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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

3 mars 2008 1 03 /03 /mars /2008 12:38
                        Petites chroniques d'une cité de banlieue
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Mardi, 26 février 2008  De là d’où je vous cause…

 

Bon… vous allez vous dire que je ne travaille pas à mes petites chroniques de notre cité de banlieue sérieusement et que ça fait plus d’un mois que j’n’ai pas écrit la suite de nos histoires que vous avez l’air de bien kiffer car j’ai vu que cette rubrique-là vous la cherchez souvent dans les pages de nos Cahiers des Diables bleus ou dans celles de notre blog… sûr c’est vrai qu’ça fait plus d’un mois et que des choses il s’en passe rue de Marseille et dans toutes les rues de la cité d’Orgemont d’un bout à l’autre de Macadam black… C’est clair qu’j’ai pas d’excuses et pourtant si… Faut vous dire qu’j’ai marné comme jamais sur le début des aventures de notre Ratkail le p’tit personnage qui s’est pointé juste au moment où les deux gamins se sont faits démolir à Villiers-le-Bel j’étais dedans mon récit à donf c’t’à-dire que j’l’avais réécris pas moins de dix fois à cause de la langue qui n’passait pas…

 Ouais… vous allez m’dire qu’c’est pas une excuse… mais là j’vous arrête parce que quand on écrit justement et qu’on veut l’faire sans la ramener pour les gens qu’on voit tous les jours en allant acheter le pain chez l’boulanger marocain ou ceux qu’on croise au super marché voleur et dans les transports… notre 154 notre autobus des brousses vous savez ?… on a pas l’droit d’écrire des machins qui sont bricolés littéraires et compagnie pour faire chicos et qui ne s’enroulent pas à l’intérieur de la vie des gens et de toutes les sortes de langages qu’ils bricolent inventent maginent avec la musique terrible et sorcière des quantités d’paysages d’où ils sont venus et qu’ils ont trimballés avec eux sur le bout d’la langue…

Ça non on n’peut pas… alors Ratkail lui il tombait pile poil au fond d’la marmite poisson riz épices et compagnie qu’on touille et retouille dans notre block les escaliers en sont sacrément parfumés d’cette chanson et je lui avais laissé m’raconter la nuit assise à la table près d’la fenêtre au-dessus des grands arbres j’vous en cause souvent ils me font rêver et les jeun’s en bas dans le cercle des palabres je les écoute et tout ça fait ensemble le langage qu’y a dans mes petites chroniques… Son histoire à Ratkail c’était celle d’un gamin d’la cité et elle était drôle et légère et insouciante et terrible comme ça s’fait quand t’as 15 piges et qu’tu retrouves tes poteaux sur le trottoir d’la tess’ et qu’on s’fabrique l’existence pas celle des vieux la nôtre cousin la nôtre !…
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Ouais mais ça n’s’est pas déroulé du tout com’ac alors là faut toujours que les keufs ils s’arrangent pour nous ramener une salade pas fraîche un dimanche en plus ils l’ont mijotée leur affaire et les deux p’tits frangins qui sont morts dans cette plaisanterie-là ils avaient pas demandé qu’on leur vole leur vie qu’on leur rapte la lumière le soleil les coquelicots des terrains vagues les filles avec leurs yeux absinthe et la fête… Sûr qu’dans toutes les cités d’la banlieue on avait la rage vu que des p’tits qui font la course avec des motos dans toutes les rues de toutes les tess’ y’en a plein dans la notre aussi et alors on dirait que les grands donneurs de leçon ont jamais joué à se faire peur ils ont jamais joué à rien ils ont jamais joué !… Même mômes c’était des vieillards mais pas nous autres… à l’époque on avait que des mobs un peu pourraves des bleues qu’on trafiquait formidables on les kittait pour qu’elles fassent un tintamarre de casseroles l’épouvante des bourges quoi !…

Et on roulait avec comme des oufs de mômes des banlieues qu’on était et on s’éclatait bien alors !… Pas la peine de nous la ramener sur la délinquance des p’tits aujourd’hui et qu’ils sont fils d’immigrés et qu’ils écoutent pas et qu’ils sont pire que jamais… Alors là j’vous assure que nous autres on est pas des fils d’immigrés mais des enfants d’ouvriers tout c’qu’y a d’plus gaulois et qu’à c’moment de notre géniale jeunesse on a joué comme des diables avec les mobs les vespas les bécanes que tous les gamins des cités et leurs rodéos c’est rien à côté de nos délires d’alors !… Et comme je vous l’disais y a quelques chroniques de ça j’en connais des fils de la banlieue bien rangée celle du Raincy Montfermeil Aulnay-sous-Bois Les Pavillons etc… des enfants de bons citoyens à l’aise et normaux adaptés qui ont fauché des bécanes et se sont envolés avec alors les donneurs de leçon Hop !…

Pour vous dire que tous mes poteaux et moi aussi on s’était fait coursiers dans c’temps-là les boîtes de course à course ça fleurissait pareil que les boîtes d’intérim et on gagnait cent fois ce qu’un p’tit va se faire dans un Macdo crasse et on était libres comme le vent du printemps et on fonçait zig-zag entre les caisses d’un bout l’autre de la banlieue c’était d’enfer bon !… La période dont j’vous cause c’est celle où le circuit Carol il n’existait pas tu parles… C’était à Rungis que les poteaux qui avaient une bécane allaient défouler leur rage de n’pas pouvoir s’tirer direction les espaces qu’on avait tous matés dans des films comme Easy Rider et j’peux vous dire que nous aussi on allait jusqu’au bout d’la mort…

J’me souviens du copain avec qui on a grandi dans notre escalier qui s’est morflé sur cette piste à pavés trop lisses et à bidules béton n’import’naouac… J’peux vous dire son prénom j’lai pas oublié… il s’appelait Mario… Mario il est jamais revenu de Rungis et il a emporté un bout d’notre enfance avec lui… Tout ça pour vous expliquer que c’qui se trame maintenant à l’intérieur des cités d’banlieue c’est la même qu’alors et que l’ennui et l’manque d’idéal se sont pas améliorés pour trois sous et que les gamins ont le même désir de vivre formidable qu’on avait… La mort ça fait partie du jeu quoi et pour traverser ça faut qu’les autres nous on leur en donne envie me semblerait…
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Ratkail du coup il s’est fait embarquer dans la riposte des keumés et des jeunes de Villiers-le-Bel et son histoire elle était un peu moins ouistiti dans les grands arbres d’la cité… son histoire j’l’écrivais aussi pour les deux p’tits et pour Mario mais je n’voulais pas qu’elle soit triste vu que dans nos banlieues si on n’garde pas la vitale présence et la rigolade on n’s’en tire pas… Mais quand même parmi les frangins qu’ont trinqué ric-rac aux tribunal des flags… y en a eu un qui m’a trop fait râler pas possible… vous savez je vous en ai déjà parlé le p’tit qui a ramassé des paquets d’bonbons tirés dans une boutique et qu’a pris comme ça 3 mois pour le plaisir… Joyeux Noël !…

Alors là ça y’était c’était lui le héros d’mon histoire parc’que de faire trois mois de zonzon pour avoir tiré des bonbons c’est un truc que tu n’peux pas imaginer quand tu as un peu plus de 50 balais et que t’as connu des temps où on était emmenés aux flags pour avoir réussi un casse sévère mais des bonbons !… On avait bien raison dans nos seventies de se battre pour l’insoumission totale et civile aussi contre le service militaire… Y’a pas que l’armée qui aligne des déserteurs de 18 piges et qui les descend pan pan pan pan pan !… Bon mais là j’vous perds avec mes détours et ce qui m’a fait prendre mon stylo cette nuit pour vous causer c’est que le début de l’histoire de Ratkail heureusement que j’l’ai bouclé sinon j’aurais encore tout à refaire !…

La suite de c’qui s’est passé à Villiers-le-Bel vous la connaissez comme moi et c’est là que dans nos cités de banlieue y faut qu’on s’laisse pas aller à des trucs qui nous démolissent et qui sont pas regardables… Proposer du fric à des gens des cités à des gens… pour qu’ils balancent les autres y’a pas besoin de regarder au-delà c’est la pire des choses qui peut nous tomber dessus à nous qui vivons ensemble nombreux et dans notre territoire qui est pas exactement c’que les keufs et les bouffons qui n’connaissent pas en pensent et en voient… Le mot territoire à moi il m’a toujours bien causé avant que j’le trouve dans les mots du philosophe rebelle Deleuze vu que quand on est né dans une cité d’banlieue on sait très bien c’que ça veut dire « notre territoire »…

Quand ils ont entassé nos darons et nos anciens là-dedans par centaines en s’disant vite fait que c’était pas important le lieu où tous ces gens allaient vivre s’aimer avoir des enfants et vieillir ils ont rien réfléchi et ils ont pas écouté ni entendu personne… Ils croyaient rien ils s’en moquaient bien de la vie qu’ils auraient nos vieux… et si le mot de territoire c’t’un mot qui va bien avec les animaux c’est aussi un mot qu’est proche des artistes et des créateurs pour vous dire qu’c’est un mot très beau qui nous parfume la peau et nous donne de sa dignité et ouais !…
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         La tess’ d’Orgemont c’est notre territoire d’enchantements de révoltes de colères d’utopies et de vie quotidienne douce et brutale c’est tout ça comme celle de La Cerisaie c’est celle des gens de Villiers-le-Bel qui y crèchent vu que ce sont des espaces où on des des centaines et plus à devoir apprendre à vivre ensemble sur très très peu d’place je vous l’dis… essayez donc pour voir vous autres et vous comprendrez ce que c’est qu’un territoire et comment c’est précieux et pas simple de l’partager…

Bon… je vous développerai l’affaire dans le prochaine petite chronique avec des exemples de notre existence au quotidien mais là c’que voulais nous dire à tous c’est que dans nos territoires même si on rentre et on sort comme on veut vu qu’on est reliés au monde malgré tout c’qu’on raconte dehors à ce sujet on doit continuer de préserver nos rapports de voisins de frangins de bonne entente et tout ça qui n’concerne que nous vu que ceux qui refilent des idées vraiment dégeulasses de délation ne seront jamais parmi nous et qu’il n’ont pas la moindre intuition de c’que c’est notre réalité sur le territoire de la tess’… Non… faut pas que la haine et la rage on la retourne contre nous comme on sait faire nous autres vu que balancer c’est juste ça pas plus !… Y’a rien aucun prétexte aucune idéologie aucune morale à deux balles qui peut justifier ce genre de truc et c’est par là qu’on deviendra étrangers à nous-mêmes et à notre respect de la dignité que nos vieux ont défendu avec leur peau à l’époque où la banlieue était de la trop chouette couleur rouge des cerises de Mai… pigé frangins ?… 
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A suivre...    

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