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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 23:09

Le chien du monde suite

      Ouaouf ! Ouaouf ! Le revoilà ce chien du monde encore ! Ce sacré bon sang de clébard qui tient à la ramener chaque fois qu’on cherche à la lui faire fermer et qu’il y a péril pour sa peau pour ses poils pour sa tronche de vieux baroudeur d’utopies qui cavale d’un bout de cette carcasse de terre l’autre depuis quarante balais et le reste… Et pourquoi sa gueulerie vous me direz hein ? 

Ouais d’accord il se mêle ! il se mêle !… mais vous n’croyez pas qu’il y’a lieu après l’ensablement tout vif des marmots de Palestine et les femmes et les vieux dégommés pantins du joli jeu de massacre… Paf ! Pif ! Paf ! pour le plaisir… et les autres dessus leur colline verrouillée barbelée muraillée à fond…  les civils qui se repassent les jumelles et qu’applaudissent. Et la haine des larbins de la fricaille de ce monde-ci direction des gens du Sud… y’a pas de quoi se mêler des fois ? Et la cervelle en putréfaction des véreux politicards et rentiers gras qui mène la troupe des bigorneaux prolétaires et autres bouffons à se laisser endormir au formol et sa morbide odeur qu’ils reniflent ravis… y’a pas de quoi ? 

Ouaouf ! Ouaouf ! La question qu’il se pose le chien qu’a la manie des interrogations dans son for intérieur vu que dehors les causeries des autres les humains intelligents il se mêle pas… il a pas lu assez il peut pas hein ? La question… ouais c’est ça… ce qu’il en aurait écrit Céline de la mort crépuscule du ghetto Palestine poussé mine de rien dehors du monde ?

 

Ouaouf ! Ouaouf !

Et après ça ?... Ouais… après ce qu’on vient de se farcir là comme trêve des confiseurs le temps où la terre fourre sa tête dans son tunnel de taupe et qu’elle attend que mézigue ou un autre ouistiti lui rallume la loupiote pour remettre ça un coup sa balade d’ivresse au terrain miné des étoiles… Pan ! Ziouh ! Ptaf ! Après qu’on lui a fait péter une ou deux charrettes de missiles d’artifice en guirlandes de Noël qu’entortillent son sapin d’olivier au moment ou y a personne qui suppose que ça peut arriver… enfin personne c’est pas gagné… y a des monstres costumés militaires à l’envers de leur peau fichés plantés partout pourtant… des épouvantails que rien épouvante… plein la terre ç’en est… Pan ! Ziouh ! Ptaf ! et Pan encore ! Faites-moi confiance je sais… les connais…y sont les mêmes toujours… se déplacent juste un peu… zig… zag… zig… zag… sur la surface verglacée de sang de notre caillou bleu les mariolles…

Ouais… après tout ça qui nous est arrivé surprise emballée papillotes comme balancée du ciel… Vroum ! Broum ! Badaboum ! pendant que nous autres innocents que personne nous avait mis au parfum on guettait… c’t’époque c’est normal des douceurs de miel et de dattes à s’en lécher les babines… Après tout ça… Céline aussi lui il demanderait pas mieux qu’on arrête les frais et qu’on le laisse tranquille à Meudon avec sa meute à mater pousser les pâquerettes dans la prairie hirsute tignasse devant la villa Maïtou la troisième sur la gauche tout au bout du petit raidillon avec la glycine et les plantes pagaille de hauteur une vraie brousse qu’accrochent les tournicotons rouillés trois fois du grillage en bazar et du portail bleu lavande délavé pendant que les pages hiéroglyphes elles tombent sous la table… pfuitt… pfuitt… et Toto qui picore les crayons et qui chante à tue‑tête :  Dans les plaines de l’Asie centrale
  

          Ouais… après tout ça faut qu’on saute à la suite d’Agar et du troupeau des clebs Hop ! Hop !... Ouaouf ! Ouaouf !... qu’on avance quoi… pas rester motus caramels mous face d’elle avec sa robe rouge  la grande exciseuse son surin affûté rasoir à la paluche… La guerre probable qu’on l’a comme une cicatrice d’abord nous les emplâtres d’humains jamais capables quand y faut s’arrêter urgence au bord… la guerre encore partout… Et sa cohorte puante d’images qui nous renvoie l’estomac dehors aux égouts ! Aux égouts ! Aux égouts ! Une cicatrice d’avant qu’on soit blessé même… on l’a d’origine avec la barbaque malade de l’espèce des hommes à l’intérieur… leur décomposition qui monte à l’assaut à peine ils sont nés… comme ça qu’on est nous autres… et pas question d’aboyer… Ouaouf ! Ouaouf !

Céline il ne les avait pas vus venir non plus avec leur guerre au départ… ils la lui avaient emballée dans un joli papier qui donnait une allure bien aguichante… Pour ça qu’il y était parti Bardamu enfant qu’il était encore et qu’il savait pas ce que les adultes sont capables… avec leur façon terrible de vous mettre dans le malheur comme si c’était une grande fête qui se ramenait virevoltait avec ses fifres et ses tambours pour la parade vous connaissez ?… Ran-tan-plan ! Et Ran ! Ran ! Ran-tan-plan !… Mais c’est vite qu’il allait l’apprendre Bardamu la vacherie que c’est : “ A vingt ans, je n’avais déjà plus que du passé. ” ( Voyage au bout de la nuit p.95 Ed. La Pléiade, 1981 )

La guerre c’est le pompon dans l’inhumain de ce que les promoteurs de la barbarie bien ordinaire ont le pouvoir de nous balancer entre les pattes… Celle des petits seigneurs qui la ramènent aux usines… aux supermarchés… aux fabriques de pub et aux machines à fric… fric-frac… Celle des proprios qu’occupent des tranches géantes de la terre qu’on a sous les pieds nous tous les cornichons… qu’exploitent qui font fructifier… ceux qui possèdent au fin fond de leurs frigos aussi immenses que tout un quartier des tonnes de boustifaille qu’ils libèrent qu’au compte-gouttes… vous visionnez l’affaire et ses intérêts ? … Et pendant ce temps de leur goinfrerie dans leurs fabriques d’armes dernier cri… Broum ! Vroum ! Broum ! le chien du monde dans sa course ce qu’il fait ? Ouaouf ! Ouaouf !

Les mêmes les horribles on les retrouve les coloniaux partout où on essaie de se tirer de fuir leur puanteur organisée… S’il l’avait vu Céline en son temps que c’était déjà écrit tout pareil la manière qu’ils procèdent pour transformer l’humain loupiot sacrément innocent en un exploiteur tortionnaire de ses congénères du troupeau blême et s’il l’avait flairée l’arnaque alors ! “ Il est facile d’imposer des disciplines farouches aux masses fanatisées. Hitler, lui, tout fuhrer qu’il est, aura bien du mal à sortir de ce marasme alimentaire imbécile ; la paix n’intéresse personne et la fraternité embête tout le monde. Il lui sera difficile en vérité d’obtenir un morceau de sucre, pour organiser la paix allemande, tandis qu’on lui donnera pour la guerre tout le sang qu’il voudra. ” ( Cahiers Céline N°3 Ed. Gallimard, 1977, pp. 217-218 )

Que ça y est avec les détails de celui qui y est allé voir et qui a pas ménagé l’effort vu que c’était un voyageur Céline… le Docteur Destouches d’abord avec ses tribulations et cette idée qu’il avait déjà quand il disait que la langue qu’il était en train de créer serait “ antibourgeoise ” ( Cahiers Céline N°1, p 51 )… ouais que ça y est dans le Voyage et qu’il en a fait le tour de cette guerre totale que font les maîtres au chien du monde… l’homme avec toute sa liberté qui refuse les mille contrefaçons du collier de servitude… Lui il voudrait bien écrire vraiment… noter tous ses hurlements… mais il sait pas il peut pas… pas encore… mais quand il pourra alors… quand il pourra…

Moi pour tout dire aujourd’hui où je vous cause après le fabuleux trafalgar de ce Noël qui était pourtant pas de nature à m’étonner vu ce que je sais de l’humain programmé pour la mort qui fait en sorte de fricoter avec elle au plus près… la grande exciseuse… vous me voyez ahurie par tout ce qu’on a raté ce qu’on n’a pas pu… ce qui nous a filé entre les paluches… museau au sol pourtant et flairant le ragoût terrestre de notre destinée… Ouaouf ! Ouaouf ! … Ouais… notre incurie notre foutaise à nous autres c’est ça que je me dis en visionnant les p’tits lascars gazaouis illuminés par les comètes de phosphore qui leur volent leurs yeux…

Céline ce qu’il aurait fait vous pensez ? Qu’il aurait volé à la rescousse comme pour Bébert le môme de sa bignolle dans Mort à crédit vous vous souvenez ? Faire son travail et basta ! médecin jusqu’au bout et pas lui rendre son ticket avant le moment l’ultime à la tapineuse toujours en bas sur notre trottoir à nous attendre et à tourner tourner… tourner comme la jolie toupie rouge de plomb durci qui tourne tourne autour du monde et qui ne nous lâchera pas tant qu’on ne l’aura pas épouillé ce chien du monde de la clique sanguinaire des parasites dans leur petite armure d’argent massif et de leurs bandes d’humanoïdes décadents… leurs troupeaux militaires avides de meurtres et d’orgies qui jouent aux billes de phosphore sur sa peau d’enfance… Ouaouf !… Ouaouf !…

Alors Céline vous me direz ?… Céline faudrait pas oublier qu’il a eu sa jeunesse coincée entre deux boucheries admirables alors normal que la mort ça l’ait un peu titillé non ?… On ne lui a pas assez reproché son goût pour le morbide et sa passion d’aller farfouiller chez l’humain c’qu’y a de pas reluisant… ses tendances pourries… sa cruauté et le reste… Le Bernanos par exemple en 1933 à propos du Voyage : “ La mort sujet de votre livre, seul sujet. ” ( Cahiers Céline N°1, p 51 )…

Ah ! ouiche… et si c’était tout le contraire en fait ? Et si ceux qui insistent à lire les récits de Céline lui qui s’est coltiné la sale Ogresse la camarde à des tas de sauces faut voir comme… s’ils s’acharnent à nous saouler avec l’idée que Céline il crèche chez elle à tous les étages… ça n’est pas des fois de leur goût bien à eux qu’ils bavassent à voir crever l’énergumène chien du monde et à en jouir les drôles ?…

“ Lui qui non seulement voit partout la menace et la réalité de la mort, mais encore soupçonne qu’il peut y avoir en nous un désir secret de nous y abandonner, travaille sans relâche à l’écarter. Médecin ou écrivain, il s’agit toujours de lutter contre elle. En regard de la formule dont sort tout le Voyage au bout de la nuit, sur l’envie qu’ont les hommes de tuer et de se tuer, et de la phrase souvent citée de Mort à crédit : 
“ C’est naître qu’il aurait pas fallu. ”, il y a celle-ci, de Féerie pour une autre fois, qui ne mériterait pas moins d’être mise en exergue : “ Je suis du parti de la vie voilà ! ”
 
Préface de La Pléiade
 
Henri Godard, 1979 )


A suivre... 

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