou plus fort encore qui emporte les gencives des tamanoirs à donf ! Ouais !… la pellicule elle passe là au creux de leurs estomacs et ses images qu’on n’pourra plus jamais mettre en bobine des époques perdues râpées d’l’amitié et du paradis enfant du père Renoir… Vlouf !… Ça y est c’est tout dans l’estomac du tamanoir !

“ Lacépede ” c’est l’arrêt creusé à vif comme une tranchée qui saigne en face des Studios Eclair dont la barrière rouge blanche chemin de fer arrête pas de se lever et de redescendre passage obligé pour la technique du cinoche et c’qu’on n’sait pas qui rame des tas d’ouvriers employés bricolos extras pour que le film il existe et les héros eux ceux qu’on voit ils se retrouvent du côté du fleuve en bas le reste du village cinéma dl’a cité d’Epinay deux trois p’tites sentes tortillard pavés herbes folles y’en a plus lerche c’est rare c’est rien par rapport… faut longer les quartiers d’lautre bord du grand chemin des tamanoirs et autobus des brousses et encore et encore ça descend vers le fleuve c’est joli…

“ Lacépede ” c’est là qu’il descend et elle l’a à peine repéré où il est monté elle n’se souvient pas n’l’a pas vu  pourtant il a l’allure qu’on peut pas éviter alors que sa dégaine simple comme les mômes des cités de la banlieue jogging black baskets mais ce qui s’dégage de lui quand il marche… la fierté et la joie des fils d’Afrika… Il saute du bus avec la même danse que les autres et un signal de la main fermée pour ses potes qui restent dans la bétaillère… le 154… leur super autobus des banlieues nègres… Combien ils sont là-dedans souvent le soir quand c’est rouge corail taillé à vif à l’arrêt de la Gare de Saint-denis… Combien ?… Soixante… soixante-dix… cent ?… plus probable mais l’autobus animal des brousses ça lui va comme un gant c’t’habitude qu’il a prise ça s’comprend et s’ils se fracassaient alors il serait rouge de leur sang volcan… Alors rouge et puis vert… et allez zouh !…

“ Lacépede ” de l’autre côté de la tranchée que les bolides grande vitesse ont labourée avec les trous formidable les cratères bitumes qui font les terriers des tamanoirs quand ça dégringole déboule direction du fleuve et ses p’tites bicoques qui ont encore de la terre et des jardins autour il l’a emmenée souvent vu qu’c’est le seul recoin de la ville qui le fait un peu rêver les sentiers tordus par là ils avaient des noms d’enchantement comme celui de la course des lièvres à l’autre bout là où il crèche et ensemble ils ont maginé que le musée d’un autre ouf bien arraché comme eux c’était ici qu’il sortait d’la gueule ouverte béante des pavés termitière écarlate majestueuse et ses portes de cavernes d’or qu’ouvraient sur ses trésors de costumes paillettes et masques que les doigts des peintres avaient enchantés… Ouais le musée d’Henri Langlois il jaillissait bondissait se débarbouillait de ses cendres d’incendie pour qu’les mômes de la banlieue ils se ruent à la queue avec des tickets à trois sous pareils à eux y’a trente piges de ça…

Le cinoche pour eux dans les années où y avait que ça pour se carapater s’embarquer Robinsons sur les toits des wagons plein Ouest avec la loco une diesel déjà qui fonçait joli sur ses rails d’aventure qui s’tortillaient comme des anguilles bleues jusqu’au bout du paysage et d’l’autre bord de la toile tendue c’était les territoires des Indiens et des tamiseurs d’étoiles… le cinoche ça les avait sauvés d’leur enfance sur le bitume qui coulait gris au pied des réverbères pas reluisants d’hiver quand ça mouillait beaucoup et que leurs sarbacanes aux billes d’acier crevaient des vitres derrière y avait rien… Ça leur avait appris la grande existence et les voyages qu’on fait tous les jeudis même si on est un fils d’ouvrier suffit de resquiller une pièce ou deux facile aux commissions et on s’retrouve au milieu des autres marmots d’la zone ébahis… Les histoires du cinéma d’leur enfance ils en causaient souvent c’était trop bon… Et quand ils quittaient la salle noire ils la retrouvaient autour d’eux ses bras d’ombre qui serrait et qui leur faisait chaud… leur belle étrangère…

“ Lacépede ” c’est là qu’il saute jeune dieu du village de N’Gouma inventé dans sa tête à elle au Mali très loin avec les termitières rouges aussi qui montent plus haut que les totem des cérémonies. C’est là qu’il saute pendant qu’elle l’imagine armé du long bâton au cordage de cuir bleu tressé pour la main au milieu et qu’il frappe… frappe de sa force retrouvée le flanc blanc soleil fendu du crocodile dont la chair est bonne rôtie sur le p’tit brasier que l’arbre du fleuve lui a donné…

Quand elle le quitte elle sait qu’ils ont entre eux sa sauvage présence familière… la banlieue c’est là qu’ils ont grandi comme les rats au corps pas gras dans le décor de cinéma plus vrai que l’autre… et ses poubelles remplies de pièces d’or… eux déjà ils courent à l’intérieur de la brousse rousse des terrains vagues à la poursuite des hannetons aux couleurs bleu-vert magnifiques qui scintillent aussi gros que des callots de verre par milliers… C’était à l’époque où leurs vieux cherchaient des paillettes d’or dans les poutrelles d’acier de l’île du diable… l’île des usines automobiles qui les raclait jusque sous leur peau et leur piquait leur sueur argentée…

Vous n’le croirez pas mais y avait aussi des lézards géants au milieu de leurs brousses couverts d’écailles poussièrées de diams pour sûr qu’ils se passaient autour du cou comme des colliers baroques qui s’mordaient la queue… Et leurs vieux en ont jamais rien su…

  A suivre...

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