Petite suite en blues majeur
Epinay, samedi, 19 avril 2008Ce qu’il y a
Ce qu’il y a c’est une grande aile d’oiseau
Qui frappe à la fenêtre du monde
Qui demande à entrer qui demande à sortir
Sortir de la maison de paille têtue
Entrer dans la citadelle de sable
Où brillent encore des excréments d’étoiles
Sortir de la fabrique d’hommes perdus
Sur l’île des tortues on prépare la suite
Des jarres de mil des cases de roseaux
Feu vert les lucioles ! Sortir des puits d’aveugles
Ce qu’il y a
Ce qu’il y a c’est qu’il n’y a pas d’avenir
Par ici On se paie la tête des tortues
Sauf des pâtes qui bouillent un vague destin
Dans une casserole d’océan
Au foyer on fait cuisine cause commune
Safran rouge safran jaune peuple arc-en-ciel
Qui partage des calebasses de foutou
Entrer dans la ronde du monde pamplemousse
Coupé en deux par l’odeur verticale
Café noir peaux nègres au petit matin
Givrées de sueur sèche Ce qu’il y a
Ce qu’il y a
C’est la chaleur des fours plaques de plâtre nues
Bâtissant les demeures des voleurs de miel
Chasseurs d’esclaves et de tortues marines
Sur l’île c’est le bâton de pluie qu’on secoue
L’eau qui court sait entrer et sortir entière
Citadelle de cendres la vie fait mal
Ce qu’il y a c’est que l’avenir bout hissant
Sa goualante en haut des friches de dunes
Et l’océan qui déborde des casseroles
Pour se blottir au creux des mains ouvrières
Sale leurs coupures d’aubes grenadines
Ce qu’il y a
Ce qu’il y a c’est la gueule voix lactée
Des travailleurs blacks quand les salamandres rousses
Dansent dans la night sa chevelure crépue
Les prend comme lorsqu’ils étaient petits enfants
Ils regardent à la fenêtre du monde
Pamplemousse demain coupé en deux
Et la suite est une demeure chimère
Feu rouge les lucioles ! Elles agitent
De petites lanternes de papier malignes
Elles jouent à changer les langes des étoiles
Contre un string tissé par les vers à soie
Du textile Encore des travailleurs nègres
La lune veille au-dessus de l’île aux tortues
Ce qu’il y a
Ce qu’il y a c’est qu’ils sont âmes volcans
La lave d’or ruisselle sur leur corps lucioles
Que n’essuiera aucun manteau d’hiver
Ils demandent à boire du lait froid
Des chèvres sacrées qu’on ne trait plus Les heures
Vont par deux au feu et par trois faire des rondes
Repérer les terriers d’hommes aux champs de neige
Qui meurent dans les cocons des chenilles rouges
Pour devenir papillons ils hantent l’histoire
Des citadelles de goudron qui fument
Où les usines poussent des cris lancinants
Ce qu’il y a
Ce qu’il y a c’est la peau bleue des Négros
Mise à sécher à la fenêtre du monde
Grande lessive savane pourpre couleur
Qui claque clameur des souffrances humaines
Vendue pour rien aux fabriques de placo
Et de choses qui enchantent les décharges
Poubelles ardentes que les mains des nains
Tamisent Ce qu’il y a ce sont les tortues
Marines revenant à la maison de dunes
Donner vie aux fils de la lune escale pleine
Ce qu’il y a
Ce qu’il y a c’est leur naissance nocturne
Même l’océan n’efface pas la trace
Tampon blanc sur leur dos noirs si larges ils nagent
Au hasard dans les filets des maquereaux
Sont pris qui manigancent cadences folies
Boréales au brasier leur cuir cuit deux heures
Ce qu’il y a c’est que personne ne tient
Plus longtemps Au foyer la cause commune
Les pâtes l’avenir du monde ont refroidi
Le pamplemousse coupé en deux attend
Deux heures et la grande aile d’oiseau
S’envole elle aussi elle fait les trois huit
Deux heures et la houle du cœur océan
Les ensommeille un peu mais demain ils se cassent
Ce qu’il y a c’est qu’ils rentrent juste à temps
Sur l’île aux tortues Ce qu’il y a feu vert
Les lucioles ! Les fours sont chauds Ce qu'il y a
C’est à vous de prendre la suite maintenant.