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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 23:40

Une enfance bohême d'écrivain ordinaire suite...

       Elle se rappelle de ce moment-là où elle voulait trop fort entrer dans le campement s’asseoir au milieu d’eux faire partie de la grande tribu venue d’ailleurs…
        Les seuls qui se tenaient debout c’était les hommes qui portaient le même béret noir que Sergio et qu’Antonin elle ne voyait que leur silhouette trapue et sombre car ils tournaient le dos au reste de la gare grouillant et agité comme s’ils montaient la garde sur quelque chose perdu là-bas au bout des rails qu’elle ne pouvait pas deviner…
        Cet endroit vague à l’autre bout très loin qui faisait partie de leur passé et qu’ils semblaient vouloir retenir à tout prix jusqu’à ce que soudain une autre voix qui surgissait de ce côté-ci le leur à l’extérieur du cercle une voix avec les accents rauques et graves comme celle de Sergio quand il parlait avec ses frangins espagnols un peu plus que trois mots alors… une voix les alpaguait les faisait sursauter se retourner d’un bloc leurs longues vestes de laine brune bondir direction de ceux qui arrivaient…
        C’était des gens de chez eux sûr vu comme ils se serraient dans les bras se tenaient fort au cœur du tohu-bohu de l’immense entrepôt et tout autour le campement frémissait bruissait s’ébrouait… il avait l’air de reprendre de la vie pareil à un voyageur enfin arrivé et qui va pouvoir retirer ses chaussures et boire le café très fort de l’accueil et de la bienvenue…
        - La bienvenue !… la bienvenue !… c’était ça qu’ils criaient avec des grands gestes des moulinets des manches qui dépassaient de leurs costumes de travailleurs d’ici les autres… ceux-là qui arrivaient déboulaient fonçaient de l’intérieur de la foule qui s’en fichait bien ils avaient gardé le béret c’était un signe qu’on ne pouvait pas leur enlever…
        A chaque fois qu’ils venaient dans ce coin de la gare avec Antonin et qu’elle retrouvait au même emplacement le campement qui attendait elle posait la même question et il lui répondait en serrant sa main pour l’emmener :
        - Pourquoi ils sont là ?… ils ont pas de maison ?…
       - Ce sont des gens du Sud chez eux c’est la misère alors ils viennent pour chercher du travail… donner une vie meilleure à leur famille…
        - Ils vont aller où pour trouver une maison ?
        - Dans les cabanes de la banlieue… les Portugais c’est à Champigny qu’ils crèchent… par là… c’est de l’autre côté…
        Il faisait une sorte de geste et elle regardait elle essayait d’imaginer où c’était … par là… elle y arrivait pas c’était trop loin sans doute… mais juste à côté de là où elle habitait y en avait plein des cabanes dans les terrains où les chiens aboyaient quand on passait contre le grillage et les bouts de tôle qui faisaient des sortes de barrières… elle aimait bien… un bidonville ça s’appelait… 

        Elle a sauté Hop ! Hop ! la motrice du TGV elle somnolait quand elle l’a dépassée la gare les escaliers roulants où les pigeons radinent les râfleurs de casse-croûte en haut vite fait elle traverse retrouve la rue avec les palmiers qui font les vigiles elle les connaît bien les maîtres du désert… Elle les a retrouvés partout où elle est allée paumer un peu d’la peau de ses pieds sur les trottoirs bitumes des villes maquillés de sable rose du Sud oh ! pas très loin… mais ils lui ont toujours donné leur force quand elle craquait de partout…
        Quand elle ramait dans les parages de Cordoue qu’elle avait percuté les centaines de piliers rouges blancs de la mosquée et ses mirages que ça lui faisait là-dedans… des caravanes de chameaux qui piétinaient le sable rose sous le chargement des plaques de marbre qu’il avait fallu pour construire ça… des milliers de chameaux au poil ocre roux et café crème épais rebroussé par les bourrasques de sel et sur leurs babines aussi et les grands touaregs enroulés capuchonnés leur cheich indigo et leur burnous à l’intérieur de la mosquée vous croyez pas ?…
        Que je vous largue avec tous ces détours c’est ce que vous vous dites probable mais non… C’est qu’à chacune de ses sorties forcées direction Montpellier et sa bande de palmiers elle se voit au dessous du porche phénomène la hauteur d’un éléphant d’Afrique pas moins de la mosquée de Cordoue et elle bondit dehors de la gare et c’est pareil que la fois d’avant… La rue qui monte de la gare tout le monde la repère celle qui va d’une foulée débouche sur la Place de la Comédie et ses bistrots luxe pour les gens qui pompent la bohême des gamins au bord des caniveaux avec leurs chiens mais c’est rien que de la mauvaise imitation…
        La rue elle la voit du parvis même elle lui grimpe au fond des mirettes et ce qu’elle croit sûr c’est que quand elle n’la verra plus avec ses délires mirlitons ça sera total bouclé la bonne aventure… La rue alors que je vous la décrive… C’est une avenue plus large que si on mettait plusieurs dizaines d’éléphants de front avec leur équipages et le sol il époustoufle alentour de ses dalles marbre ivoire frottées que ça reluit comme des draps qui sont des nappes de soleil… un damier rutilant qu’éblouit de ses blocs d’ambre qu’ont l’air obscurs appuyés aux blancs des coupoles et des palais… C’t’une rue pour des princes des palais orientaux que les maîtres palmiers gardent de chaque bord normal mais non !…
         Y’a pas de palmiers du tout vous rêvez vous autres !… C’qu’y a ce sont des colonnes des rouges et des blancs emmêlés comme des chandelles de pierre figées coulées là des chevalières immobiles qui ont rejoint la toiture des bleus marins tellement indécents que les ciels d’ici vous dénudent au premier regard venu pour le plaisir c’est tout… Les colonnes elles sont là j’vous jure que je n’vous emberlificote pas d’histoires… Elles font qu’un avec le streaptise des bleus de la voûte ses dessous de soie qu’elle lui balance c’est dingue !… C’est à c’moment-là qu’elle se réveille pour de bon et qu’elle se me décide avec le sac à dos où y a son matériel d’écriture son bouquin de Bukowski qui n’la quitte pas et ses fringues bouchonnées à remonter en plein milieu malgré les véhicules à moteur qui se sont gourés d’époque sur ses sandales de brousse la rue dallée de marbre que le sable rose barbouille…

        La chaleur du Sud aussitôt elle lui colle mais c’est bon et ça lui donne encore plus le goût des mirages sur la langue le sel qui se glisse et elle lèche ses lèvres desséchées en faisant frotter les semelles des sandales sur le sol qui crisse… la sueur à l’intérieur de la chemise dans le dos lui dit qu’elle est arrivée et malgré tout le reste elle sent la joie de Cordoue qui la mord et lui refile sa folie…     
        Au troisième coup de langue sur ses lèvres salées comme d’océan la salive s’évapore plus vite l’air chaud épais lui plaque son cheich sur la bouche et elle visionne dans un éclair la petite figure du greffier Oncle Ho qui attend qu’elle radine le soir en haut de l’escalier le bout de sa baveuse coincé entre ses deux canines de félin dans sa posture de Sphinx des banlieues comique et vorace…
        Elle a sauté Hop ! Hop !… bondi en avant sans s’arrêter pas une petite pause sinon elle savait c’qui l’attendait du côté des jeunes assis au pied de la fontaine qui les postillonnait de rosée avec leurs chiens rigolos qui cherchaient tous à s’arracher les muselières et elle s’est dit que c’est pas aux chiens qu’il faudrait les mettre… Elle a traversé la place dans l’angle à gauche pour attraper une ruelle tordue parmi les plus moches mais où ça commence à sentir bon dès le début les odeurs moites de la boulange qui mènent un combat de catch jusqu’au bout avec des relents de pisse et des frissons de menthe qui pousse sur les fenêtres…
        Elle a acheté cinq petits pains au lait dans la même boutique depuis des années son parcours familier du centre ville pour tenir toute la séance de grignotage de ses p’tits sémaphores dans sa tête qui lui servent pour son écriture… ce qui l’attend ces réunions à en plus finir que les filles de la revue où elle est correctrice lui font ingurgiter une fois par mois c’est pire… tous ces bouts de son temps à suivre les caravanes de chameaux et d’éléphants qu’on va lui voler parole de lézard !…
        En engloutissant le premier petit pain elle a encore la vision flash d’Oncle Ho vautré sur le paillasson guetteur placide des heures qui passent au moins une bonne raison pour qu’elle revienne… avec les trains c’est toujours la question… mais Oncle Ho et la mosquée de Cordoue cette aventure verticale comme la lumière violette qui tombe sur eux de la coupole percée d’alvéoles de nacre… je vous raconterai… Ouais y a pas… faut vraiment qu’elle revienne… Hop ! Hop !…
A suivre...                    
           

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