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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

25 novembre 2008 2 25 /11 /novembre /2008 22:56

Le marchand d'oiseaux suite...

 

Aujourd’hui en poussant la porte du bistrot “ Au chien qui fume ” qui s’écaille rouge et sans bruit bien que je n’aie pas de mots aux lèvres je me sentais bien. J’imaginais l’histoire s’écrivant comme le goût du chocolat au bout de ma langue que je te donnerais parfum chuchotant à tes narines presque endormies dans notre théâtre ébloui.

Sur l’épaule droite du marchand d’oiseaux le perroquet femelle tenait dans son bec une petite figurine de papier journal découpé que ses longues plumes écarlates faisaient frissonner. Je les regardais tous installés ainsi j’avais l’impression qu’ils t’attendaient pour commencer la représentation.

 

Chaque dimanche matin quand tu rentres de l’usine tu me demandes en guettant le petit-déjeuner dont tu ne sacrifierais le rite à aucun autre de poser le bout de mes doigts sur tes paupières violettes.

- C’est bon… C’est frais comme un bouquet de cerisiers de Mai…

Toujours c’était comme ça que tu me parlais et moi je t’écoutais en frissonnant à la manière de la figurine de papier découpée du perroquet aux plumes écarlates.

 

Les créatures de papier que j’inventais avant de connaître le marchand d’oiseaux occupaient la place laissée libre par les vivants voyageurs en d’autres territoires que celui de mon jardin de rosiers sauvages. Accroupi entre les buissons d’églantiers neigeant sur le chemin qui menait à lui tu me regardais passer le visage griffé d’avoir trop voulu embrasser les roses. Mais ça n’était pas grave… Pas grave du tout…

Tu me voyais légère avec ces pétales papillons partout et tu mourais d’envie de déposer de petits baisers à mes genoux. A l’époque tu ne savais pas que je m’amusais à découper des créatures de papier aux faces hideuses et aux corps bossus dans lesquelles je me mirais longuement.

- Dis-moi mon cher miroir… dis-moi qui est la plus laide ?… Hi hi hi !

C’était un rite cruel que la bête accompagnait en baissant les yeux.

Tu me voyais légère toi qui te trouvais si pesant et tu voulais… Oh ! comme tu voulais pousser la porte rouge de mon jardin solitaire car tu le devinais semblable au tien.

Tu me voyais légère et tu me désirais fée alors que j’étais déjà en disgrâce sans mégère Carabosse pour me prédire un avenir honteux.

- Honteux !… Honteux !… hurlait encore plus fort le perroquet vert pomme sur l’épaule gauche que ces mots idiots amusaient.

- Pas dans l’oreille !… lui répétait le marchand d’oiseaux en lui chatouillant le dos avec son bout de mégot sec.

Aucun doute… C’était bien à eux trois un théâtre ambulant.

Disgraciée je l’étais au nom de la troublante énigme d’un regard qui ne sait pas qu’il voit en chacun la bête dispersant des pétales de sang au-dessus d’un monde en exil. En exil du jardin aux roses sauvages sans façon couchées sur mon corps nu frissonnant de chaleur.

Un monde de boîtes de soda roulant vers son abîme abîmant au passage le cycle des saisons polisson et volage. Boum ratata boum boum…

Oui… la bête et moi nous sommes entrées en disgrâce avec la même aisance printanière dans un jardin dont on n’attendait rien. Le corps à l’abandon que faire de tant d’amour alors sinon des roses multipliées par autant de mains de magiciens dormant dans les landes de pluie ?

 

Lorsque tu relèves la tête que tu as couchée lourde sur tes bras repliés tu entrouvres tes paupières au bout de mes doigts en fente de chat dorée. La buée qui monte rouquine du chocolat tend entre nous un voile qui ressemble au souffle paisible du renard assis devant son terrier au petit matin hésitant. Soit réglisse soit roudoudous rose cendre et framboise. Alors j’entre d’un pas d’oiseau qui ne pèse pas plus qu’un frisson de papier dans l’eau de tes pupilles où je rejoins à chaque fois un lit de nénuphars engloutis. Les nénuphars n’ont pas d’épines pour me griffer le visage. Les nénuphars sont tes rêves marins que tu m’offres pour me vêtir.

Car il n’est pas question que je monte nue sur la scène de notre théâtre dans le bistrot “ Au chien qui fume ”. Et même si nous sommes seuls le dimanche à cette heure d’ouverture et de sciure fraîche sous les tables comme deux enfants échappés d’une cour d’école maussade avec des billes jaune citron plein les poches tu as peur qu’ils me voient. Et que leurs regards se vautrent sur moi telles des ombres noires et me ramènent jusqu’à la porte du jardin.

S’ils m’habillent de leur pesanteur comment pourrai-je encore te parler du marchand d’oiseaux qui sautillait léger entre les tapis oranges et bleus où sommeillaient les dresseurs de chiens et les montreurs d’ours au bord du fleuve ?

C’est là qu’elle l’avait rencontré il y a très longtemps lorsqu’elle croyait encore que les fleurs carnivores ça peut manger les oiseaux vivants.

Au bord du fleuve il y avait les baraques peintes en rouge aussi qui s’écaillaient et où d’autres pages qu’elle qui ne se savaient pas au service d’un roi tout comme jadis les jongleurs au pied des tables du château n’étaient que de passage entre les murs si lourds de la ville.

            - Porter la traîne de la reine c’est un rôle séduisant tu ne penses pas ? Lui aurait certainement demandé le marchand d’oiseaux en ce temps-là.

- Séduisant !… Séduisant !… s’écrie le perroquet bleu turquoise sur l’épaule gauche en picorant les brins de tabac du mégot éventré.

- Ah non ! pas dans l’oreille… tu vas finir par me rendre sourd…

- Et comment s’appelle cette reine ?… Hi hi hi… interroge le marchand d’oiseaux assis juste à côté de moi.

- Absence… Elle s’appelait Absence et son lait délicieux m’a retiré la jouissance des autres goûts qui chatouillent le museau de la vie…

Mais ça n’est pas grave évidemment.

 

A suivre...

 

 

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