Voyage à Meudon
Jeudi, 22 mai 2008
Après avoir publié un article récent intitulé Louis-Ferdinand Céline “ Au début était l’émotion ” sur le blog d’une amie bibliothécaire qui me prête fraternellement une page pour faire découvrir mes obsessions d’écriture à ses lectrices et lecteurs et là s’agissant de Céline je n’ai fait que raconter quelques-unes de mes rencontres avec Ferdine évidemment voir si ça vous dit à l’adresse de ce blog ami : www.quichottine.over‑blog.com ... et comme j’ai cru remarquer que ça vous a plutôt plu alors j’ai eu l’idée de vous faire partager en images et extraits de textes écrits par d’autres passionnés notre “ Voyage à Meudon ” à Louis et à moi…
Le croisement vers le cimetière
Si vous êtes des habitués du blog de nos Cahiers des Diables bleus vous avez pu déjà lire un récit qui portait ce même titre et qui improvisait à partir de nos deux premières ballades dans ce coin de la banlieue Sud-Ouest qui nous est très étrangère normal nous on est du Nord-Est du 9-3 comme vous savez alors Meudon… vrai y a trois ans je n’savais même pas où c’était et l’ami Louis pas plus que moi ! Et c’est encore par notre passion partagée des bouquins et de Céline qu’on a reniflé sur le tard que quand même y avait des coïncidences poétiques extras dans notre histoire avec
Ferdine et qu’il fallait qu’on se rende sur les lieux…
“ Juillet 1951. Quand Céline rentre en France, il a 57 ans. Physiquement il en paraît vingt de plus. C’est un homme malade, vieilli, prématurément usé, plus solitaire et associal que jamais, qui retrouve son pays. ( … )
Céline, l’écrivain le plus haï de France, rentre chez lui en homme libre. ( … )
Céline n’aspire plus qu’à deux choses : écrire, et qu’on lui foute la paix. ( … )
Quand Céline pose le pied en France, il lui reste très exactement dix ans à vivre, avant d’entamer son dernier voyage. ”
( Extrait de la Préface de François Gibault in Céline à Meudon Images intimes, 1951-1961 David Alliot)
Gare de Meudon-Val-Fleury où on est descendus direction le cimetière des Longs Réages
Comme vous savez j’aime bien vous faire voyager au gré des p’tits recoins de nos banlieues et là c’était l’occase magique de sortir de notre 9-3 et d’aller à l’aventure avec projet réel et grave pour nous les enfants d’la zone qui avons une tendresse forcenée pour le Docteur Destouches vous savez pourquoi maintenant si vous avez lu un peu l’article et encore plus vu que comme lui par les hasards des interventions des p’tites sorcières on est des amants de l’océan et de la ville aux remparts corsaires de Saint-Malo où on ramasse chaque été des galets ronds et doux qu’on va déposer sur la tombe de Céline au cimetière des Longs Réages à Meudon…
Déposer les p'tits cailloux sur la tombe de Céline pour moi c'est trop émouvant !
“ Le 4 juillet au matin, Céline est inhumé dans un caveau provisoire au cimetière de Meudon. Une trentaine de personnes sont
présentes. ( … )
L’inhumation a lieu au mois d’octobre 1961. Une poignée d’intimes, dont Arletty, sa ‘ payse ’, l’accompagne pour son ultime voyage :
Un des matous nous a suivis et il réclame des caresses tout en préparanr les griffes...
‘ A l’inhumation définitive, un chat roux s’installe près du cercueil pendant la cérémonie ; un jeune enfant arrose des fleurs près d’une tombe voisine, un houx poussait à côté. Ce qu’il eût souhaité. L’enfant, l’animal, l’arbuste. Je jette sur sa tombe un peu de terre de Courbevoie. ” ( Arletty, La Défense, Paris, La Table Ronde, 1971 )
La tombe de Céline avec tous les cailloux en 2007
Notre première expédition date de l’été 2005 où on a eu un mal terrible à dénicher la tombe toute simple sous sa pierre de granit gris de Céline et comme on avait pas encore eut vent du livre excellent que je vous conseille de mettre dans votre bibliothèque vous n’regretterez pas si vous êtes sensibles à la beauté austère et sans fioritures des photos s’agit de de Céline à Meudon Images intimes, 1951-1961 préfacé par François Gibault aux Ed.Ramsay, 2006.
Je lui ai piqué des extraits qui vous diront mieux que moi ce qu’y a à savoir sur les dix dernières années de l’existence de Céline à Meudon… donc comme on avait pas tellement de documents pour se rencarder on n’a pas osé aller fouiner de trop près dans les petites ruelles du vieux Meudon qui restent et on est redescendus sans avoir vu la maison de Céline en se jurant de revenir…
Le bateau gravé avec en-dessous l'épitaphe : Louis-Ferdinand Céline Docteur L-F Destouches 1894-1961
“ En 1951, après avoir beaucoup bourlingué sur des mers souvent démontées, Ferdinand, le vieux navigateur, a trouvé un havre aux portes de Paris, dans cette banlieue où il est né et pour laquelle il a toujours éprouvé une sorte de fascination, ‘ paillasson devant la ville…/… abrutie d’usines, gavée d’épandages, dépecée, en loques…/… banlieue de hargne toujours vaguement mijotante d’une espèce de révolution que personne ne pousse ni n’achève, malade à mourir toujours et ne mourant pas. ” ( Préface de Bezons à travers les âges Albert Serouille, Efd.Denoël, 1944, in Préface de François Gibault
La rue menant au cimetière
Le cimetière des Longs Réages sur les hauts de Meudon on y est arrivés un peu au pif après de longs détours par les petites rues uniquement bourrées de villas et de maison plus simples de cette ville qu’on n’connaît pas du tout à partir de la gare de Meudon vu que toutes ces promenades banlieue on les fait avec nos pieds et les transports comme on a pas d’auto c’est bien plus sympath pour les photos…
Moi j’ai un bon coup d’œil et j’ai trouvé sans trop galérer le chemin qu’on avait cherché sur le plan et la longue rue toute droite dans laquelle y a le Sentier du Cimetière où une bande de matous guettait mine de rien son dîner et ils se sont tous carapatés sauf deux sûr que ces deux-là ils auraient plu à Céline hargneux et vociférant sous les chatouilles !
Le Sentier du Cimetière et ses chats
La galère que ça a été pour trouver sa tombe la première fois on a arpenté tout le cimetière d’un bout l’autre vu qu’y avait aucune indication pas de gardien et pas de panneau à l’entrée...
La tombe de Céline la première fois qu'on l'a découverte en 2005 après avoir cherché dans tout le cimetière
Céline il est là incognito et probable qu’il s’en fout ceux qui doivent savoir savent et ça nous évite les méchants cons… Sous un cagnard d’enfer on a erré comme des malheureux jusqu’à ce que p’tit Louis trouve enfin l’emplacement avec la pierre toute simple de Bretagne et le navire gravé et on s’est serré la main comme deux enfants parc’que c’était trop...
L'entrée du cimetière des Londs Réages
L’été 2006 c’est celui où on a pris les photos la plupart que vous verrez là et les autres je vous les mettrai dans un album avec les images de notre banlieue copine on s’est bien mieux débrouillés...
Pas de gardien dans le cimetière mais une tribu d'arrosoirs en revanche !
mais comme notre point de repère unique c’était le cimetière on est partis à nouveau de la Gare de Meudon Val-Fleury pour se rendre d’abord aux Longs Réages et puis on est redescendus jusqu’à la Route des Gardes et là on a trouvé grâce aux indications de Céline dans D’un château l’autre où il raconte qu’il descend à la nuit soigner sa vieille patiente au bord de la Seine par le sentier des Bœufs… on a trouvé le petit chemin qui monte direction…
Le petit chemin qui monte vers les quatre maisons de la Route des Gardes
“ La villa Maïtou était située à peu près à mi-chemin entre le haut et le bas Meudon et, si ce n’était pas une maison très confortable, ce n’était pas un taudis. Céline, toujours si prompt à se plaindre et à la démesure, en convenait :
‘ Elle est pas tellement croulante bien qu’âgée de 150 ans. Mais il faudrait 4 domestiques. Et nous deux Lucette sommes des laquais jardiniers et professeurs et écrivains et médecins et contribuables et crèves la faim. Ça se passe à flanc de coteau de Meudon 4 maisons semblables bâties en même temps que celle de Bassano, secrétaire de Napoléon, jouxte – La vue de tout Paris de la tour Eiffel, du Mont Valérien, de Montmartre et des quais de la Seine et des usines Renault – très bonne guitoune avec 500 sacs de frais d’entretien par an ! alors ! on crèvera Lucette et moi ici, de surmenage et de vieillerie. ” ( Lettre à Robert le Vigan, 27 octobre 1951 in Préface de François Gibault )
La Route des Gardes vers la maison de Céline La Villa Maïtou
Et si vous voulez la suite vous l'aurez demain !