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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

12 octobre 2007 5 12 /10 /octobre /2007 18:18

                                 

Vendredi, 12 octobre 2007  Diabolic naissance…

      Un p’tit bouquin qu’on a écrit quand il vous arrive entre les mains c’est toujours un instant féerique qu’on n’peut pas décrire… Celui-ci qui m’est tombé dessus y a une semaine presque et qui a suivi le même parcours audacieux et solitaire que le précédent Café-crème sorti des presses de l’imprimerie Jouve par l’intermédiaire du site www.imprimermonlivre.com il y a un an et demi est un cadeau extra qui m’arrive pour mes dix années d’écriture… Dix ans c’est rien du tout dans ce qui est un vrai métier comme celui des compagnons de la belle ouvrage et que nous autres les mômes d’ouvriers des banlieues on n’a pas oublié du tout… Dix ans d’écriture de ci de là et de galères que tous ceux et celles qui luttent pour faire lire leurs gribouillages scribouillages connaissent trop !

      Y a dix ans c’était Par la queue des diables qui avait squatté ma tête au point qu’il m’empêchait de dormir en boule tranquille dans mon pieux bourré à fond d’hérissons de fennecs et de loutres qu’il mangeait dans mon assiette du p’tit dej mes tartines confiture et qu’il engloutissait mon bol café noir… enfin j’n’avais plus d’espace à moi dans mon gourbi déjà si minuscule et surtout pas la douche ou faute d’éléphant comme Brigitte Fontaine je trouvais qui m’attendaient chaque jour les zimmigrés du bidonville d’Aubervilliers et tous ceux parmi les gens formidables qui ont rempli mon enfance d’ailleurs et de « ici on vit tous ensemble » déjà !

      Donc y a dix piges de ça un truc aussi improbable que l’écriture me sautait dessus et me virait du monde des peintres où je me croyais chez moi Hop ! Hop ! et voilà… Aujourd’hui que je stationne à temps partiel mais quand même très souvent sur le parking d’une cité de banlieue et que je crèche un peu beaucoup passionnément entre ses murs familiers ce dernier p’tit bouquin qui raconte avec la désinvolture du désespoir mué en pirouettes au nez des haineux guignols l’histoire des mômes des banlieues qui préfèrent la rue c’est l’envie de leur dire que nous autres les gamins d’la zone on a des rêves fabuleux planqués au creux de nos terrains vagues et que ça c’est un trésor !

      Ce p’tit livre qui s’appelle Où vont les feux follets de la rue ? vous en avez lu déjà quelques extraits sur notre blog des Diables bleus vous savez l’histoire de Marion et du chien Sentinelle sous la verrière de la Gare du Nord… Si vous avez envie d’en savoir plus vous pouvez aller faire un tour sur le site d’Imprimer mon livre et vous le retrouverez aussi au Salon des Revues dont on vous reparlera bientôt car c’est dans une semaine… ouf c’est loin !            Gare du Nord vous connaissez ?

        Hop ! Hop ! Les pieds sur les rails bleus givrés ils glissent légers et aussi ils manquent d’la faire tomber Marion avec ces godasses de quand elle créchait chez ses vieux c’est pas gagné d’se faufiler à travers les poussières de sable qui chutent des réverbères sur les entrepôts…

        Hop ! Hop ! Marion plus ça va plus elle fréquente ces coins-là autour d’la Gare du Nord et d’plus en plus loin direction d’la banlieue elle trouve des endroits où les autres ont déjà écrit leur nom…

        L’avantage des gares le long du ballast ou des lieux d’ce genre c’est qu’une fois qu’tu as quitté l’espace où les gens ordinaires ils attendent fourmis autour du fanal orange et les vigiles blacks et les chiens l’museau ficelé et les rats assis sur leur derrière c’est qu’y a pas lerche de passants pour t’déranger et qu’y a d’la lumière…

         Les entrepôts des gares la nuit y sont plus lumineux blafards qu’la neige carbonique qui t’mousse dans les mirettes en paillettes d’argent…

         On l’croirait pas mais c’est vrai et Marion avec le chien Sentinelle ça l’arrange bien vu qu’pour l’instant elle a pas d’quoi s’payer la lampe qui éclaire projecteur et qui pèse dans la musette qu’les autres taggeurs y s’débrouillent en l’ayant à plusieurs… Non… elle peut pas Marion et pas plus les bombes de toutes les couleurs…

         Hop ! Hop ! Ouais… pour l’instant les bombes qu’elle a planquées au fond d’la musette militaire Marion c’est seulement du rouge du noir et du blanc…

        - Tu commences avec ça et t’apprends à faire les formes d’abord… et quand tu sauras corretc j’tâcherai de t’en avoir d’autres des couleurs…

           Ça c’est Banou un jeune black qui lui avait parlé vite fait une nuit où ça commençait à geler l’bout des doigts… Elle l’avait pas entendu v’nir sautant bondissant volant sur ses baskets diaboliques pendant qu’elle dessinait son nom à la craie par-dessus l’tag d’un autre qu’avait fait là l’outremer et l’émeraude d’Océan profond profond avec tout au bout l’troupeau d’éléphants blancs qu’attendaient l’aube…

         Elle l’avait pas entendu Marion parc’qu’elle avait pas l’habitude des oreilles toujours ouvertes coquillages pour s’prévenir de l’arrivée des trains de nuit bien avant et Sentinelle non plus qui vagabondait farouche à l’aventure…

        Non… elle l’avait pas entendu Marion… Hop ! Hop !

        - Eh ! fais attention cousine… si t’entends pas un mec qui t’approche derrière m’étonne que tu r’pères l’Amsterdam avant qui t’ait raplatie…

        Ça l’avait fait sursauter Marion c’te voix presque dans son cou et en s’retournant elle a vu qu’du noir c’qui était encore plus incroyable… Banou c’était une grande silhouette black avec la cagoule du sweet et l’foulard on aurait dit qu’c’était aussi sa peau…

        - Pas d’risque qu’y m’voient dans la nuit les vigiles si jamais y z’avaient l’courage… il a dit à Marion quand il lui a passé les bombes… j’suis plus noir qu’leur âme de cirage…

          Et en reluquant la signature que Marion elle avait tracée par-dessus l’outremer océan il a écarquillé le blanc d’ses yeux qui pétillaient allumaient toutes les allumettes brûlées d’l’obscurité… Il a fouillé à l’intérieur d’son sac à dos et il lui a donné juste de quoi mettre la main au monde étrange des taggeurs… Alors  il a ajouté en sifflant un p’tit coup joyeux :

        - Eh la cousine !… c’est trop l’pseudo qu’t’as là… neij carbonik… j’vais t’le piquer moi ça m’ira terrible !…

         Et son rire c’était un rire d’enfance et de joie claire…

        D’abord il lui a refilé rien qu’les deux bombes… une de black et une de blanc à Marion qui savait pas comment faire avec ça dans les mains… Et puis il a sorti une bombe de rouge aérosol d’la couleur d’la savane écarlate autour des éléphants blancs dans la nuit d’la banlieue…

        - Tiens cousine !… le rouge c’est l’sang des taggeurs ! Et fais gaffe à l’Amsterdam hein ! Y va pas tarder…

        Et comme le chien Sentinelle était v’nu voir si y’avait pas un croûton d’sandwich jambon beurre dans l’sac à dos il a ajouté en riant avant d’filer sans bruit sur ses baskets pas croyables :

        - Eh ! l’chien toi t’es un super bon gardien alors !  

         Hop ! Hop ! Neij carbonik !… Neij carbonic !… ”  

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