Sans eux sans ailes Ce thème de Banlieue terre d'exil nous a sans doute permis d'exprimer de manière indirecte ce que nous ressentons face à l'exclusion de ceux avec lesquels nous avons grandi et vécu jusqu'ici et qui se pensent à juste titre autant chez eux dans nos banlieues que nous le sommes nous autres.
Et on n'affirmera jamais trop que ce paysage que nous partageons est notre demeure commune, notre macadam blues que nous défendons ensemble des chasseurs de têtes et que ces mots nous relient plus que jamais en dépit de ce qui peut parfois nous séparer et qui n'est autre que notre singularité.
Non ! elle ne repartira pas la grande tribu des fleurs d'agaves, ou bien alors il ne restera derrière elle qu'un désert de feu et une tristesse aride infinie...
Mardi, 12 décembre 2006
Pourquoi elles partiraient les hirondelles leurs ailes noires comme nos toits d’ardoise fardés d’indigo où elles accrochent leurs hottes de laine et de roseaux. Nos toits d’ardoise qui battent de l’aile sans elles qui leur nouent des écharpes de cris autour du cou.
Ils farandolent grave nos toits quand les frissons grelots s’aggravent et le givre partout.
Pourquoi elles partiraient les hirondelles qui crèchent dans nos jardins bleus d’banlieue alors qu’en Afrique on a fait d’elles des déesses que les villages blancs comme lait caressent. Pourquoi elles partiraient elles qui ont choisi nos jardins d’banlieue et nos pluies tristesses.
Pourquoi elles partiraient elles qui filent des tissus de soie douce à nos déserts béton et leurs petites maisons qui nous enchantent.
Pourquoi elles partiraient nos princesses nos fées qui dansent des barcarolles dans nos greniers hantés d’odeurs de pommes séchées et de vieilles poupées.
Pourquoi elles partiraient elles qui mènent les rondes de nos cours d’écoles et qui nous affolent sur les fils rassemblées et si elles allaient tomber ! Elles qui survolent nos enfances métisses où on échange des bâtons de craie contre du réglisse.
Pourquoi elles partiraient… parce qu’y a plus de blé à partager ?
En Afrique on a construit pour elles des palais des merveilles et dressé des lits de pétales de roses d’une blancheur de lait. On a tendu des tentures vermeilles sur l’horizon et les mangeoires sont pleines de graines d’anis et de cumin.
En Afrique des terrasses agrippées aux ciels elles sont les reines et les puits farandolent de jasmin grelots quand elles reviennent.
Si elles partaient les hirondelles pourquoi voudrais-tu qu’elles reviennent ?
Il n’y a pas de cage pour les oiseaux du vent aucun barbelé qui les retienne. Si elles partaient les hirondelles leurs ailes noires pointillant le lait blanc de la lumière d’Afrique nos étés seraient comme du pain sans sel et sans levain.
Les caravanes nomades ont initié le chemin du Sud vers le Nord et du Nord vers le Sud comme un lit aux draps d’eaux vives qui se nomme demain.
Un lit bon pour le corps fatigué de ceux qui rêvent d’une âme sans peine.
Un lit aux draps défaits où nos songes métis rencontrent d’autres songes vagabonds.
Si elles partaient les hirondelles aux ailes blacks pourquoi voudrais-tu qu’elles reviennent.