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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

16 décembre 2005 5 16 /12 /décembre /2005 02:22
Une fille qui écrit sans papier
Suite
 
       Gare du Nord vous connaissez ?
 
      … Je voudrais vous entretenir ici de cette histoire dont le museau grogne en soufflant avec des vibrations de partout comme une grosse locomotive à vapeur…
 
      Gare du Nord vous connaissez ?
 
      Comment elle s’était enfoncée peu à peu Marion sa frimousse au rire de lin bleu et le chien Sentinelle à ses côtés le long du ballast qui se couvrait de sable fin ocre rouge ses pieds que les godasses drôlement usées du temps où elle créchait chez ses vieux ne protégeaient pas à l’intérieur de la tiédeur épaisse et légère qui se refermait sur ses chevilles pareil à un bracelet de danse elle aurait été bien incapable de s’en souvenir pour le raconter à la fille journaliste.
      Ouais… pour sûr qu’elle n’ savait pas comment cette féerie avait démarré vu qu’au début les premières nuits elle n’ l’avait pas remarqué tout ce sable qui formait même par endroits des dunes géantes quand l’aube se pointait comme une gazelle dans un crissement rouge qui ressemblait à l’herbe sèche de la savane froissée et qu’elle n’ pouvait pas les gravir vu qu’elle était trop fatiguée d’avoir tel’ment marché et le chien Sentinelle aussi.
 
      Imaginez… Imaginez ce sable et ces grosses mamelles moelleuses qui s’étiraient du côté d’ la banlieue là-bas où personne ne s’ promène à cette heure… Et l’envie qu’elle avait Marion d’ savoir c’ qui s’ passerait si elle pénétrait pour de bon là où la peur de se perdre lui avait interdit jusqu’ici…
      Faut dire qu’ ça ressemblait drôl’ ment à l’endroit où ils croupissaient ses vieux et où elle était morte d’ennui toute son enfance avant que l’ chien Sentinelle il vienne lui tenir compagnie sur le strapontin et qu’ils s’en aillent de là pour finir… pfuitt… pfuitt… Imaginez…
      C’était déjà un autre monde que c’ ui du jour qu’elle avait rencontré alors depuis qu’elle s’était mise à suivre les rails d’acier bleu-gris givrés Marion et ça s’était fait com’ ça sous ses pieds qui marchaient sur quelqu’ chose com’ le ventre d’une bête… un’ bête de nuit p’ t’ être bien…
 
      Ouais… c’ t’ait un autr’ monde et elle avait trouvé d’abord sur ce ch’ min‑là l’ veilleur des entrepôts qui lui avait parlé gentil et puis ce grand Black de Banou et ses bombes dans l’ sac à dos… Au fond maint’ nant c’était ça la vie d’ Marion et du chien Sentinelle et pas autr’ chose… Alors le sable… les dunes au bout d’ la nuit quand t’ es trop fatiguée et qu’ tes pieds y peuvent plus… Alors ça s’ rait la suite normal’ de l’histoire non ?…
 
      Gare du Nord vous connaissez ?
 
      Elle s’enfonçait Marion… ses vêtements si légers sur le dos… dans la neige carbonique de la nuit… Elle s’enfonçait de plus en plus loin du côté d’ la banlieue avec le chien Sentinelle sur ses talons et le museau rose fendu des rats qui les accompagne.
 
      Gare du Nord… Gare du Nord…
 
      Pour se rencontrer à nouveau avec Marion sous le halo rose-gris de la verrière quand la nuit d’hiver vient de retirer ses derniers sous-vêtements de soie rouge crissant comme l’herbe desséchée de la savane qui a pas bu depuis plusieurs mois ça a été le fait du hasard…
      Ouais… pour rencontrer son regard de lin bleu suivi par le chien Sentinelle Hop ! Hop ! bondissant jappant de joie parc’ qu’on a d’ l’amitié les uns pour les autres et qu’on rit devant le visage hargneux du type dans sa petite cambuse où l’odeur si bonne l’odeur café nous attire par force et des poignées de sucre que je jette au fond d’ la musette militaire ça a été un tour de magie que vous imaginez pas…
      C’était juste avant qu’il survienne le dernier train de nuit et ses voyageurs pressés lassés cassés qui descendent sur les quais d’ Macadam black comme s’ils sortaient pour de bon de leur histoire… Les voyageurs venus d’une citadelle claire-obscure qui secouent leurs godasses lourdes pour les décoller du goudron de Macadam black qui n’ veut rien savoir et cherche à les rendre captifs de sa nuit où seule la neige carbonique est blanche et douce à toucher.
      J’avais eu du retard au journal où je travaillais justement ce soir-là et c’était l’hiver déjà l’hiver avec des flocons gros comme des oiseaux en boule contre le froid qui s’étaient posés n’importe où malgré le début de Novembre et ils avaient recouvert le corps des clochards d’une carapace rigide de sucre glace.
      C’était un temps d’effroi qui s’approchait sur ses pieds insouciants et rapides mais on ne le savait pas encore… Un temps qui allait prendre l’enfance pour cible et lui planter ses dents de froidure dans le cou. Mais on ne le savait pas encore…
      Seuls peut-être les rats anthracite poil hirsute collé hérissé sur le dos petits yeux clignotant jaune et museau fendu gras rigolards s’étaient doutés de quelque chose vu qu’ils semblaient se mettre plutôt à l’abri à l’intérieur de leurs terriers d’acier sous le ballast et au fond des trous de Macadam city blues et les ordures et les sacs poubelles de plastique bleu débordant s’en ressentaient énormément.
 
      Gare du Nord vous connaissez ?
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